Chapitre XII

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Je n'en reviens pas. Elle se tient debout avec ses talons rouges pétants, tenant dans ses mains le calepin classique qu'elle utilisait toujours. Elle est réelle et pourtant sa voix semble lointaine. Comme si je l'entends de loin.

- Je vais prévenir ta mère pour ton comportement, Rachel.

- Vous n'êtes pas réelle. Sortez de ma tête. Sortez de là ! Je me rends pas compte que je hausse la voix.

Elle rigole suite à mes cris et à mes supplices.

- Evidement que je ne suis pas réelle, Rachel. Je ne suis plus de ce monde. Son corps semble de plus en plus flou. On dirait un fantôme. Elle lève à nouveau son calepin en l'air. Que rêves-tu le soir Rachel ? Est-ce encore des cauchemars ? Décris-les moi.

Je me bouche les oreilles. Sa voix fait des échos dans tout mon crâne, c'est insupportable. Je l'entends crier au fond de moi « Parle moi de toi » ou « tu es malade Rachel ». Ça cogne à l'intérieur comme si une cloche est incrustée dans mon cerveau.

- Partez..

- Non.

- Je vous demande de vous en aller. Je continue de chuchoter pour pas que Jin revienne. Je ne veux pas qu'il sache que je nage en plein délire. Allez vous en. Je ne veux plus vous voir.

- Rachel. Ses lèvres bougent au ralentit lorsqu'elle prononce mon prénom. Son rouge à lèvre couleur nude que je voyais trop souvent me répugne.

Ces échos durent pendant plusieurs minutes. J'ai sévèrement envie de la faire taire pour de bon. Il faut que ça cesse.

- Laissez-moi tranquille. Laissez-moi. Sa présence disparaît aussitôt. Je ne la vois plus dans mon champ de vision. J'ai mal au crâne. Tellement mal. Je pose ma tête contre le mur derrière moi. Je ferme les yeux en priant de ne plus jamais les réouvrir.

————

Cela fait déjà quasi deux jours que je stagne dans cette foutue cave. Deux jours entiers. Jin venait me voir pour s'amuser avec moi. Nous avons jouer à un jeu de carte. C'était troublant de faire une partie avec. Il semblait réjoui. Il a donc décidé, suite à nos amuseries, de me laisser une journée de plus au fond de ce trou. Sous prétexte que ça me rendait un peu plus enjouée. Mensonge.

Je souffrais énormément enfermée ici. Même si la présence de la psychologue a complètement disparue, je me sentais horriblement seule. Je n'avais plus que moi et mes pensées qui commençait à devenir des plus en plus sombres.

J'ai eu des moments de doute, de crainte, de meurtres et bien d'autres encore. Le pire, c'est que j'avais envie de mourir. Ça ne me fais plus peur, j'en serai même soulagée. Tout le monde sur cette terre le serait. Ma mère n'aurait plus besoin de me supporter. Plus besoin d'essayer de trouver un petit copain ou des amis pour me satisfaire.

Je commence enfin à m'habituer à cette obscurité sinistre qui m'entoure. À vrai dire, j'ai toujours vécu comme telle : je ne suis jamais entourée, pas appréciée par rapport à mon insociabilité. Si personne ne venait me chercher, ça ne me dérangerait même pas. À qui je manquerai hormis ma mère ? Personne.

Et voilà ma triste réalité : Je ne suis qu'une bombe à retardement. Je ne suis qu'un fardeau pour les autres, je ne sers à rien.

Him Où les histoires vivent. Découvrez maintenant