Essai 13 : PDV Alice

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Mais comment ? Comment veux tu que je n'y prenne pas goût ? Comment veux tu que je ne le désire pas plus que tout ? Que je souhaite tout abandonner, oublier tout le reste, pour vivre à jamais ce genre de moments. Je me déteste. Je déteste être chez moi. Je n'aime pas mes cours. Je m'ennuie au lycée. Je broie du noir. Je ne veux pas rentrer. Je ne veux plus jamais rentrer. Oui, je prends goût à cette liberté. Est ce vraiment devenir minable que de se faire au luxe de pouvoir aimer ? La seule chose qui a changé est que je vois quelqu'un deux fois par semaine au maximum. Je peux me balader dans ma ville. Et aller chez quelqu'un. J'ai une vie sociale. J'ai une putain de vie sociale et on me le reproche. Est ce vraiment égoïste de désirer quelque chose qui nous rend heureux ? Oui ça l'est. Oui c'est égoïste. Tant pis. Je serai égoïste. Je vous déteste. Je ne suis pas heureuse. J'en ai marre de toujours devoir me taire. De toujours devoir subir. De toujours devoir faire semblant. J'en ai marre que tout ce que je ressente soit lié à ma haine. Que ma vie tourne autour d'eux. Que mon existence soit définie par la leur. J'en ai marre. Je veux vivre. Eux aussi sont égoïstes. Bien trop égoïstes. Si ils ne le sont pas sur certains points, ils le sont sur d'autres. Je refuse d'être la seule coupable. Je refuse de me sentir coupable d'être heureuse et de le vouloir. Je n'en peux plus de toujours m'en vouloir. C'est épuisant. Je veux juste me sentir bien. Pas qu'ils gâchent tout. C'est eux qui gâchent tout. C'est eux les fautifs. Je les hais. Ils détruisent ma vie. Leur contrôle me rend malade. J'ai l'impression d'être éteinte. C'est insupportable. J'ai besoin de vivre. J'ai besoin de ne plus être avec eux. Et je m'en veux toujours terriblement. Et j'ai peur. Comme d'habitude. Je vais rentrer, et les choses se passeront comme toujours. Je ferai mes devoirs en retard, je me ferai engueuler sans rien dire pour un truc débile et sans intérêt, je ferai semblant de les tolérer, j'irai me coucher sans chercher où je pourrai aller. Je m'endormirai juste. Comme d'habitude. Sans la force d'y penser. Je hais ce quotidien.

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