32| seconde chance

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Nombreux - Angèle

❝ L'amour est à réinventer. ❞
Arthur Rimbaud

Clara pique à contrecœur avec sa fourchette les derniers haricots verts de son assiette.

— Tout va bien, ma chérie ? demande sa mère.

— Oui oui, dit-elle en se forçant à sourire.

L’adolescente n’a pas très faim ces derniers temps. L’absence de Roméo lui pèse, l’empêche de vivre, et l’imaginer avec Nawell lui fait profondément mal. Elle ne s’est toujours pas expliquée avec lui mais à vrai dire, elle ne sait même pas si elle a envie de l’entendre prononcer le nom de son ex.

L’estomac noué, elle repousse son assiette doucement.

— Je m’inquiète pour toi, tu n’as pas l’air bien du tout en ce moment. Tu manges très peu, tu souris à peine, et je t’entends pleurer le soir dans ton lit. Tu n’as même plus le moral quand tu vas au théâtre. Dis moi ce qu’il se passe.

L’adolescente soupire.

— Je sais pas… J’ai pas trop la tête à ça,  c’est vrai. Il y a le bac bientôt, j’ai le stress qui monte forcément. En plus, il y a bientôt les résultats parcoursup, la représentation finale de théâtre, tout se bouscule un peu dans mon esprit, dans mes émotions, dans mon corps.

Elle se tait ensuite et le repas se poursuit dans le silence.

— Tu as des nouvelles de Roméo ? Ça fait longtemps qu’il est pas venu à la maison ?

S’en est trop pour la blonde, qui font aussitôt en larmes.

— Oh ma chérie, dit sa mère, regrettant immédiatement ses propos. Je suis désolée. Je ne voulais pas te faire pleurer. J’ignorais que c’était un sujet sensible.

— Il me manque tellement… Il est reparti à Cannes pour son stage. Je ne l’ai pas arrête, je voulais qu’il saisisse l’opportunité. Mais… on… on… s’est disputés juste avant qu’il monte dans le train. J’ai pas pu m’empêcher d’être jalouse. Oh, maman, je regrette tellement de l’avoir provoqué.

— Tout va s’arranger quand il reviendra, j’en suis sûre, lui répond t-elle en posant une main rassurante sur celle de sa fille. Vous allez bien vous appeler avant, il ne va pas t’en vouloir, il t’aime et tu l’aimes.

— C’est pas aussi simple que ça, maman. Il… il a revu son ex.
Ce dernier mot est un déchirement à prononcer pour Clara.

— Oh, chérie… Pourquoi tu m’en as pas parlé ?

— Je voulais pas te déranger avec ça. Je voulais pas que tu repousses tes traitements et tes rendez-vous chez le docteur pour moi et mes problèmes de cœur.

— Tu sais bien que tu passes avant tout, ma chérie. Pendant trop longtemps, je n’ai pas pris soin de toi et tu sais à quel point je m’en veux toujours.

— Je t’ai déjà pardonné, maman. On fait tous des erreurs.

— Justement en parlant d’erreurs, raconte moi ton chagrin d’amour.

— Ça m’a brisé le cœur de le voir avec elle. Il m’avait promis qu’il ne se passerait rien avec Nawell,  qu’il n’avait plus de sentiments pour elle. Il l’avait promis. Je ne la connais pas, mais j’ai tout de suite compris quand j’ai vu sa main posée sur l’épaule de Roméo. Son sourire. Son rire. La surprise de Roméo de me voir.

— Oh, ma puce. Je suis tellement désolée pour toi. Je n’imaginais pas Roméo faire une chose pareille. Tu es sûre que c’était Nawell ?

— Je te jure que je suis certaine de ce que j’ai vu. Et même si c’était pas son ex avec lui, c’était une autre fille dont il était très proche. Je préfère ne plus y penser. De toute façon, Roméo ne rentre que dans deux semaines. Si je cogite dessus, je vais me faire du mal.

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