Chapitre 4

230 26 1
                                    

Je le tends à ma mère. Elle le déplie, le lit, et je vois son visage s'éclairer d'un sourire. Elle me tend le papier pour que je le lise aussi.

Vous êtes toutes les deux acceptées. Préparez trois sacs-à-dos avec vos affaires pour demain après-midi. Vous n'aurez pas le droit de faire d'au-revoir à votre famille, se serait trop suspect. Pensez à prendre le nécessaire en matière d'hygiène et de vêtements. Comme vous ferez parties de la résistance cachée, vous serez logées dans un bâtiment où il fait chaud, alors prévoyez en conséquence. Demain présentez-vous à seize heures devant la gare de tramway. Une fois que vous avez lu ce papier, détruisez-le au feu.

Je souris en retour à ma mère. Demain, à cette heure-ci, nous serons portées comme traîtres à l'Union. Mais nous serons enfin libres.

— Lya, je veux que tu me promettes que si l'une de nous se fait attraper un jour, l'autre la vengera et fera tout pour que la résistance gagne cette guerre.

Je sais que quand ma mère m'appelle par mon surnom, c'est que ce qu'elle dit lui tient à cœur. Comme elle est très émotive, cela ne me surprend pas qu'elle me prenne dans ses bras et que je sente des larmes couler le long de sa joue.

— Je te le promets maman.

Elle me relâche, va s'asseoir à son bureau, ouvre un tiroir et en sort un briquet. Elle place le papier dans la tasse dans laquelle elle a bu son thé tout-à-l'heure, et met le feu à la feuille. Puis elle se retourne pour me parler :

— Adilya, va préparer tes affaires. Tu mets tout ce qu'il faut pour se laver, se brosser les dents et se coiffer dans le sac qu'on partage, et tu te débrouilles comme une grande pour remplir le tien.

— Ok, bonne nuit maman.

— Bonne nuit ma chérie.

Je sors du bureau de ma mère, et vais dans ma chambre. Je prends toutes les affaires qu'il me faut pour rester propre, et amène discrètement le sac dans le bureau de ma mère. Elle préparera ses affaires demain pour ne pas éveiller les soupçons de mon père. Tandis que je serai à l'université, mes sœurs de cinq et quinze ans à l'école maternelle et au collège, et mon père en train de faire les courses, ma mère aurait l'appartement pour elle toute seule, et elle pourrait faire ses bagages et finaliser notre départ.

Je décide de prendre mon sac de cours qui est plus grand, et de partir avec également une pochette de feuilles et un stylo pour faire semblant de suivre les cours demain. Dans mon bagage, je mets des sous-vêtements, des habits, un pull, car apparemment il va faire chaud et je n'en aurai pas vraiment besoin. Je mets mon maillot de bain, au cas où, un pyjama, une paire de tongs, et un livre que m'a offert ma mère lorsque j'avais douze ans. Je ferme tant bien que mal mon sac, et mets un chargeur ainsi qu'une batterie externe dans la poche avant de mon bagage.

Je prépare mes habits pour demain, mets un pyjama de rechange, car j'emporte celui que je préfère et il est dans mon sac, et vais me coucher.

Je me demande comment va être la journée de demain. J'espère qu'on ne se fera pas chopper par les représentantes de l'Union qui patrouillent de plus en plus ces derniers mois. Mais normalement, personne n'a aucun moyen de nous soupçonner, et cela devrait se passer sans problème. Je me demande aussi comment sera l'endroit où nous habiterons avec ma mère, et comment seront les gens que nous rencontrerons là-bas. Des gens qui ont les mêmes idéaux que nous, et qui souhaitent, presque tous, la même chose que nous. Je m'endors sur cette montagne de questions sans réponses, qui, j'espère, seront résolues demain.

L'Union FéminineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant