One Shot Aléatoires

La pluie

Musique utilisée dans l'écrit : La pluie de Nuit Incolore.

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Je n'avais pas pris mon manteau, dehors il pleuvait à grosses goûtes mais je n'en avais que faire. Lassé de tout, sans raison pourtant ; dans ma vie tout va bien, amis, famille, travail. Ma rupture remonte à il y a maintenant plus de trois ans et je n'en souffre pas, du moins plus, j'ai même un flirt avec qui tout ce passe à merveille. Cependant, ce soir j'ai ce besoin de tout chasser, et quoi de mieux que de marcher sous la pluie ? Pour moi, rien. Bien-sûr, je sais que tout le monde ne partage pas mon avis, certain.e.s n'aiment pas la pluie, ou bien la trouve déprimante. Il y en a même qui disent que c'est une chose de dépressif que d'aimer la pluie. M'enfin, pourquoi pas.

Je suis là dans les rues à déambuler sans intérêt, sans destination, laissant mes pas me guider. Un fin sourire au lèvres, je lèves les yeux au ciel, appréciant la sensation des goûtes venant s'échouer contre ma peau. Depuis que je suis gosse, cette sensation a toujours été le signe du plus gros lâcher prise ; sentir les goûtes de pluies humidifier ma peau signifie que c'est une pause, que je peux me relâcher le temps qu'il faut pour repartir du bon pied et continuer d'avancer, comme je l'ai toujours fait. Être meilleur chaque jour et donner le meilleur de soit.

Pourtant, je ne reste pas longtemps en place, mes yeux se reposent sur l'asphalte et doucement mes pas reprennent, je les laissent me guider ou bon leurs semblent, dans une marche aléatoire, j'avance sans savoir dans quel but, qu'elle est la destination. Juste me laisser guider, perdu dans mes pensées, je ne prette attention à rien, si aux voitures qui passent et m' éclaboussent, ni au chien qui aboie à mon passage, simplement j'avance sans me préoccuper de mon environnement, comme si mon corps et ma tête étaient déconnectés.

Puis, au bout d'une durée qui m'est inconnue, me voilà dans un parc dont je ne connaissais même pas l'existence, perdu au beau milieu de nul part. Pourtant, cela ne me perturbe pas, le ciel est d'un noir opaque, il doit y avoir de nombreux nuages car l'éclat des milliers d'étoiles ne me parvient pas, et encore moins celui de la lune. Nuit incolore.

D'un regard intrigué, je zieute le paysage, analyse les lieux, essayant vainement de me repérer. Je pense que je me suis vraiment perdu, ce n'est pas grave, là balade n'en sera que plus agréable, j'ai la nuit devant moi après tout.

Au loin, un groupe de gens m'observent, intrigués, ils ne semblent pas serein et partent rapidement. Un sourire aux levres, tel l'adolescent que je suis resté malgré les années prises dans la vue, je m'installe sur l'une des balançoires trempées, il ne me restera plus qu'a changer de caleçons à mon retour, si toute fois je retrouve ma route. Rester à airer dans les rues serait drôle un temps mais ce serait lassant à force. Mais bon, je ne m'en fait pas trop, vu notre génération, se perdre est impossible, notre smartphone nous redirigera toujours au bercail.

Désormais seul, bien que leurs présences n'auraient rien changées aux cours des choses, je prends appuis sur mes pieds afin de me donner de l'élan, peu à peu, mon corps se balance d'avant en arrière alors que le froids vient mordre mon visage, laissant une sensation de picotements pas forcément agréable. Finalement, une veste n'aurait pas été de trop.

Puis, dans un semblant de je-ne-sais-quoi, un élan de folie sûrement, ma voix s'élève dans la nuit.

《 De mon berceau, je l'entends, je les sens
Le parfum et la rumeur d'un chagrin
Mon univers me semblait innocent
La lune était un solitaire témoin

Je passais une énième nuit sans couleur
Avec l'aversion pour mes souvenirs en enclume
M'apprêtant à rejoindre la noirceur
Je me pensais au travers de la brume