L'Union Féminine

Chapitre 12

Je laisse Elden seul un peu plus tard pour aller à mon entraînement. J'ai encore un peu mal aux jambes, mais je me dis qu'une heure de sport, c'est vite passé. Non ? Enfin j'espère.

Je ne me suis pas changée, et il reste encore des traces de ma sueur d'il y a trois heures. Quand j'arrive à la salle, il y a déjà quelques personnes. Et putain, ils sont tous ultra musclés ! Je remarque que nous ne sommes pas beaucoup, par rapport aux personnes qui attendaient que je sorte de mon évaluation tout-à-l'heure.

Quand je passe les portes, les hommes me regardent tous avec insistance. Elden avait raison, je pense que je vais pas tarder à me faire aborder. J'entends un des mecs dire à haute voix pour que tout le monde l'entende :

— Tiens ma jolie, je ne m'attendais pas à te revoir de sitôt...

Merde. Je reconnais cette voix. C'est le mec tatoué de ce matin. Il m'a bien prise en grippe à ce que je vois. Et je suppose qu'il va être soutenu par ses copains. Vu la tête de tous les autres, je comprends que je viens de rentrer dans l'arène. Ils me regardent tous comme un bout de viande.

Même quand les filles arrivent, ils continuent à se moquer de moi à voix basse, ou haute pour certains...

— Tiens, une nouvelle. Ça faisait longtemps. T'es sûre que t'es pas un peu vieille pour avoir seize ans ?

Je comprends tout de suite de quoi il s'agit grâce aux explications d'Elden de ce matin. Les originels sont évalués à leurs seize ans, et ces meufs doivent me prendre pour l'une d'entre elles vu qu'aucune étrangère n'est encore entrée dans la division quatre.

— C'est normal, j'ai vingt ans.

Je me mets face à elles, les bras croisés sur la poitrine. Je veux voir comment elles vont réagir à mon entrée dans la division. Et leurs têtes valent le détour. Elles ont toutes la bouche ouverte. Celle qui est devant, et qui doit être leur leader s'avance vers moi, l'air déterminée. Elle marche jusqu'à moi, et se penche à mon oreille pour chuchoter :

— Profite bien salope. Tu ne vas pas rester ici éternellement !

Et voilà. Je viens d'être marquée comme ennemie dans ma propre division. Cool ! J'attends à l'écart que le coach arrive. Il sort d'une autre salle de sport où je suppose était la division trois pour qui l'horaire de l'entraînement est de neuf à dix heures.

— Bien. Je suppose que vous avez fait connaissance avec Adilya.

Le groupe hoche la tête en silence. John a l'air de leur faire peur, et j'espère qu'ils ne tenteront rien tant qu'il sera dans les parages.

Je passe le reste de l'heure à faire tous les exercices que nous demande le coach sans parler. Je vois bien qu'il y a une bonne ambiance parmi le reste de la division. Je suis un peu triste de ne pas participer à cette bonne humeur. Mais bon...

John vient me voir souvent pour vérifier que je fais correctement les exercices. Au bout de trois quarts d'heure, il remarque que je ne me mélange pas avec les autres, et il me pose des questions alors que je fais de la corde à sauter :

— Les autres n'ont pas voulu de toi, hein ?

— Non. Mais c'est compréhensible... Je sors de nulle part alors qu'ils se connaissent depuis des lustres.

— Mouais. J'avoue que j'ai hésité à te mettre dans la div trois à cause de ça, mais tu aurais surpassé tout le monde et le général n'aurait pas tarder à demander ton augmentation. Et puis tu es forte, je suis sûr que tu réussiras à t'intégrer et à aller au-delà de cette difficulté qu'est la solitude.

Je remercie John de me réconforter et finis l'entraînement en silence. Puis, je sors de la salle en première pour qu'il ne m'arrive rien si je me retrouve seule avec un mec, et décide d'aller me laver. Je crois qu'après deux heures de sport et deux heures de marinage dans mes vêtements pleins de sueur, une bonne douche s'impose.