Chapitre 5

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Clarke croit qu'elle a trouvé la solution pour ne plus avoir le cœur brisé. Elle devrait arrêter d'avoir des attentes si grandes à propos de sa relation avec Bellamy. Rêver éveillée qu'il va un jour lui pardonner, comme elle lui a pardonné et qu'elle aura ainsi la possibilité de lui avouer qu'elle est amoureuse de lui depuis aussi longtemps que ses premiers souvenirs de lui remontent. Imaginer que c'est même peut-être lui qui confessera son amour pour elle, qu'il l'embrassera tendrement et qu'ils pourront enfin obtenir leur fin heureuse... Ce n'est pas la bonne façon d'avancer et Clarke en avait conscience, c'est vrai, mais elle le sait désormais, tandis qu'elle lit les prénoms griffonnés sur son carnet de bal sans trouver celui de Bellamy.

Elle doit apprendre à avancer petit à petit pour préserver son cœur. Lui prouver qu'elle veut faire mieux. Obtenir son pardon. N'être que son amie. Et s'il y a une chose que cette journée couronnée de succès lui a prouvé, c'est qu'il est encore possible de trouver le bonheur dans d'autres bras. Echo semble sur un petit nuage dès que le prénom de Hope est cité. Raven paraît sur le point de laisser une porte s'entrouvrir pour Gabriel, qui lui-même ne croyait pourtant plus pouvoir aimer après avoir laissé son cœur aux mains de Joséphine pendant des siècles. Même Doucette, après avoir vécu des décennies avec la conviction que l'amour égoïste et passionnel était un péché, semble prêt à tenter l'aventure, à en croire par les regards tendres et hésitants qu'il offre à la ronde. Ce n'est pas parce que le bonheur dans les bras de Bellamy est impossible, que Clarke ne peut pas être heureuse pour autant, n'est-ce pas ?

Alors, pourquoi lire cette liste de prénoms où le sien ne figure pas lui fait-il si mal ?

Clarke renifle bruyamment en reposant son carnet de bal à sa place, comme si le carton lui brûlait la peau. Cela lui apprendra, de vouloir vérifier si tout est prêt pour cette belle soirée et de laisser sa curiosité l'emporter. Là voilà en train de pleurer avant même qu'elle ne soit habillée et maquillée.

Lorsqu'elle arrive sous la tente qui abrite les vestiaires féminins, les lieux sont vides. La robe qu'elle a choisie avec l'aide de Madi et de Gaia l'attend sagement sur son cintre et elle l'enfile lentement. Étrangement, elle n'est plus pressée du tout à l'idée d'aller danser. Pas qu'elle ait jamais vibré de l'impatience qui avait animé la plupart des gens à l'annonce de ce bal, mais choisir cette robe et s'imaginer tournoyer et virevolter dans les bras de— Non. Elle ne peut pas laisser son esprit l'emporter dans cette direction. Elle doit arrêter d'avoir de telles pensées.

Elle prend son temps pour s'habiller et s'efforce de ne pas se sentir ridicule dans la tenue longue et vaporeuse qu'elle sait lui aller pourtant à la perfection. Elle lisse la tulle brodée en s'observant dans le miroir sur pied mis à disposition. Le tissu embrasse ses courbes tendrement, marquant sa taille, soulignant sa poitrine. Cette robe est le parfait mélange de sexy et glamour, sans oublier la pointe de romantisme apportée par la couleur rose poudrée du jupon. Une couleur qui relève son teint et semble faire ressortir les lignes de ses lèvres, le grain de beauté au-dessus de sa bouche, le saphir de ses yeux et même, comme par magie, les cheveux blonds qu'elle trouve d'ordinaire si ternes et sans intérêt et dont les boucles cascadent tendrement dans son dos et sur ses épaules dénudées. Puis, Clarke chausse à contrecœur les escarpins que Raven l'a presque obligée à choisir, lui interdisant de porter une telle tenue avec les ballerines plates et pratiques qu'elle affectionne lorsque le climat se réchauffe, ou pire, avec ses boots noires. Enfin, comme un ancrage sur son cœur, elle passe la chaîne qu'à faite forger Madi et qui retient l'alliance de son père, que sa mère ne quittait jamais.

Finalement, Clarke est prête, même si elle ne se sent pas prête.

Quelqu'un se racle la gorge dans son dos et dans le miroir face à elle, Clarke est heureuse de voir Raven avancer, plus ravissante que jamais dans sa robe longue rouge, les cheveux relevés en un chignon compliqué.

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