Le Parc

114 12 18
                                    


Début d'après-midi, suite à un rapide repas, je partis comme tous les jours dans ces rues de Manchester que je commençais à connaître.

J'en avais pour vingt minutes à pied, j'aimais marcher, et de toute façon mon trajet était plus simple à pied qu'en transport. Je traverse un parc assez vide à cette heure-ci et en milieu de semaine. Seulement quelques personnes dont surtout des retraités et quelques promeneurs de chiens.

Alors que je venais de finir de traverser le parc et m'avançais vers la sortie, mon cœur se serra. Je baissai la tête et accélérai le pas, tout en me tenant le plus à droite possible du chemin. Évidemment peine perdu vu que le chemin n'était large que de quelques mètres et que cela revenait au même. Ils me voyaient arriver.

A ma gauche, à une cinquantaine de mètres du chemin se trouvait une aire avec plusieurs tables de pic-nic accolées à un petit parking où se trouvaient leurs imposantes motos.

Comme souvent, ils étaient là, fumant leurs clopes et ne semblant rien faire d'autre de leur journée. Toujours cette même bande de punk, avec leur jean troués, leur blouson de cuir et leur peau remplie de tatouages et de piercing.

Plus je me rapprochais plus je sentais leurs regards me fixer et quand fatalement je passa devant eux, les rires s'élevèrent accompagnés d'une flopée d'insulte et diverses réflexions.

- Eh toi là !

- Il est où ton tutu rose ?

- Oh réponds la tarlouze !

Je sortis du parc, m'éloignant d'eux et traversai la rue pour arriver à l'imposant bâtiment blanc de style classique en face. Le grand conservatoire de danse de la ville.

J'en avais malheureusement pris l'habitude, c'était quasiment quotidien depuis plusieurs semaines que j'avais fait ma rentrée ici.

J'étais originaire de Holmes Chapel, une petite ville, où j'ai grandi avec ma mère et ma sœur. Notre père était parti avant ma naissance, je ne l'avais jamais connu.

J'ai commencé à me passionner pour la danse très tôt. Gemma, ma grande sœur, en a fait un an quand elle était plus jeune. J'adorais assister à ses entraînements, même si elle, n'aimait pas cela et n'était vraiment pas douée. Je refaisais les exercices dans un coin de la salle, le professeur au début amusé finit par remarquer mes aptitudes et m'intégra au cours. Elle arrête rapidement à la fin de l'année, moi pas.

Je progressais vite, le professeur ne cessait de dire à ma mère que j'avais de grandes capacités. Lui répétant pendant des années qu'il fallait que j'intègre un grand conservatoire et que je ne reste pas bloqué ici.

Au nom de ma passion, on a donc déménagé à Manchester, la grande ville la plus proche, après des mois de discussion. Je réussis sans aucune difficulté les auditions d'entrée au conservatoire, ce fut une simple formalité pour moi.

Le matin je continue mes cours dans une école aménagée et adaptée à ce rythme de vie et tous les après-midi je danse.

Et même si je ne m'intègre pas vraiment à cette ville et auprès des autres élèves, le bonheur que j'ai à danser tous les jours me fait tout oublier.

Les entraînements sont rudes et intenses et on nous fait faire des exercices pendant des heures. Mais j'aime cette rigueur, seule façon de progresser et toujours plus se perfectionner.

Et comme souvent, ils se finissaient un peu tard, la nuit commençait déjà à tomber et les transports en communs se faisaient rares ou inexistant.

Punk & Ballet  (L.S)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant