II.3 - Rancune passée

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 J-115

Daishou ne savait pas comment commencer la conversation. Assis face au Nohé, il attendait que celui-ci prenne la parole - mais sans succès. Le silence devenait bien trop désagréable à son goût et, alors qu'il allait ouvrir la bouche pour informer l'autre que sa pause ne durait pas infiniment, le Nohé parla.

—Daishou Suguru, fils de Linda et Karl Daishou, tous deux fermiers de profession ?

À cette affirmation - correcte - Daishou fut pris de court. La bouche ouverte, il ne sut quoi répondre.

Il décida d'opter pour un simple hochement de tête.

—Tu es arrivé ici il y a environ un an, et a été embauché dans ce café en tant que barman peu après.

Ok, maintenant Daishou commençait à avoir peur.

Était-il un ennemi de Kuroo ? Peut-être voulait-il l'atteindre en le prenant en otage ?

De toute façon, si l'autre voulait le tuer, il l'aurait fait depuis longtemps. Ce n'était pas comme si il n'avait pas eu d'occasion pour le faire plusieurs fois déjà. Sa curiosité prit le dessus sur sa peur et il prit la parole.

—Et comment savez-vous tout ça ?

Sans une once d'hésitation, l'autre lui répondit.

—Je gardais à l'œil quelqu'un qui m'est précieux, et tu es apparu dans le décor. Je dirais même que tu t'y es imposé, dans le décor.

Perplexe, Daishou leva un sourcille.

Imposé ? Dans un décor ? De ce qu'il savait, il n'avait pas fait grand chose d'exceptionnel depuis son arrivée ici - exception faite de Kuroo, il ne voyait personne en dehors de son boulot, boulot dans lequel il passait quatre-vingt pourcent de son temps. Les vingt restants étant passés chez lui, devant une émission de télé-réalité de mauvais goût.

—Kuroo n'a pas l'habitude de sortir avec quelqu'un. Si je me souviens bien, il n'a jamais eu plus que des coups d'un soir.

Daishou savait tout ça. Kuroo avait été clair sur le fait qu'il était son premier vrai petit-ami, et qu'il était sérieux avec leur relation.

Le jeune homme n'avait cependant pas sourcillé à cette confession - qui était-il pour juger des actions de son compagnon, faite alors même qu'ils ne se connaissaient pas ?

—Je sais.

Un regard à l'horloge de la salle lui informa que sa pause était bientôt finie.

—Il va falloir que je retourne bientôt travailler-

—Je sais. Je serais rapide. Il va falloir que tu m'écoutes très attentivement, et que tu ne m'interromps pas.

Le Meko hocha simplement la tête.

—Je m'appelle Iwaizumi. Je suis mort il y a presque un an.

—Comment ?

—La façon dont je suis mort est... particulière. Je ne suis pas revenu à cause de cela, mais pour...arrêter quelqu'un.

—Kuroo ?

Iwaizumi secoua la tête.

—Non. Je suis revenu pour faire tomber celui qui était dans ton appartement.

À cette affirmation, le cœur de Daishou loupa un battement - dire qu'il était encore terrorisé par le ressentiment qu'il avait ressenti ce soir-là serait un euphémisme.

—Et... Qu'ai-je à voir avec ça ?

—Si je veux le faire tomber, il faut que j'arrive à le trouver. Il se cache bien, il sait ce qu'il fait : ce n'est pas un novice.

À la vie, dans la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant