11| cicatrices du passé

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we'll be fine - Luz

❝ Les blessures se cicatrisent,
mais les cicatrices continuent
de grandir avec nous.❞
Stanislaw Jerzy Lec

Les lumières aveuglantes de la rue dans la nuit noire. La radio dans la voiture à plein volume. Puis un bruit fracassant. Le crissement des pneus. Un cri. Puis, plus rien. Silence. Les sirènes de pompier. Et cet appel. Qui va tout changer. À jamais...

Clara se réveille en sursaut, haletante. Dans sa chambre, c'est le noir complet, à l'exception de la lumière bleue de son téléphone, posé à côté d'elle sur sa table de chevet, qui sonne son réveil. Elle s'assoit sur son lit et se frotte les yeux, puis déverrouille son portable, coupant court à l'alarme qui s'en échappe. 6h45. La blonde se lève, traverse le couloir sur la pointe des pieds pour ne pas déranger sa mère et se dirige vers la petite salle de bains. Encore ce cauchemar. Le même depuis des années. Clara ouvre le robinet et s'asperge le visage d'eau pour chasser ces pensées négatives. Puis, elle retire son pyjama et file sous la douche, laissant le jet couler le long de sa peau gelée.

Cette chaleur l'apaise et calme ses terreurs nocturnes. Les dernières gouttes glissent sur son épiderme meurtri tandis que du doigt, Clara dessine le contour des traces rosées qui parsèment ses avant-bras. Ce geste fait remonter en elle des souvenirs douloureux. Même si l'époque où le tranchant de la lame zébrant sa chair lui procurait un sentiment d'abandon est révolue, son corps en garde encore quelques conséquences. Sa peau, devenue fragile, conserve en elle chaque instant où la vie l'a détruite. Ces marques qui lui rappellent que tout peut basculer en si peu de temps font désormais partie de la jeune fille. Clara s'est habituée à les voir sur sa peau diaphane, à les haïr, à les cacher pour oublier à quel point l'avenir peut s'avérer cruel avec ceux qu'elle aime. La preuve de ses anciens moments de colère, de tristesse et de solitude. Des cicatrices de son lourd passé.

S'enveloppant dans une serviette, la blonde sort de la douche, coupant court à ses pensées et s'empresse de s'habiller pour prendre son petit-déjeuner ensuite. Aucun bruit ne sort de l'appartement. Sa mère doit sûrement dormir encore à l'heure qu'il est. Clara soupire. Plusieurs jours se sont écoulés depuis la longue discussion avec sa génitrice sans que le sujet des cours de théâtre ne soit remis sur la table. Le moment d'intimité qu'elles ont partagé l'autre soir les a rapproché, c'est certain, mais le temps où l'adolescente pouvait pleinement se confier à elle lui semble très loin.

Une fois ses tartines avalées, Clara se dépêche de finir de se préparer puis sort de l'appartement, son sac sur le dos, en direction de la station de métro qui la conduit à son lycée. Il est 7h45 et ce dernier ne devrait pas tarder. Sur le quai, les gens se bousculent déjà malgré l'heure matinale. Cette agitation forme un mouvement bruyant, limite oppressant autour de l'adolescente qui décide de mettre ses écouteurs pour s'isoler dans sa bulle un moment.

Soudain, elle sent son téléphone vibrer dans la poche de son manteau long. Pensant qu'il s'agit d'un message de sa mère, Clara regarde immédiatement. Finalement, le message se révèle être un simple « coucou » de la part de Roméo mais la blonde ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire.

de Clara à Roméo :
Coucou, tu vas bien ?

La réponse ne tarde pas à arriver. Le brun doit lui aussi être réveillé, sûrement à marcher ou à attendre Le brun doit lui aussi avoir cours aujourd'hui, et à l'heure actuelle, il est sûrement en train de marcher ou d'attendre son bus pour son école.

de Roméo à Clara :
Ça va très bien !

Puis un autre message arrive aussitôt et se joint à la suite du précédent.

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