One Shot Aléatoires

Drunk

Le bruit de la bouteille qui se brise retentie dans l'appartement, je suis à sec, putain. Plus un seul alcool à me mettre sous la main, plus rien, pas une goute, et je suis seul, parfaitement et horriblement seul.

Légèrement fébrile, je prends appui sur mes jambes tramblantes avant de me redresser, provoquant en moi des vertiges violents manquant de me faire tomber. Un soupir s'évade d'entre mes lèvres alors que je récupère mon porte-monnaie sur le bar avant de quitter l'appartement, sans mon portable, de toute façon à quoi bon ? Il est parti, emportant mon coeur et ma raison avec lui. Après avoir jeté un dernier coup d'oeil aux quatre bouteilles vides et cassées, je referme la porte, progressant doucement et difficilement jusqu'à l'ascenseur, montant dedans rapidement. Les secousses me donnent une horrible envie de vomir et je suis l'homme le plus heureux lorsque je descends de la grande boîte métallique.

Le chemin jusqu'à la supérette du coin me semble infiniment long, comme si elle se situait à des kilomètres de l'appartement alors qu'est n'est qu'à 600 mètres. Les portes coulissantes s'ouvrent doucement avant que je n'entre, me dirigeant vers le rayon de l'alcool sans tarder, saluant un caissier au passage, d'une voix incertaine et peu stable. Je ne suis pas long à prendre quelque dix bouteilles de différents alcools avant de rejoindre les caisses essayant tant bien que mal de marcher droit et sans parler afin que personne ne sente mon haleine alcoolisée. Finalement, personne ne m'arrête et je ne suis pas long à ressortir du magasin avant de rejoindre notre appartement, toujours aussi vide.

Seulement, malchanceux comme je suis, je tombe sur une patrouille de police et vu mes achats et mon haleine, je n'avais pas trop moyen de me défendre. Je suis cuit. Ainsi je finis au commissariat, assis sur une chaise très peu confortable alors que l'agent en uniforme appel mon conjoint. Or je ne pense pas qu'il va venir me chercher, nous venons juste de nous disputer et il a quitté le domicile avec fracas.

Pourtant, une vingtaine de minutes plus tard, allrs que je suis en celule de dégrisement, mon homme entre dans le commissariat réclamant après moi, en un soupir lassé. Je sais mon amour, sans toi je ne fais que des bêtises. Cependant, un fin sourire se paye sur son visage lorsque l'officier le dirige vers moi.

"- Aller, viens là trésor, on rentre à la maison. Dit-il doucement, bien trop doucement.

- Voui. J'articule difficilement. Les bouteilles, elles sont où ?

- Je les ai, mais pas touche, je pense que tu as déjà bien assez bu pour ce soir."

Mon copain remercie l'agent avant de quitter la bâtisse, il jette les bouteilles dans la première poubelle venue sans que je ne m'en aperçoive, bien trop ivre, et m'assoit dans sa voiture difficilement. Rien qu'à son regard je vois bien qu'il est déçu de moi, de mon comportement. Pourtant, je sais très bien que ça ne changera pas, à chaque fois c'est pareil, la même mélodie, dès qu'il part loin de moi je ne le supporte pas et je bois bien plus que raison, je fais n'importe quoi et comble le vide de son absencecomme je le peux. Sans lui je suis perdu, il est tout mon monde.

"- Tu es fier de toi j'espère ? Il se retient de me hurler dessus, sa colère et me fais baisser les yeux, honteux.

- Je suis désolé...

- C'est toujours pareil avec toi de toutes façons. Tu vas faire comment quand je ne serais plus là, hein ?

- ...

- Tu comptes te bourrer la gueule jusqu'à finir dans un coma éthylique, voir jusqu'à en mourir ?

- Non...

- Putain, tu es complètement irresponsable ! Imagine si je n'avais pas mon portable avec moi ? S'il y avait eu plus d'alcool a la maison ? Cette patrouille ? Tu serais où à l'heure actuelle hein ?

- Je n'en sais rien...

- Tu serais en train d'agoniser au sol à cause d'autant d'alcool, tu es complètement irresponsable, putain, tu as 27 ans plus 12 ! Il est temps de te responsabiliser ! J'en peux plus de ton comportement...

- Pourquoi tu t'énerves autant, tu étais bien parti pour ne plus revenir à la base... ?

- Putain, mais je t'aime, ça ne te vient pas à l'esprit ça ? Je n'ai aucune envie de perdre mon mari à cause de l'alcool !

- Je suis désolé...

- Pas autant que moi. Je ne veux plus voir d'alcool à la maison, c'est bien clair ?

- Oui.

- J'ai l'impression d'avoir un gosse avec moi, à chaque fois que je pars un peu trop longtemps ou que je dois m'absenter sans te prévenir, à chaque fois tu fais des conneries.

- Je suis rien sans toi.

- Moi non plus, pourtant je reste correct et je ne fais pas n'importe quoi dès que tu t'absentes une heure !

- Je suis désolé...

- Ferme là, je ne veux plus t'entendre. T'es excuses tu peux te les garder, j'y crois plus, tu t'excuses toujours et tu fais encore pire à chaque fois... J'ai qu'une envie c'est de t'en coller une tant tu m'énerves. "

Je n'ajoute rien, ne voulant pas l'énerver d'avantage, baissant la tête, déçus de mon propre comportement. Mes yeux se posent sur lui, ses mains fermement accrochées au volant. Même énervé, il est toujours aussi sexy, mon mari est vraiment magnifique, c'est dingue ça. Ma pensée me fait sourire et ça ne lui échappe pas.

"- Tu es fier de toi en plus ?

- Oui, au moins tu es revenu.

- C'est vrai que se bourrer la gueule et finir chez les flics c'était la seule solution pour me demander de revenir, bravo. Dit-il, complètement neutre.

- Je t'aime.

- Je t'aime aussi, c'est pourquoi je n'ai pas envie de te perdre pour des conneries comme ça, je voudrais que tu ailles voir quelqu'un pour corriger ce problème avec l'alcool ou du moins empêcher que ça en devienne un.

- Je le ferais, je veux juste plus te savoir énervé et loin de moi.

- Dans ce cas, on va faire des efforts tout les deux. Soupire-t-il en se garant."

Seulement à ce moment je me rends compte que je n'ai pas finit de me faire sermonner, il n'a pas encore vu l'état de l'appartement, les choses cassées et les bouteilles d'alcool... Avant que tout ne s'éffondre à nouveau, je tire délicatement sur sa manche, le faisant se retourner vers moi avant de venir poser mes lèvres contre les siennes avec douceur et amour. J'espère du plus profond de moi qu'il ne va pas de nouveau partir, je l'aime de tout mon coeur et je donnerais tout pour lui, le garder près de moi à tout jamais. Ses beaux yeux sont bien trop chers à mon coeur.