Chapitre 9

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Cette situation n'a pas à être bizarre. C'est ce que se répète Clarke pour la énième fois en cherchant dans les cartons entreposés des couvertures pouvant leur apporter un peu de confort pour la nuit.

"Je les ai trouvées."

La voix de Bellamy résonne de l'autre côté de la pièce, derrière une étagère et elle ne détecte rien dans son timbre qui ne serait pas normal.

Elle déteste ça.

Son ex-meilleur ami était plongé en elle, il y a moins de cinq minutes. Elle sent encore sur son corps les traces de ses baisers et de ses caresses. Sur ses cuisses, le mélange de leur liquide séminal n'est pas encore sec. Comment peut-il agir normalement alors que l'esprit de Clarke tourne en boucle sur ce genre de détails, l'amenant toujours plus proche de la folie ? Et surtout, comment rester calme et posé tout en sachant qu'ils allaient rester enfermés dans cette pièce ensemble toute la nuit ?

Lorsqu'elle le retrouve au centre de la pièce, il a déjà installé les couvertures au sol et est déjà en train de s'asseoir sur un des côtés de leur lit de fortune. Il ne la regarde pas en lui disant :

"J'ai aussi trouvé des vêtements, si tu veux te changer."

Clarke baisse les yeux sur les vestiges de sa robe et lève un sourcil.

"C'est vrai," réalise-t-elle.

Comme quoi Bellamy est quand même capable de reconnaître que quelque chose vient de se passer, puisqu'il se rappelle que ses vêtements sont dorénavant en lambeaux à cause de lui.

Le bas de jogging et le t-shirt sont simples. Le haut est noir, à manches longues. C'est d'ailleurs celui que porte Bellamy à cet instant, s'aperçoit Clarke en l'observant s'allonger sur le dos et soupirer longuement.

Ses doigts se referment sur le tissu avec colère devant la décontraction facile qu'il affiche. Le t-shirt heurte sa tête avant que le cerveau de Clarke ait donné l'ordre à sa main de le lancer à la figure de Bellamy.

"Ouch, c'est quoi ce —"

Il se redresse sur les coudes, mais s'interrompt quand la jeune femme approche de lui, se tient debout au pied de leur lit improvisé et se déshabille prestement.

"Clarke !" s'écrie-t-il, et la surprise est présente dans sa voix, mais elle peut aussi y détecter autre chose, comme une envie, un désir, une soif qu'elle veut provoquer pour ensuite l'assouvir.

La fermeture coincée de sa robe l'empêche de la faire tomber à ses chevilles, alors elle la passe au-dessus de sa tête. Malgré le froissement du tissu, elle entend clairement la brève inspiration que prend Bellamy devant cette vision. Lorsqu'elle laisse son vêtement tomber à côté d'elle et relève la tête vers lui, ses yeux sont sombres comme une nuit sans étoile. Le désir court subitement dans les veines de la jeune femme, pourtant satisfaite même pas une demi-heure auparavant.

Cependant, elle avait toujours su que ce serait ainsi, toujours deviné que céder à la tentation l'amènerait à en vouloir toujours davantage. Elle l'avait compris quand chacun de ses contacts mêmes les plus anodins laissait sa marque dans son corps et son esprit, le moindre effleurement, sa main saisissant la sienne, ou une embrassade, faisait crier tout son être « encore ». Et maintenant qu'elle y avait goûté une fois, qui était-elle pour y renoncer ?

C'est la lueur de désir dans son regard et son soudain silence qui lui donne le courage de dégrafer son soutien-gorge déjà bien abîmé et de l'ôter d'un mouvement fluide. Il rejoint la pile de vêtements au sol et voilà Clarke entièrement nue et vulnérable devant l'homme qu'elle aime. Le feu de ses prunelles sombres posées sur elle la dévore, mais il reste immobile et cela lui convient tout à fait. Sous la couverture qu'elle repousse d'un mouvement, il n'est qu'en boxer et en t-shirt. Ses yeux ne la quittent pas une seule seconde, la suivant lorsqu'elle vient au-dessus de lui, l'enjambe et s'assoit à califourchon sur sa taille. Clarke se penche et le rideau de ses cheveux obscurcit le monde autour d'eux tandis que ses lèvres rencontrent, douces et légères, celles de Bellamy. Le baiser est tendre, presque hésitant. Un contraste assourdissant avec la force et la passion de leur précédente étreinte. Contre ses fesses, l'érection de son compagnon grandit et durcit. Un mouvement du bassin de Clarke force un gémissement de sa part et soudain, c'est son corps entier qui revient à la vie. Ses mains, larges et puissantes, embrasent sa peau rendue fraîche par la froideur de la pièce et leur baiser s'approfondit.

Ne Parle PasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant