épilogue| pour Danae

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Mourir sur scène - Dalida (version les Enfoirés 2020)

❝ Je fais du théâtre pour ressentir les sensations que la vie ne m'apporte pas.❞
Jean Marais

Inspirer.

Expirer.

Stressée, Clara fait les cent pas dans les coulisses. Elle tente de stabiliser son rythme cardiaque affolé avec les exercices de respiration prodigués par son professeur. C’est le grand jour. Elle n’a pas le droit à l’erreur. Elle a tant attendu cette représentation, elle se doit d’être à la hauteur de son rôle si elle veut espérer toucher du doigt la perfection.

Jusque là, tout s’est bien passé. Les actes, les tirades, les changements de décor se sont enchaînés sans le moindre problème. De son côté, Clara n’a pas eu de trou de mémoire, une crise d’angoisse ne s’est pas déclenchée avant qu’elle ne monte sur scène et le public s’est montré réceptif à la pièce. Monsieur Roberto est venu les féliciter à l’entracte en leur disant que chacun devait continuer à se surpasser afin de donner le meilleur de lui-même, mais que la mise en scène était très réussie. La blonde ne peut s’empêcher de ressentir de la pression, du trac qui lui noue le ventre, car c’est elle qui clôt la représentation, avec une scène déchirante, lorsque Juliette découvre la mort de Roméo.

— Danae ?

L’adolescente sursaute et se retourne à l’entente de son nom de scène. Une des filles de son cours, une cadette chargée de l’organisation, s’approche d’elle en chuchotant.

— Ça va être à toi dans dix secondes. Tout est bon ?

— Yes, merci.

— Super alors, et bonne chance, tu vas tout déchirer !

Clara lui sourit tandis que la cadette redescend son micro à hauteur de sa bouche et donne le feu vert au régisseur. Les lumières s’éteignent aussitôt et la blonde s’avance sur scène. Plongée dans le noir, la salle est silencieuse. Tous les spectateurs sont happés par la pièce, suspendus aux lèvres closes de Clara, attendant l’apothéose du dernier acte, la scène finale où les deux amoureux se rejoignent dans la mort. La tension est à son paroxysme, l’adolescente le sent bien.

Elle inspire profondément et ferme les yeux quelques secondes. Puis, le projecteur au-dessus d’elle se rallume et toutes ses angoisses disparaissent immédiatement, tous ses tracas s’évaporent, ne laissant sur leur passage que sa passion pour la scène. Sa flamme qui vacille et qui ne demande qu’à être consumée par le théâtre.

Clara se lance et récite sa tirade à voix haute. Aussitôt, elle se métamorphose. Elle n’est plus elle, elle devient Juliette. Elle ne se contente plus d’incarner, l’adolescente fait corps avec son personnage. Sur le devant de la scène se trouve le corps inanimé de Léo, son camarade choisi pour interpréter son amant. Elle crie en le voyant et les larmes se mettent à couler. Emportée par son rôle, transcendée, elle puise en elle-même pour faire ressentir au public chacune des émotions qui traversent Juliette. Tout devient flou et les souvenirs ressurgissent. La douleur, l’amour, la tristesse profonde de son personnage se mêlent à son propre passé.

Dans la salle, il n’y a désormais plus un mot. Le temps s’arrête, le moment comme suspendu. Toutes ses cicatrices se rouvrent, mais Clara n’a plus peur. Comme un phénix, elle renaît toujours de ses cendres. Elle se réinvente. Elle a eu mal, mais elle s’est tout de même relevée, elle a guéri et a grandi.

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