Clé 1 : Wildlife

Chapitre 6

En s'approchant de la forêt, Minho ne savait pas si c'était une bonne idée d'y retourner. La dernière fois qu'il avait été dans ce lieu, il s'était vu avec les yeux rouges et il ne savait toujours pas si c'était son imagination ou la réalité. Arrêtant sa voiture à l'orée de la forêt, Minho se mit à fixer les arbres.
Cette forêt avait depuis toujours été un refuge pour Minho, quand il était petit et que ses parents lui mettaient une pression monstre au sujet des ses études et du rôle qu'il allait devoir jouer en tant qu'alpha de la meute des Lee, Minho avait prit l'habitude de venir dans cette forêt. Au départ, il y courrait seulement pour partir se cacher dans le coin le plus profond des bois et se couper de l'agitation de la ville, mais au fil du temps, il s'était rendu compte que ce qui l'aidait à se vider la tête, ce n'était pas de se cacher loin de la ville, mais de courir. En courant, il avait l'impression que rien ne pouvait l'atteindre, il était maître de tout ce qu'il se passait et si il faisait un écart, ce n'était pas grave, se tromper de chemin dans une forêt ne lui ferait jamais mal, alors que se tromper en tant que patron du Yellow Wood pouvait lui être fatal. Alors, il s'était mit à venir courir dans ces bois tous les jours et il connaissait désormais la forêt comme sa poche.
Il savait où passer quand il était pressé, quel chemin éviter en hiver et aussi quelles clairières étaient les plus belles au printemps. Pour être honnête, Minho se sentait plus chez lui au milieu de cette grande nature que dans son appartement en centre ville. 

Voulant retrouver cette apaisante sensation que lui procurer le fait de courir au milieu des arbres, Minho sorti de sa voiture et s'élança. 

L'odeur des feuilles mortes du début d'octobre lui avait manqué. Il sentait l'odeur de la récente pluie sur chaque plantes qui poussaient ici, ses yeux s'émerveillant de la beauté de chaque arbres tandis que les animaux s'écartaient sur son passage. Minho respirait enfin, l'air naturel lui faisait un bien fou, mais sa rage n'avait pas cessé, elle était juste exposée au grand air. Alors, pensant que la vitesse pourrait l'aider à se calmer, Minho se mit à courir bien plus vite. 

Rapidement, il arriva devant le lac qu'il aimait tant. C'était certes dans le reflet de ce même lac qu'il avait vu ses yeux rouges, mais il restait dans un premier lieu, une étendu de paix qui avait réussi à l'apaiser dans toutes les circonstances. Malheureusement, comme la fois précédente, rien n'arrivait à calmer la colère du brun. Il avait la tête qui tournait et elle commençait à lui faire sérieusement mal, pas comme quand il choppait une mauvaise fièvre, non, plutôt comme si quelque chose chez allait en sortir. 

Des larmes coulaient désormais sur ses joues. Minho était complètement perdu, il ne se reconnaissait plus du tout.
Tout d'abord il avait laissé ses émotions le diriger à son travail en entrant dans un jeu de provocation avec un oméga, ensuite ses yeux avaient changé de couleur et maintenant, il perdait le contrôle à cause d'une simple entrevue avec un membre du clan des Kim. C'était n'importe quoi, tout allait de travers et Minho ne pouvait rien faire. Étant incapable de se calmer, ça allait être bien plus compliqué que prévu de comprendre pourquoi il n'était plus lui-même ces derniers temps. 

Minho avait soudain mal partout. Il sentait sa vue se brouiller et avant de s'évanouir, il passa la main sur ses dents et découvris avec effrois que quatre crocs remplaçaient ses actuelles canines. 

***

Minho s'était réveillé alors qu'il faisait nuit, toujours au bord du lac. Étrangement, tout allait bien.
Plus aucune douleur, ni l'impression que son loup intérieur était réveillé. En fait, il se sentait comme d'habitude, et ce fut un réel soulagement.
Il était ensuite rentré chez lui pour s'écrouler dans son lit, les évènements de la journée l'ayant totalement vidé de son énergie. 

