Chapitre XVII

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Lorsque vous voyez l'issue, vous tentez coûte que coûte de saisir cette opportunité. L'air souffle sur mes quelques bouclettes encore intactes. Je jette un dernier regard derrière moi, laissant sans doute tous mes maudits démons. Le vent s'imprègne en moi, me portant vers la sortie doucement. Je marche nonchalante, comme si personne pouvait m'arrêter. Et c'est le cas : je me sens infaillible.

Je le savais. Jin est un humain. L'erreur est humaine. Et là voici. Mes pieds nus marchent sur le sol gelé du jardin qui me fait parvenir un léger frison sur mon échine.

- Tu ne devrais pas partir. Son corps marqué par mes mains sont encore imprégnée sur son cou. Elle est livide, touchant la mort au bout des doigts.

- J'en ai plus rien à faire. Que sais-tu de tout ça ? Rien. Je serre les poings, un peu nerveuse. Ce n'est pas toi qui a été enfermé pendant des semaines ici sans sentir ce que c'est la vraie vie. Alors laisse moi partir et tu pourras mourir tranquille ici.

C'est à ce moment là, que je pris l'initiative de courir de tout mon être. Le ciel au dessus de moi commence à gronder. Les goutes de pluie s'abattent sur moi. Cela a pour effet de me faire sentir à nouveau vivante. Je sens la folie me quitter petit à petit. Plus de cette psychologue, plus de torture, plus de sang, plus de coups, et plus de Jin.

« Que va-t-il penser de moi lorsqu'il verra que je ne suis plus là ? »

On s'en moque. Il ne faut pas pleurer sur le sort de ces personnes-là qui ont tendance à rire de la mort d'autrui. Avant de m'engouffrer dans cette forêt noire, j'entends un cri de rage me parvenir jusqu'aux oreilles. Je ralentis, en regardant derrière moi. Je vois Jin fou de rage, maniant son pistolet entre ses doigts.

- RACHEL ! Reviens ici et maintenant !

J'ai littéralement signé mon arrêt de mort. Je m'élance devant en faisant attention à ne pas me prendre une ronce dans les jambes comme la dernière fois. Mes bras s'agitent pour éviter les nombreuses branches qui viennent fouetter mon visage.

J'ai pour réflexe de chanter lorsque je suis dans un état de concentration. Je chantonne une douce mélodie pour me rassurer et d'éviter de tomber dans le fossé qui me guette à quelques centimètres de moi. Je ne demande qu'à être sauvé. Jin risque de m'abattre avec une balle au milieu des deux yeux. Quelle mort sinistre. Après tout ce que j'ai enduré, cela serait regrettable de mourir aussi bêtement.

Ses pas se font de plus en plus lourds et je sens sa présence à des milliers de kilomètres. Comment peut-il émettre une telle prestance ?
Je me hisse dans un sentier assez reculé pour tenter de brouiller les pistes. L'idéal aurait été de grimper dans les arbres pour éviter qu'il me repère à cause des empreintes de pas. Mais je n'ai aucunes capacités pour monter là haut. Je me contenterai du sol.

Mes pieds sont en sang et commencent à gonfler me procurant une douleur insoutenable. Je fais abstraction de ça : après tout, je ne vais pas faire ma difficile. J'ai déjà réussi à m'échapper, c'est déjà pas mal.

Je reviens à la réalité lorsqu'une douleur m'arrache un cri horrible. Un coup. Dans la jambe. Je tombe à la renverse mais du mauvais côté du sentier. Je me mets automatiquement en boule, en dégringolant ce fossé. Les pierres heurtent mon dos ainsi que ma jambe endommagée. Je souffre en silence pour éviter de me faire repérer mais avec le cri que j'ai poussé, il risque de connaître ma position.

Alors il a pour but de me liquider ? Ou alors sait-il juste parfaitement visé ? Mon corps trouve enfin un sol stable et je m'écroule sur ce lit de feuilles d'automne. Je m'empresse de regarder l'état de ma jambe qui -je le présumais- est en sang. La balle ne semble pas être sortie de l'autre côté. Il va falloir à tout prix l'enlever sinon ça s'annonce compliqué pour moi.

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