Chapitre XIX

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Nous avons vu défiler de nombreuses routes, de nombreuses autoroutes, pleins de forêts, beaucoup de cabanes isolées, beaucoup de caves toutes différentes les unes que les autres. Mais rien n'a changé : je suis toujours sous son emprise. Il s'est passé six mois après cet effroyable aveu de Jin qui n'est autre que le meurtre de ma mère.

J'ai réalisé durant ces six mois, que je n'étais plus qu'un minuscule bout de moi-même. Et la seule personne qui pouvait me contrôler à sa guise, c'était lui. Jin. Cet homme imprévisible et dépourvu d'empathie. Il ne reflète qu'une part obscure de lui-même qui a simplement pris le dessus.
Durant ces six mois, il a tué quelques personnes. Des personnes sans intérêt pour moi. Sans intérêt pour lui. Simplement par amusement. Car tout ce qui l'anime chez lui, c'est tuer. Et moi, à l'occurrence. Il ne cesse de dire que je ne suis qu'à lui. Que je ne pourrai jamais m'enfuir et que personne ne peut m'enlever à lui.

J'ai fini par y accepter. Accepter le destin que m'offre les cieux. Je n'ai pas le choix. Je n'ai plus le choix. Ma vie est fichue quoi qu'il en soit. Mon père est mort, ma mère également. Mes études de psychologie sont loin derrière moi. Il ne me reste plus que Jin. Si il venait à mourir, je ne serai plus rien. C'est assez ironique comme situation mais c'est la vérité : il m'a façonné à sa façon jusqu'à prendre tout ce qui m'était cher. Je suis son petit objet, ou son petit robot. En voilà bien, un terrible destin...

Cela fait un an. Un an que je suis sous l'emprise de cette homme. Lui, en qui je n'avais que mépris et dégoût au début. Comment ai-je fait pour avoir de l'affection pour lui ?

Comment est-ce possible d'être attirée par un psychopathe ? Je deviens peut-être folle. Il me rend complètement dingue... Je n'aurai jamais du lui venir en aide et le laisser mourir sous mes yeux. Mais je n'ai pas réussi, c'était plus fort que moi. Ses yeux remplis de larmes étaient si sincères. Comment je pouvais savoir que sous ses airs de chiens battus, se cachait un réel tueur ? Déception.

Ses mains robustes viennent se poser sur mon épaule, tendrement mais avec une certaine pression. Il a fini son affaire. Je sens légèrement son souffle chaud sur ma nuque à peine dévoilée.

- On s'en va.

Je hoche la tête à mon habitude en ne disant rien. Je vais quitter cet entrepôt. Enfin. Ça fait déjà bien deux heures que j'attendais. Après tout, je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même. Cet homme ne serait pas mort si je n'avais pas quitté la maison. Je le déteste au plus profond de moi.

Nous nous hâtons jusqu'à la voiture. Il referme la portière derrière moi, s'installe et démarre la voiture. C'est devenu un quotidien, une routine que je n'aurai jamais imaginé un jour. Ce ne sont que dans les fictions qu'on voit ça. Malheureusement, ce n'est plus le cas pour moi.

- La prochaine fois, je te couperai les jambes.

- Tu dis ça à chaque fois.

- Je ne rigole plus Rachel. Je ne veux pas te perdre, alors si il faut t'amputer pour éviter que tu t'en ailles, alors je le ferai.

Je lâche un soupir. Ma tête se cale sur le rebord de la vitre de la voiture, appréciant les légères vibrations que me procure celle-ci. Le paysage défile. Les arbres se font de plus en plus denses, et nous voilà bientôt enfoncés dans une forêt sombre.

Cela me donne la chair de poule à chaque fois. En même temps, cette maison est horrible comparé aux anciennes. Elle est infestée d'araignées géantes, les lattes du lit font un bruit désagréable et il y a une odeur qui donne envie de vomir.

Point positif : il n'y a pas de cave. Au moins, je n'aurai pas besoin de dormir à meme le sol lorsque je suis punie de mon « attitude extravagante ».

Him Où les histoires vivent. Découvrez maintenant