ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝓢𝕚𝕩

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Santana se retrouva entourée de miroirs, perdue dans ce labyrinthe où son reflet se distordait à chaque pas. Les surfaces étaient crasseuses, tachées, si hautes qu'elles semblaient s'étendre jusqu'au ciel. Elle avançait à l'aveuglette, guidée seulement par ses mains tremblantes qui frôlaient les miroirs glaciaux. Partout, des versions grotesques d'elle-même la fixaient avec des sourires tordus, des corps déformés.

Soudain, elle arriva dans une salle plus vaste, au centre de laquelle se dressait un unique miroir, propre et étincelant, projetant une lumière étrange. Il semblait l'attendre.

Son reflet était normal. Trop normal.

Santana hésita. Puis, avec précaution, elle s'avança. Mais alors que ses yeux scrutaient son double, celui-ci bougea indépendamment d'elle. D'un geste lent, il leva une main et la salua doucement. Le cœur de Santana rata un battement. Son propre reflet... qui lui faisait signe ?!

Elle recula instinctivement, mais son reflet ne la lâchait pas du regard. Il semblait... impatient. D'un signe de la main, il l'invita à approcher.

Malgré la peur qui serrait son ventre, une force invisible la poussa à avancer. Quand elle tendit la main pour toucher la surface, tout explosa. Le miroir se brisa en des milliers de fragments qui s'envolèrent comme des lucioles dans la nuit noire, laissant Santana seule dans une obscurité oppressante.

Puis, brusquement, la fête foraine réapparut. Mais cette fois, tout était différent. Les couleurs avaient perdu leur éclat, les manèges tournaient au ralenti, et un vent glacial soufflait dans l'air. Les poissons qui nageaient dans le ciel semblaient agités, presque terrifiés.

Et alors, elle le vit.

Une créature gigantesque émergeait des ombres, marchant d'un pas lourd et terrifiant. Il était monstrueux, ses poils noirs et sales couvraient son corps imposant, et son sourire figé, avec ses dents parfaites, semblait tout droit sorti d'un cauchemar. Ses yeux, cousus, étaient fermés, mais elle sentait qu'il la voyait, qu'il la traquait.

Elle tenta de reculer, mais ses jambes ne répondaient plus.

- Ah, Dougly... Une voix douce et traînante fit vibrer l'air. -Il est venu pour toi, ma chère.

Santana se tourna brusquement. Le magicien se tenait là, nonchalamment adossé à un stand abandonné. Son sourire malicieux éclairait son visage pâle, et ses yeux sombres, insondables, la fixaient avec amusement.

- Pourquoi ? Pourquoi est-il là ? balbutia Santana, sentant la panique monter en elle.

Le magicien s'avança doucement, ses pas ne faisant aucun bruit, comme s'il flottait. Son sourire s'élargit.

- Oh, ma petite Santana... dit-il en faisant rouler les mots sur sa langue, savourant chaque syllabe. - Dougly est là pour une simple raison. Il veut ton âme.

Le monde sembla s'arrêter. Le rire du magicien éclata soudain dans l'air, un rire qui fit frissonner chaque cellule du corps de Santana.

- Mais ne t'inquiète pas, petite. Il se pencha vers elle, ses yeux perçant les siens. - Tu as encore une chance. Regarde.

Il pointa du doigt une porte, loin, très loin à l'horizon, à peine visible au milieu des ténèbres. Santana sentit son estomac se tordre.

- Si tu cours assez vite, murmura-t-il avec un sourire narquois, tu pourrais l'atteindre avant qu'il ne te dévore.

Santana hésita, pétrifiée. Derrière elle, Dougly approchait, chacun de ses pas faisant trembler le sol sous ses pieds.

- Cours, Santana. La voix du magicien était devenue plus froide, presque sinistre. - Cours... ou dis adieu à ton âme.

La fête foraine : La pomme d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant