29détour

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Les groupes s'étaient remis en chemin.

Louanne avait repris la main de la petite Lucie. La jeune fille tremblait. - Tu veux bien aller voir si tout le monde suit? Demanda elle à la fillette.

Elle acquisa d'un petit mouvement de tête et partit examiner la foule.

Louanne se dirigea vers Fredy. Il marchait rapidement, l'attention aux aguets.
- Ça va? Demanda elle.

Il inspira et se tourna vers elle. Ses yeux la transperçaient, et elle sentit le petit picotement habituel la parcourir. Il sourit. Louanne devait lever la tête pour le regarder, mais ça ne la dérangeait pas, elle se rapprocha un peu plus de lui, son visage à quelques centimètres du sien.
- Oui, ça va... il sourit et du bout des doigts, lui caressa la joue.

La chaleur de son mouvement se répandit dans tout le corps de Louanne, la faisant frissonner.

Elle détourna le regard, toujours aussi près de lui. Ils étaient déjà sortis de la ville et marchaient sur une route de campagne en plein milieu des champs. Un petit vent faisait danser les hautes herbes et soulever les vêtements des jeunes gens. Ce qui choquait Louanne c'était l'absence totale de fraîcheur et l'abandon de chaleur. Depuis sa transformation elle ne sentait plus la température ambiante, ni le froid, ni le chaud, seul la présence de Fredy la réchauffait. Elle lui sourit.
- Tu penses qu'on arrivera quand dans la nouvelle ville? Demanda elle.

Il passa son bras autour de ses épaules, la serrant contre son torse musclé.
- Si tout se passe bien... il réfléchit. Demain soir.
- Qu'est ce qui pourrait mal se passer?

Louanne vit Fredy se mordre les lèvres.
- Eh bien, nous pourrions rencontrer pas mal de problèmes en fait...

Mais ils avaient un plan, non? Louanne fronça les sourcils.
- Comme lesquels?
- Bah tomber sur des vampires nomades ou rester bloqué quelque part...
- Ça existe ça? Des vampires nomades?

Il leva les sourcils et avec un grand sourire déclara:
- Oui, tout est possible!

Tout? Il exagérait sûrement...
- Donc les loups garous existent?

Le sourire du garçon s'élargit deux fois plus.
- Oui!
- Arrêtes, tu me fais marcher...

En fait Louanne espérait qu'il la fasse marcher, elle n'avait aucunement l'intention de tomber sur une autre créature surnaturelle...
- Non, je ne rigole pas. Les loups garous ont réellement existé, ils vivaient dans la forêt mais mes ancêtres les ont tous tué... il regarda Louanne et la serra un peu plus. He, ils sont morts je te dis. Arrêtes de t'inquiéter...

Effectivement Louanne avait tiré le visage le plus affreux du monde sans même s'en rendre compte. L'idée que des loups garous avaient pu exister la dépassait.

Elle se dressa un peu et accéléra son pas.

Ils marchèrent l'un contre l'autre pendant une bonne heure avant de faire une pause. On ne voyait déjà plus la ville et le soleil descendait lentement dans le ciel. Les enfants s'étaient assis dans les champs et parlaient entre eux. Même Lucie s'était fait une nouvelle amie, une jeune fille rousse, portant une petite robe à fleurs. Louanne se dit qu'il s'agissait d'une mini-Julia. Ça avait beau être ridicule, l'idée de comparer son amie à une petite fille la faisait sourire. Elle repensa également à Kaëly, la jeune fille était restée avec un monstre et était à présent dépourvu de tout contrôle sur elle même...

Fredy se pencha au dessus d'elle.
- Tu viens?
- On repart?
- Non on va juste inspecter le reste du chemin et trouver un endroit pour la nuit.
- Tu ne l'avais pas planifié dans ton plan ça?

Le garçon haussa les sourcils et dit:
- Je ne suis pas très perfectionniste princesse! Il lui tendit la main. Louanne l'empoigna et se mit debout.

Ils se transformèrent et s'envolèrent. Ils planaient au dessus d'un champ, puis volèrent à travers un chemin montagnard. L'endroit paraissait dangereux, les rochers couvraient le soleil et une poussière sableuse emplissait l'air.
- On va quand même pas les faire passer par là? Cria la jeune fille pour se faire entendre.
- Si on est obligé!
- Mais tout à l'heure j'ai vu une forêt, on ne peut pas la traverser?

Le garçon ralentit son vol.
- J'aime pas passer la nuit en forêt.
- Quoi?
- Ça ne me rassure pas...
- Mais c'est moin dangereux! Je ne te comprends pas! Elle s'arrêta volant sur place.
- C'est juste que... il paru gêné. J'ai peur des maftins de nuits...

Louanne ne comprenait plus rien. Premièrement, s'était quoi les maftins de nuits et deuxièmement, pourquoi il ne lui avait pas dit dès le départ qu'il y avait pleins de trucs bizarres dans ce monde?!

Fredy se mordit les lèvres, réalisant que Louanne avait ouvert de grands yeux.
- Ce sont des créatures nocturnes qui chantent...

Il se moquait d'elle là? Il avait peur de machins qui chantent la nuit? Et puis il la faisait marcher, ce n'était pas possible...
- Tu te moques de moi?
- Non, je t'ai dit que tout était possible, eh bien dans la forêt, il y a des maftins de nuits et j'en ai la phobie... il baissa les yeux.
- Mais ils ne font rien de mal, si?
- Euh...non.
- Très bien, on passe par la forêt!

Il haussa les sourcils et se rapprocha de Louanne en quelques battements d'ail.
- Louanne, s'il te plaît! On aurait dit un pauvre gamin désespéré qui voulait un jouet.
- Fredy, cet endroit est dangereux. Les gens me suivent, si ils meurent dans un endroit pareil ils partiront et nous n'aurons plus aucune chance d'avoir un monde qui nous fait confiance.

Il souffla et approuva le point de vue de Louanne.

Ils repartirent en direction des groupes.

Se remettant en chemin, ils parcoururent le reste du champ. Des arbres apparaissaient un peu partout. La verdure forestière se densifiait, après chaque mètre.

Ils se trouvèrent bientôt en plein milieu d'une obscure forêt, le feuillage limitait le passage de la lumière, de petits animaux couraient par ci par là, tous de couleurs différentes. Dans ses souvenirs Louanne ne se souvenait pas avoir déjà parcouru une telle forêt, on aurait pu penser qu'elle était tout droit sortie d'un conte de fées. Des buissons avec d'étranges fleurs colorées poussaient par ci par là, des rochers recouverts de mousse cachaient le tronc de certains arbres, eux même parcourus de lierre et de de champignons à l'allure de chapeaux. L'endroit avait quelque chose chose de magique qui ne faisait plus douter Louanne de l'existence d'êtres féeriques. Même l'humidité qui imprégnait l'air était étrange, elle accompagnait délicieusement l'odeur boisée et les sifflements des oiseaux.

Les enfants, eux paraissaient émerveillés par cette belle nature. Les plus petits étaient surveillé par un adulte pour qu'ils ne mangent pas n'importe quelle fleurs sur leur passage et les vieilles personnes se reposaient de temps en temps sur un rocher.

La nuit tombait, Fredy marchait collé à Louanne, la serrant contre lui.
- On s'arrête pour la nuit, cria il.

Le Cri de la mariéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant