Bellamy ne devrait pas être surpris, d'ouvrir les yeux et de rencontrer immédiatement le bleu des prunelles de Clarke qui le regardait dormir. Après tout, ils ont couché ensemble deux fois hier, se sont dit des choses qu'ils n'avaient jamais dites à personne d'autre, se sont confié leurs corps et leurs esprits. Ils ont tenté aussi de garder leurs cœurs à l'abri derrière les murs des forteresses qu'ils avaient construit. Cependant, Bellamy sent que ceux-ci se sont effrités un peu plus à chaque rencontre de leurs bouches l'une contre l'autre.
Non, il ne le sent pas, il le sait. Il le sent battre dans sa poitrine, ce cœur, aussi vulnérable que celui de Clarke qu'il sent résonner contre sa peau tandis qu'ils sont allongés l'un contre l'autre.
Le silence les berce avec la lumière du soleil levant qui rayonne doucement à travers les barreaux de la réserve et Bellamy aimerait figer le temps pour que cet instant dure toujours.
Un claquement métallique et une sonnerie sonore retentissent au moment où la porte blindée de la pièce où ils étaient prisonniers se déverrouille, signe que l'éclipse est maintenant terminée et que la vie normale peut reprendre son cours.
Mais quelle vie normale ? se demande Bellamy tout en voyant la question se refléter dans les prunelles de Clarke.
Leurs vies à tous les deux sont changées, désormais. Plus de retour en arrière, s'était-il promis au moment où Clarke ôtait sa ceinture et baissait la fermeture éclair de son pantalon. Pas de regrets, s'était-il juré à l'instant où son orgasme emportait le sien dans sa fougue. Aucun remords, s'était-il affirmé quand "je suis à toi" avait passé le seuil de ses lèvres avant même que son esprit puisse rattraper cette pensée sauvage et incontrôlable.
Bellamy ressentirait de la honte aux suçons et aux marques qui couvrent le cou de Clarke, si les mêmes traces ne couvraient pas sa propre gorge et son dos encore sensible. Si elles n'étaient pas la preuve physique de la passion qui les avait animés tous les deux, et transportés dans les bras l'un de l'autre, sans retenue, sans barrière, sans appréhension.
Clarke avait toujours été la seule et unique personne à qui il pouvait se livrer corps et âme.
C'est aussi elle qui parle en premier, sa raison l'emportant sur tout le reste.
"On devrait se lever. Les autres ne vont sans doute pas tarder à s'inquiéter."
C'est sans un mot qu'elle se détache de lui et se lève, couverte de l'une des couvertures trouvées la veille, protégeant son corps nu de son regard. Comme s'il n'avait pas touché, caressé et embrassé chaque parcelle de ce dernier seulement quelques heures auparavant. Comme si ce corps n'était pas pressé contre le sien une seconde plus tôt.
Clarke se tourne pour s'habiller et il tâtonne pour trouver son boxer. Il l'enfile sans même se lever tout en l'observant elle-même revêtir le pantalon de jogging et le t-shirt noir qu'il lui avait mis de côté hier. Elle lui tourne le dos lorsqu'elle se baisse pour saisir la robe de bal qu'elle portait la veille. Il n'a pas besoin de voir son visage pour imaginer la moue désapprobatrice qui s'affiche sur son visage à la vision du tissu déchiré. Il pourrait lui dire qu'il peut recoudre les dégâts. Il en a les capacités, le savoir et la patience. Il n'est pas le fils d'une couturière pour rien.
Mais il attend qu'elle s'exprime. Entre eux deux, c'était toujours elle qui avait fait le premier pas, dit le premier mot. Il n'imagine pas que cela puisse continuer autrement, pas quand il est terrifié d'avancer sur la voie qu'ils ont ouverte à deux hier. Pas quand ses ressentiments, bien qu'effacés, sont encore frais dans sa mémoire, blessure sur son cœur à peine encore refermée.
"Ne parle pas," lui avait-il demandé hier, alors que chaque danse les rapprochait encore un peu plus. "Ne parle pas," avait-il pensé au moment où il avait écrasé sa bouche contre la sienne pour la première fois. "Ne parle pas," s'était-il lui-même ordonné lorsqu'elle s'était assise à califourchon au-dessus de lui pour ce qui s'était avéré l'un des moments les plus intenses de son existence toute entière.
VOUS LISEZ
Ne Parle Pas
Fanfiction*Canonverse* *post-S7* Le manque de naissances n'est pas quelque chose auquel Clarke veut penser. Mais quand le Conseil décide d'en faire sa priorité et organise une grande fête pour pousser les habitants d'Alpha à se rencontrer et se mélanger, ell...