Le lendemain pourtant, Minho ne se rendait pas à son lieu de travail. Le soir même ça serait la pleine lune et il préférait travailler chez lui avec sa fièvre lunaire que de passer la journée dans bureau. Comme tous les jours de pleine lune, Minho prenait son petit déjeuner tranquillement, il n'avait pas à se soucier d'arriver le plus tôt possible à son lieu de travail, il aimait donc prendre le temps de boire son café en observant la ville s'éveiller à travers la baie vitré de son salon.
Bien qu'il appréciait la forêt, Minho aimait la ville et ses douces lumières du matin. Le soleil caressait les gratte-ciel de ses rayons et il offrait une vue rosé tirant sur l'orangé absolument indescriptible à Minho.
Quand Minho regardait le soleil, il lui semblait bénéficier d'une grande pause dans sa vie mouvementée. 

Malheureusement, avant que la fièvre ne monte au cerveau de l'alpha, il tenait à rentabiliser un maximum sa matinée en traitant plusieurs dossiers. Minho appelait ça du gain de temps, mais en réalité il se surmenait. Parfois, il était conscient qu'il travaillait trop et qu'il devait se modérer, prendre un rythme qui ne le détruise pas petit à petit, mais c'était impossible. Sa vie était parfaitement rangée et il avait un chemin à suivre, alors travailler comme un forcené lui permettait de montrer au monde qu'il était digne de son poste, qu'il l'avait mérité, et pas seulement parce qu'il était le fils de l'ancien alpha de la meute des Lee. 

Minho avait donc passé la matinée à travailler mais arrivé à l'heure de manger, il avait dû arrêter. La pleine lune commençait à lui faire effet et la simple vue de la nourriture lui donnait envie de vomir. Pourtant, il avait faim mais l'idée d'avaler quelque chose le répugnait au plus haut point. Alors, pour passer le temps, il lança une série, ce qu'il faisait rarement même si il aimait bien se poser durant un après-midi et ne rien faire d'autre que de suivre des personnages fictifs dans une énième intrigue. 

Au fur et à mesure que les heures avançaient, la fièvre montait et il fut bientôt obligé de monter s'allonger dans son lit puisque sa série n'avait plus le moindre sens. Tout autour de lui semblait flou, les bruits étaient sourds, sa vue se brouillaient et il avait l'impression que son corps était enveloppé dans une sorte de cocon duveteux.
C'était le même schéma à chaque pleine lune, il avait cette drôle de sensation dans tout le corps, il montait se coucher et il attendait. Il attendait que le sommeil le gagne, fixant son plafond noir. Pour une raison inconnu, malgré son état étrange et sa furieuse envie de fermer les yeux et de sombrer dans le sommeil, il ne parvenait jamais à s'endormir. Une sorte de mécanisme interne semblait ne pas vouloir qu'il s'endorme avant une heure avancée de la nuit, ce qui agaçait Minho.
Après les nuits de pleine lune, il devait retourner travailler seulement il ne dormait que quelques heures et il se réveillait essoufflé, comme quand il rentrait de ses footing. 

Minho savait que ce soir ne ferait pas exception, alors pour passer le temps et enfin arriver au moment où il s'endormirait, il repensa aux derniers évènements de la semaine.
Son ami lui avait avoué souffrir d'une peine de cœur et les Kim prévoyaient de déclencher une guerre qui conduirait sûrement le pays à sa perte. Puis il y avait ce fameux détective privé, Han Jisung, qu'il avait employé pour découvrir qui était le mystérieux petit ami de Felix et maintenant qui enquêtait sur le clan des Seo. Il devait reconnaître que durant leur dernière entrevue, Minho s'était quelque peu montré odieux, mais le timing était vraiment mauvais. Il avait été toute la journée éprouvé par son mauvais pressentiment, et quand Jisung était venu lui faire part de sa demande de pouvoir travailler dans les locaux de Yellow Wood, ça avait été la goutte de trop. En même temps, les trois fois où Minho s'était entretenu avec le détective, celui-ci avait réussi à réveiller le côté loup de Minho sans qu'il s'en rende compte et qu'il sache pourquoi. Décidemment, ce Han Jisung était un drôle de numéro. 

Quelques heures après, Minho senti avec le soulagement la fatigue l'envahir. Mais au lieu de se sentir transporté dans son sommeil lourd, il senti qu'il s'éveillait. Il n'était plus le moins du monde fatigué, mais il n'était plus lui-même, ce n'était plus Lee Minho qui se contrôlait. Il senti qu'il se levait de son lit et avec un effort monstre, juste avant qu'il ne sorte de sa chambre, il se regarda dans son miroir. 

Des yeux rouges sang et des crocs.
Voilà ce que lui renvoyait son propre reflet.