L'Union Féminine

Chapitre 24

Je mets quelques secondes à prendre conscience de ce que vient de m'annoncer mon ami. Ce mec que je commence à vachement apprécier, et qui a refusé de me dire son nom, c'est Nikoley, le gars qui dirige la grange. Alors là, je ne m'y attendais pas du tout !

Je me rends compte qu'Elden attend une réponse de ma part.

— Euh... Je l'ai croisé une ou deux fois depuis que je suis arrivée... Mais il avait refusé de me dire son nom. Maintenant je comprends pourquoi...

— Oui, qui sait comment tu aurais réagi si tu avais appris que tu parlais avec le deuxième mec le plus dangereux de la grange !

Je tais bien sûr le fait que ce mec ultra dangereux, je l'ai invité dans ma chambre et qu'il est resté plus d'un quart d'heure, et personne n'est au courant...

Elden secoue la tête en maugréant, puis il propose de finir notre partie. Je suis de bonne volonté d'habitude, mais là j'ai vraiment plus la tête à jouer au loup-garou.

— Je crois que je vais aller dessiner un peu dans ma chambre pour réfléchir, si ça ne vous ennuie pas. Et puis de toute façon, vous étiez sur le point de me tuer...

Les mecs hochent la tête, et l'un d'entre eux qui est mort également m'accompagne jusqu'à ma chambre.

Là je me laisse tomber sur le lit en soufflant en oubliant de fermer la porte à clef. Je mets de la musique dans mon casque et je ferme les yeux. Comment, en deux jours à la grange, j'ai pu me faire l'amie du mec le plus dangereux et le plus puissant de la grange ? Enfin, je ne sais pas si nous sommes amis, mais il m'a défendue. Et d'après ce que j'ai compris de toutes les discussions que j'ai pu entendre depuis que je suis arrivée, Nikoley ne défend que les personnes à qui il tient ou qui lui sont utiles. Dans mon cas, j'espère que c'est parce qu'il tient à moi. Je n'ai pas envie d'être juste utile. Mais en même temps, j'aurais très bien pu me défendre toute seule... Je maîtrisais la situation pour une fois ! J'avais le dessus sur l'autre con !

Pourquoi a-t-il fallu qu'il vienne s'en mêler ?

J'étais trop plongée dans mes pensées apparemment, car une main se pose sur mon épaule. Je sursaute, ouvre les yeux, enlève mon casque et m'éloigne le plus possible d'un potentiel danger. Et là je vois Nikoley qui referme la porte de ma chambre derrière lui.

— Désolé Adi, je voulais pas t'effrayer.

Je ne réponds rien. J'ai décidé que j'allais lui faire la gueule. Ça lui apprendra à se mêler de ce qui ne le regarde pas.

— Tu ne parles pas ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Je croise les bras sur la poitrine pour lui faire comprendre mon mécontentement.

— T'es fâchée ? Pourquoi ?

Je ne dis rien. S'il n'est pas con il va comprendre lui-même.

— Dis-moi ce que j'ai fait de mal ! C'est parce que je t'avais caché mon identité ? Pourtant je t'avais prévenue...

Je hoche la tête négativement. Même si je lui en veux un peu de ne pas m'avoir dit qui il est, j'avais été prévenue.

— Alors c'est parce que je t'ai défendue tout-à-l'heure ? Pourtant je n'allais pas laisser Jackson gagner la partie !

Je penche la tête sur le côté. Ainsi il pense que j'allais me faire détruire ?! Il me prend pour une faible ou quoi ! Je suis encore capable de me défendre toute seule, merci !

— Adi, parle-moi ! Comment veux-tu qu'on communique si tu ne me réponds pas ?

— Mais pourquoi j'aurais envie de te répondre, en fait ?

Je n'ai pas pu me retenir de parler. Je vois que face à lui, ma détermination à rester muette ne tient pas longtemps. Pourquoi faut-il que je flanche maintenant ?

Nikoley me regarde avec étonnement, puis il prend un sourire qui doit être ravageur auprès des autres filles et me dit :

— Allez, tu fais de moi ce que tu veux pendant une heure, et après on est quitte !

Il est en train de me faire des avances, là, non ? Oui, il est vraiment en train de me proposer de coucher avec lui ! Mais il se prend pour qui le gars, à vouloir tout régler avec une partie de baise ?

— Redescends mon gars, c'est pas avec une proposition pareille que tu vas me faire changer d'avis, au contraire !

Je vois à sa tête qu'il est déçu, et en même temps il a une lueur dans les yeux que je ne connais pas.

— Cette proposition marche avec les autres filles ?

— Oui plutôt ! Je crois bien que tu es la première à refuser de coucher avec moi ! D'habitude elles se glissent dans mon lit la nuit !

Et il éclate de rire. Et son rire putain ! Je crois que je pourrais l'écouter pendant des heures !