Toute cette douleur... Ces doutes, ces peurs, ces angoisses...plus je me rend compte de leur existence, plus je me dit que j'en fais trop, et je me sens minable. Tellement minable. Et ça empire encore plus les choses. Je me sens sombrer dans ce cercle vicieux, et j'assiste, impuissante, à ma propre chute. Est ce que... Je me créée de la souffrance pour me sentir légitime de ce que je ressens ? "Tu en fais trop, Alice.", "Arrête ton cinéma, tu fais l'enfant", "Tu cherches juste à te faire remarquer". C'est ce qu'on m'a dit quand j'étais enfant. J'avais vraiment la sensation de souffrir, mais on m'a dit que j'en faisais trop. Est ce que j'ai juste appris à penser comme ça ? Que peu importe la douleur que j'exprime, c'est juste pour qu'on me remarque, et que je ne suis qu'une enfant capricieuse qui en fait trop pour qu'on prenne soin d'elle ? J'ai la sensation d'essayer de me persuader. De vouloir absolument trouver un motif valable pour justifier toutes ces questions que je me pose. Et si il n'y en avait pas ? Et si c'était vrai ? Et si j'étais attirée par la souffrance, que j'aimais ça et que je ne voulais juste pas m'en passer ? "Tu serais pas un peu autiste sur les bords ?" "T'es complètement tarée hein, on va t'envoyer à l'asile avec les fous !". Oui maman, je suis folle. Oui j'ai un "pète au casque". Oui, je suis tarée. J'adore souffrir et rien de ce que je ressens n'est raisonnable. Je ne suis qu'une folle qui aime se faire du mal, qui abuse de sa douleur et qui détruit son corps parce que c'est la mode sur internet, et que je ne suis qu'une petite fille facilement manipulable qui n'est rien d'autre qu'une gamine en pleine crise d'ado qui cherche à se faire voir.
Je n'arrive pas à penser de manière juste. À me séparer de ce sentiment amer. Toute ma vie... Mes pensées... Mon être. Est ce que tout ce que je suis se résume vraiment à eux ? Pitié non... Je ne peux pas l'accepter. Je ne veux pas. Je ne veux pas qu'ils soient le centre de ma vie. Je ne le supporte pas. Ils ne le méritent pas. Ils ne sont rien, rien du tout !
Quelle horreur... Je me sens sale. Leur existence me rend sale. Je ne crois pas un mot de ce que je dis. Ils me dégoûtent. Je me dégoûte. Est ce que ma vision de moi même n'est que le reflet de ce que je ressens à leur égard ? Je ne sais même plus ce que je ressens pour moi. Je me déteste tant que ça ? Autant qu'eux ? Est ce que je leur donne raison en me détestant ? Est ce que je les laisse gagner ? Gagner quoi ? Le fait d'avoir raison ? Le fait que j'ai la sensation d'avoir perdu ? Perdu quoi ? Ce que j'aurai pu gagner ? Gagner quoi ? Le bonheur ? Le bonheur c'est quoi ? C'est loin d'eux. Loin d'eux... Tout ira mieux. Je pourrais vivre quand ça arrivera. Quand je serai libre. Mon esprit sera libre.