Tes Yeux M'ont Changée

Chapitre 11

-Il en est hors de question, tu sais à peine tenir sur tes pieds alors si tu as raison, et que c'est en effet dangereux, tu me causeras plus de problèmes qu'autre chose ! M'offusque-je en levant les bras pour montrer l'absurdité de ce qu'elle dit.

-C'est faux ! Tu es juste de mauvaise foi ! Réplique-t-elle. Je sais très bien me défendre !

-Quoiqu'il en soit, tu n'as pas le choix ! C'est moi ta responsable donc tu feras ce que je dirais, répond-je fermement.

C'est seulement en voyant le regard noir qu'elle me lance que je remarque que je suis peut-être allée trop loin.

-Je ne suis pas ta propriété, annonce-t-elle d'un ton glacial avant de me tourner le dos.

-///Elle a raison Adora, surenchérit faiblement Scintilla à travers le combiné.

J'avais oublié qu'elle était là... je passe ma main sur mon visage en soupirant avant de rapprocher l'appareil de mon oreille.

-///Tu ne peux pas y aller toute seule, c'est beaucoup trop dangereux, si ce n'est pas elle qui t'accompagne ça sera un de nous. Sinon essaye déjà de demander à Entrapta si elle n'a pas vu qui a fait ça, elle a passé tout son temps à nous regarder.

-Bonne idée, remarque-je plus joyeusement, je vais faire ça !

-///D'accord, je te laisse alors, tiens moi au courant, déclare-t-elle.

Je me contente d'acquiescer avant de raccrocher. Je suis sensée faire quoi ? C'est vrai que ça peut être dangereux... mais justement, je ne veux pas qu'il puisse lui arriver quelque chose... je pousse un soupire et enfonce mon téléphone dans la poche de mon jean avant de sortir de la chambre pour entrer dans le salon, vide.  Où est Catra ?

-Catra ? Demande-je en m'avançant pour regarder dans toutes les pièces.

Pas de trace d'elle.

-Catra ? C'est vraiment pas drôle, continue-je.

Elle est où ? Elle n'a pas pu sortir, je l'aurais entendu. N'est-ce pas ? Je refais le tour de l'appart une seconde fois avant de me rendre à l'évidence, je suis seule. J'enfile rapidement mes chaussures et sors en trombe en claquant la porte derrière moi. Je descends les escaliers à toute allure et sors essoufflée du bâtiment, espérant qu'elle ne soit pas allée trop loin.

-Catra ?! Appelle-je en regardant à droite et à gauche.

Je ne la vois toujours pas, la rue est totalement déserte.

-Elle est passée où ? Râle-je avant de choisir un côté au hasard.

Je pars donc à sa recherche et l'appelle à en perdre haleine. Qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi je ruine toujours tout ? Pourquoi je finis constamment seule ? Je suis désolée mon chaton, je t'en pris, reviens, ne me laisse pas. Les minutes s'écoulent, j'arpente toujours les rues humides de cette ville qui me semble étrangère. Le ciel est gris et il pleut désormais des cordes. Je suis trempée. Mais il est hors de question que j'abandonne ! Je refuse de l'abandonner... Elle est peut-être en danger, quoiqu'il en soit elle ne peut pas rester dormir dehors ! Seule... comme moi... Là, tout de suite, la retrouver est devenu mon plus fort désir... je titube à bout de force à travers mainte et mainte ruelles pavées. La pluie rend les dalles qui recouvre le sol extrêmement glissantes, je trébuche plusieurs fois mais me redresse. Au bout de ce qu'il m'a semblé durer une éternité, j'ai la surprise de reconnaître ma rue, puis mon immeuble. La nuit est tombée et un vent glacial s'est levé, mordant d'abord mes joue puis rapidement le reste de mon corps. La pénombre rend le vieux bâtiment où je loge lugubre. À tel point que je me fige en voyant une silhouette me fixer, sous l'abri à côté de la porte. Un long frisson me parcourt alors l'échine. C'est peut-être juste un de mes voisins, pas de quoi avoir peur.

-Je ne te pensais pas si froussarde Adora, chuchote-je en passant ma main sur mon visage mouillé. Et dire que tu veux aller seule à se rendez-vous pour retrouver quelqu'un que tu ne connais pas dans un endroit prétendument hanté.

Prenant mon courage à deux mains, je m'avance prudemment vers mon immeuble, où la silhouette me fixe toujours, appuyée nonchalamment contre la façade. Drôle de posture pour quelque chose d'effrayant... je m'avance encore un peu plus avant de me stopper net. C'est une queue que je vois pendre derrière cette personne ? J'ai alors un regain d'énergie et continue de m'avancer vers mon chez-moi avec nettement plus d'entrain que jusqu'ici. Arrivée suffisamment proche de la propriétaire de cette silhouette qui me faisait si peur il n'y a pas si longtemps, je lui attrape le poignet et l'attire contre moi avant de la serrer dans mes bras.

-Enfin, tu es là, j'ai eu si peur, déclare-je dans un soupire en enfonçant un peu plus mon visage dans les cheveux secs de celle qui m'a tant manquée. Je suis si désolée Catra... pardon de t'avoir parlé comme ça.

-C'est bon, je te pardonne, si tu t'éloignes de moi, tu es trempée et tu empiète dangereusement sur mon espace vital, répond-elle avec un rire non dissimulé.

-Oui pardon, dis-je en m'éloignant d'elle avec un petit pincement au cœur. Tu étais passée où ? Je t'ai cherchée partout...

-J'étais juste assise là, déclare-t-elle avec un sourire en pointant son doigt vers le plafond.

-Vraiment ? Tu étais juste là ? Depuis le début ? Demande-je ébahie.

-Oui.

-Mais pourquoi tu m'as laissé te chercher pendant tout ce temps ?

-Parce que c'était drôle, annonce-t-elle avant d'exploser de rire.

-C'est pas sympa ! M'offusque-je avant d'éternuer.

-Oh... la petite princesse s'est enrhumée, se moque-t-elle avec un air faussement attendri.

-Je me vengerai, déclare-je avant de tirer la porte pour enfin rentrer au chaud.

-Tu sais autant que moi que tu ne le feras pas, réplique-t-elle sans quitter son sourire narquois.

Je me contente de lui lancer un regard noir, depuis quand elle me connait si bien ? Je sens qu'elle ne va pas hésiter pour me mener par le bout du nez. Et dire que je me suis faite un sang d'encre pour elle ! Alors qu'elle était sagement à l'abri à se payer ma tête... c'est tellement... mesquin ! Et en même temps c'est tellement ELLE. Aussitôt au chaud, je vais prendre une bonne douche chaude et revêtit des vêtements secs avant de composer le numéro d'Entrapta.