Chapitre 18

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La journée est passée rapidement, trop même. J'appréhende, tellement. Et si, comme moi avant, elle pensait que j'étais bizarre, et que c'était malsain...? Et si elle décidait de partir ? Oh non... tout mais pas ça... Je traine le pas sur le chemin du retour. Un nœud de plus en plus dérangeant se forme au creu de mon ventre, au fur et à mesure que je me rapproche de mon appartement. Je marque un temps avant de mettre mes clefs dans ma porte et d'entrer. Quand je me suis décidée à le faire, je ne la vois d'abord pas. Je me défais vite de mes chaussures et vais la chercher jusqu'à la chambre, toujours aussi inquiète, mais plus vraiment pour les mêmes raisons.

-Catra ? Crie-je en ne la trouvant toujours pas.

Je fais volte-face pour retourner dans le salon mais tombe nez-à-nez avec quelqu'un.

-Oui ? Demande-t-elle innocemment.

Je pousse un profond soupir, avant de l'attirer contre moi.

-J'ai eu si peur, déclare-je en la serrant le plus fort possible tandis qu'elle enroule ses bras autour de ma taille.

-J'étais juste au toilette, ricane-t-elle, je ne pensais pas courir de danger, surtout maintenant que tu m'as montré qu'on ne pouvait pas tomber dedans.

Je pousse un rire, un peu plus sereine, avant de m'écarter d'elle.

-Catra je... commence-je en prenant une profonde inspiration. J'ai quelque chose à te dire, avant de ne plus en avoir le courage.

-D'accord, je t'écoute, répond-elle avec un voile d'inquiétude dans le regard.

-Je... je sais pourquoi je n'arrive pas à te rendre ton corps.

Elle ne répond rien et se contente de me regarder pour me signaler qu'elle m'accorde toute son attention. Sous l'intensité que m'inflige ses yeux hétérochromes, je baisse un peu la tête.

-C'est parce que... pour y arriver, il faut que je le veuille, du plus profond de mon être, or j'en suis incapable, avoue-je.

-Pourquoi ? Lâche-t-elle en un soupir.

Je serre un peu les dents, en puisant au plus profond de mon cœur le courage de dire ses quelques mots, qui enflamment mon corps tout entier et qui me brûlent les lèvres depuis longtemps maintenant.

-Je t'aime, déclare-je en fermant les yeux, comme si j'attendais le revers de ma déclaration.

-Moi aussi Adora, je t'aime, répond-elle d'un ton innocent après un moment.

Je pousse un ricanement en réalisant qu'elle ne sait sans doute pas ce que ça veut réellement dire. Je m'écarte donc d'elle et passe une main sur mon visage, un brin exaspérée par son ignorance.

-C'est pas... c'est pas comme ça que je dis... je ne t'aime pas que parce que tu es mon amie et tout ça, m'efforce-je d'expliquer dans un effort surhumain.

-Je sais, réplique-t-elle, me faisant lui porter mon attention. Je t'aime, romantiquement.

J'écarquille les yeux, étonnée devant cette connaissance de sa part.

-Comment tu sais ça toi ? Demande-je avec un petit rire.

-La télé, avoue-t-elle en haussant nonchalamment les épaules.

-Évidemment...

-C'est très instructif en fin de compte, ricane-t-elle.

Je lève les yeux, vers elle, ébahie de son aisance... mais attendez... elle a dit quoi d'ailleurs ?

-Mais attends... t'as dit quoi ? M'étonne-je.

Elle pousse un rire.

-Qu'est-ce que tu peux être bête, dit-elle avant de poser une main sur ma joue. Moi aussi, je t'aime.

Je reste un moment incrédule et ne suis ramenée à la réalité que lorsque je sens ses lèvres se poser timidement sur les miennes. C'est aussi à la télé qu'elle a appris à faire ça ? Ayant toujours une de mes mains fermement ancrée sur sa hanche, je place l'autre à l'opposé de sa taille et l'attire contre moi pour intensifier ce baiser, premier de, je l'espère, une longue série. Quand nos lèvres se séparent après de nombreux échanges, je viens coller mon front au sien en fermant les yeux de bien-être. Je prends de longues inspirations pour calmer le tambourinement incessant dans ma poitrine, mais rien n'y fait. Mes lèvres s'étirent en un sourire sincère lorsque je la sens glisser ses doigts dans mes cheveux avant de caresser doucement ma nuque. Ça paraît trop beau pour être vrai. Comme pour me donner, malheureusement, raison, j'entends distinctement de violent coup être donnés à ma porte, brisant par la même occasion ce moment incroyable que je vivais avec Catra. C'est sans doute rien d'important, il repassera.

-Adora, c'est Flèchdor, ouvre nous, c'est important, informe une voix, par-delà l'ouverture.

Raté. Je m'éloigne à contre cœur de celle que j'aime et me dirige vers la porte après avoir confié un bref baiser à ses lèvres. J'ouvre donc la porte en arborant un air renfrogné et frustré.

-Tout va bien ? S'inquiète mon ami. Tu es toute rouge.

J'entends alors le rire moqueur de Catra s'élever de derrière moi tandis que je passe une main gênée sur mon visage.

-Tu es là pour quoi ? Demande-je agacée.

-On est là pour te mettre en garde, surgit Scintilla de derrière lui.

-Comment ça ? M'inquiète-je en ouvrant un peu plus la porte pour les laisser entrer.

Je découvre par la même occasion la présence d'Entrapta qui avait été étonnamment discrète jusqu'ici.

-Tu te souviens que je t'avais dit que la femme bizarre du bar m'évoquait quelque chose ? Commence celle-ci.

-Hum... oui je crois, pourquoi ? Tu te souviens où tu l'as vue ? Demande-je en refermant ma porte.

-Précisément ! Je cherchais mon capteur TOR pour mon nouveau robot et je suis tombé sur des magasines que je lisais quand j'avais quelque chose comme 6-7ans.

Elle tend alors vers moi quelques ouvrages traitant sur la science qu'elle avait dans les mains, je remarque immédiatement la femme sur la première de couverture. C'est Ténébra.

-C'est la que je l'avais vu. Elle a mené des recherches sur un moyen d'insérer à des humains, des gènes d'animaux pour leur donner certaines propriétés. Comme permettre à des personnes amputées de faire repousser leurs membres perdus, de donner la vision nocturne des chats ou encore la peau résistante des alligators. Elle disait avoir trouvé une catégorie de personne capable de faire le contraire, de transformer des animaux en humains.

-Toi, Adora, la coupe mon ami.

-C'est pour ça qu'elle connaissait autant de chose là dessus, remarque-je en regardant Catra qui suit silencieusement la conversation, appuyée sur un des murs de l'appartement.

Tes Yeux M'ont ChangéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant