Chapitre 5 : Confusion

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- ... Russia ?

- ... C'est... Quelle coïncidence, je crois...

- ... Attends, tu veux dire que ce machin t'es familier ?

Russia joua nerveusement avec la fin de son t-shirt avant qu'un sourire ne se forme au coin de ses lèvres, comme s'il était confident, même si ses yeux transmettaient une nervosité inconnue pour moi.

- Ce que tu viens de décrire... C'est techniquement la machine que Germany a perdu. Donc ça voudrait dire que personne ne l'a volé, comme ils semblaient tous si sûrs, mais que c'est chez toi ? Ça fait gros a gober, sachant qu'on est même pas sur le même plan dimensionnel, j'ai envie de dire.

Voilà qui expliquait la nervosité, je suppose. Je le regardai avec des yeux ronds. Tout ça n'avait pas vraiment de sens... Un objet venant de "son univers" dans le mien, ça donne trop de réponses, pour lesquelles certaines questions n'avaient jusqu'à lors pas été posées. Ça voudrait dire que, techniquement, ce joujou sait traverser les dimensions, genre le pouvoir que tout le monde veut ? Et ensuite, ça voudrait dire que son univers, celui que je pensais exister de toute pièce dans ma tête, est vivant quelque part ?

Je ne pu m'empêcher de glousser, amenant ma main à mon visage, tandis que Russia restait perplexe en face de moi, ne comprenant sûrement pas ce qu'il se passait.

- Attends, attends, ça veut dire que que ce machin, qui je le rappelle devait permettre à analyser les ondes ou un truc du genre , sait voyager entre les dimensions ? Je me remis à rire de plus belle, avant de reprendre. Ça n'a pas de sens ! C'est un pouvoir quasi divin, et tu me dis que Germany, un simple être vivant comme toi ou moi, l'a conçu ? C'est...

Russia souffla du nez, amenant sa main a son visage, avant de prendre la parole, non sans avoir murmuré quelque chose au passage, que je n'ai su comprendre. Sûrement en russe ?

- Ouais, dit comme ça, ça ne sonne pas très logique- Hein ? Erm, [T/p] ? Je crois qu'on a de la visite ? Dit-il en pointant du doigt le vide derrière moi, me faisant me retourner.

Quelle fut ma surprise en voyant le machin répugnant dont on parlait. Bizarre, ça n'était jamais arrivé avant

- Oh mon Dieu, c'est le cadeau moche ! M'écriai-je en partant aussitôt le récupérer, pour revenir voir Russia. Regarde, tout pareil ! Qu'est-ce que ça fait ici ?

- Je-Je sais pas, me demande pas... On dirait vraiment le gadget de Germany...

Russia le regardait presque avec admiration, n'osant pas vraiment le toucher. On avait donc la confirmation que cet objet était connu de nous deux, dans notre univers et non ici. J'en aurais presque été émerveillée si ce n'était pas aussi bizarre. Tout cela n'annonçait rien qui vaille

- Erm, écoute. Ça vient de chez toi à l'origine, non ? Prends-le, lui dis-je, avant de prendre sa main et de presque jeter l'objet dedans, comme je le fais souvent pour rendre ou donner quelque chose qui me déplait à quelqu'un.

Russia me regardait avec des yeux ronds, puis l'objet dans sa main, avant de me regarder à nouveau. Il pointa sa main de son autre index, presque tremblant, avant de parler, de façon abasourdi.

- Tu- A l'instant- Tu viens de- Je comprends pas-

Puis je percutai aussi. Je le regardai avec des yeux tout aussi ronds que les siens, avant de sourire d'une oreille à l'autre, sans pour autant bien comprendre l'entièreté de ce qu'il venait de se passer.

- J'ai pu te- J'ai réussi, j'ai- Oh mon Dieu Russia, c'est-

Et, comme si la même idée avait traversé notre esprit, ce qui s'est passé je suppose, on tendit notre main vers l'autre, voulant vérifier à nouveau.

Sa main était plus grande que la mienne, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. A peine nous étions nous éraflés que je pris sa main dans les miennes. C'est comme lorsque l'on est récompensé après un effort trop long. Ses mains étaient calleuses, et plus fraiches que les miennes. Je pouvais sentir les lignes au creux de celle-ci, je pouvais sentir le relief de ces nombreux petits plis formant le touché, je pouvais sentir le labeur que ses mains avaient vécues. C'en était presque captivant, pouvoir toucher l'intouchable. Sa main se mit ensuite à bouger, se libérant contre mon gré de mon emprise, avant de se poser contre ma joue. Le geste était tendre, du début à la fin, et pourtant c'était tellement poignant. Ma gorge s'en était presque nouée. L'impossible, si tant est qu'on le pensait ainsi, se réalisait, et je ne savais pas quoi penser. C'était à la fois beau, et en même temps angoissant. Ses mains pouvaient maintenant s'enrouler autour de mon cou si tant est qu'il l'avait souhaité, comme on pouvait se prendre dans les bras sans jamais se lâcher.

Dans cet endroit, si vide de tout, la chaleur, la présence de l'autre était maintenant atteignable. On pouvait agir comme de réels être vivants, la limite avec le réel s'étant amincie.

Captivant, réellement, et pourtant interdit, si tant est que des règles existent dans ce monde si lointain, bien que si proche en ce moment, du réel.

- [T/p], pourquoi tu pleures ? On devrait plutôt rire de cette situation.

Je croisai son regard inquiet, presque surprise. Depuis quand mes yeux étaient aussi lourds ? Depuis quand y avait-il de l'eau aux coins de ceux-ci, et depuis quand elle ruisselait ? je n'en avais pas la moindre idée.

- ... Russia, commençai-je d'une voix tremblante, submergée par l'émotion. Russia, c'est magnifique...

Puis je tentai de prendre son visage dans mes mains, les approchant doucement de sa figure. Qu'est ce qui était magnifique ? La situation ? Lui ? Je ne savais pas. Ma tête était lourde, et en même temps me semblait légère. Ma vision se floutait, ou c'est l'oeuvre des larmes ?

Et avant même que mes mains ne touchent ses joues, je me réveillai en sursaut, dans mon lit.

J'avais les yeux en larmes. Je me redressai péniblement, une main au visage pour calmer un tant soit peu mes sanglots. Je comprenais tout, et en même temps rien. Tellement de choses s'étaient passées, et en même temps si peu. C'était comme marcher dans un terrain inconnu. Cette nouveauté offrait tellement de choses que mon cerveau allait exploser. Tellement de choses auraient pu se passer dans cet espace, et tellement de questions furent soulevés, mais la plupart tournaient autour d'un sujet : que ce serait-il passé si mon moi de cet endroit avait été affecté par son lui ?

Puis, une question me vînt en tête : Pouvait-on profiter de ce pouvoir ?

Je redressai la tête, regardant autour de ma chambre, pleine d'espoir, avant que la réalité ne me revienne : je ne possède plus cet obj-

Et pile quand je dis ça, que vois-je sur mon bureau, avec ses lumière clignotantes moches et son design globalement repoussant ?

[Countryhumans×Reader]- 𝘈𝘮𝘪 𝘪𝘮𝘢𝘨𝘪𝘯𝘢𝘪𝘳𝘦 [PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant