La pomme d'amour reposait au fond du réfrigérateur, enveloppée de plastique, intacte. Ils l'avaient mise de côté pour plus tard mais lui avaient interdit de la manger. Au départ, c'était pour eux, mais apparement, ils n'aimaient pas cette sucrerie. Pour la narguer, elle reposait là, dans un endroit où chaque matin Santana le verrait. Pour se changer les idées, elle s'occupait de Lila, sa peluche préférée. Lila est un lapin blanc, devenu gris avec le temps, des fils pendaient ici et là. Il lui manquait un oeil, laissant une trace claire. Elles jouaient à la dinette dans sa chambre.
- Je vous resserre une autre tasse de thé ma chère Lila ?
- Avec plaisir dame Santana, dit Santana en modifiant sa voix pour imiter son invitée.
- Oh un cadeau !
La petite boîte revenu dans ses pensées tantôt lui avait inspirée cette scène avec Lila. Désormais, son regard inspectait librement cette mystérieuse boîte. Les couleurs et le thème ressemblaient trait pour trait à ceux de la camionnette clownesque. Etait-ce une simple coïncidence ? Elle se hâta d'écarter cette pensée, effrayée par l'idée que cela puisse être lié. Se remémorant furtivement la scène, elle cru pouvoir de nouveau sentir l'odeur enivrante de la pomme d'amour. Aussi avec celle du pop-corn, de la barbe à papa, des cacahouète grillées... comme c'est divin.
Elle ouvrit la boîte et découvrit un flacon de parfum. Stupéfiant ! Son prénom y était inscrit lettre pour lettre, en doré. Les évènements bizarres s'enchaînaient, mais elle pensait que cela devait venir de ses parents. Après tout, personne ne la connaissait dans le quartier, puisqu'elle ne sortait jamais. Cette pensée la rassura.
Le plus surprenant était que le flacon n'était rempli qu'à moitié. Quelqu'un l'avait déjà utilisé. Le parfum de sa mère était souvent à moitié vide aussi, et parfois à moitié plein mais elle n'a jamais prêté attention à ce qu'un flacon devait contenir. Qu'il soit à moitié vide ou plein, c'était la même chose. Il y a du parfum, c'est tout. Sans plus attendre, elle en pulvérisa un peu dans l'air. Les petites gouttes retombèrent délicatement sur sa peau. Elle inspira profondément, le nez levé, et expira. Le parfum sentait délicieusement bon.
- Comme ça sent bon ! dit-elle en inspirant encore une fois, le visage détendu.
Cette odeur était unique. C'était bien la première fois qu'un parfum lui semblait aussi alléchant. Et si elle en mettait sur elle ? L'idée lui traversa l'esprit, mais elle décida de ne pas prendre de risque. Ses parents ne savaient pas qu'elle avait trouvé un parfum sous leur porche, alors mieux valait ne pas attirer l'attention en sentant une odeur inhabituelle.
- Merci Lila, dit-elle en se dirigeant vers l'une de ses commodes.
Elle entreprit de faire une place à son nouvel objet, le cachant derrière plusieurs peluches qui décorer son meuble. Au passage, elle s'admira dans le miroir qui reposer également là. Elle pouvait voir son reflet de dos dans le miroir de sa coiffeuse, à l'opposé de la pièce. Elle s'en approcha et s'assit sur sa chaise. Une mèche de cheveux tomba devant son front qu'elle remis derrière son oreille. L'envie de mettre son serre tête de couleur lila lui vint, et elle l'installa confortablement sur sa tête. Après un rapide brossage, sa coiffure était impeccable.
Ses pensées divaguèrent vers la petite fille au visage de clown. Une curieuse aura semblait l'entourer. En se regardant dans le miroir, Santana se demanda à quoi elle ressemblerait avec du maquillage. Le seul trait qu'elle aimait bien chez elle, c'était ses yeux, sans qu'elle ne sache trop pourquoi. Ses yeux, ronds et expressifs, semblaient transmettre autant d'émotions tout en gardant leur même forme.- C'est stupide... murmura-t-elle en se fixant dans le miroir.
Elle ouvrit un tiroir et prit un fard à paupière qu'on lui avait offer pour Noël. Un petit écrin contenant deux couleurs : bleu et violet pastel, d'un coffret à jouer pour enfants. Il y avait aussi une tête de poupée à maquiller avec, mais elle l'avait jetée, ne gardant que ces fards à paupières et un mascara rose pâle. Maquiller une tête de poupée lui semblait absurde ; c'était bien plus amusant de le faire sur soi. Bien qu'elle ne sache pas se maquiller, elle avait vu sa mère le faire chaque matin, répétant toujours les mêmes gestes dans le même ordre. Elle prit le petit pinceau et déposa la poudre bleu sur sa paupière. Dans un geste répétitif, de droite à gauche, pour bien étaler la couleur, puis recommença.
- Oh non, c'est pas du tout le résultat que j'espérais, dit-elle, déçue en regardant son œuvre.
Le bleu recouvrait ses paupières de façon inégale, laissant apparaitre des parcelles de peau ici et là. ce n'était pas très voyant, mais ce n'était pas non plus ce qu'elle avait en tête. Sa mère le faisait tellement mieux. Elle avait suivi les mêmes gestes , pourtant sur elle, le résultat était différent. A ce moment là, Mme Dupont entra dans la chambre. Toutes deux se regardèrent dans le miroir. Mme Dupont, amusée, laissa échapper un léger rire, ce qui rassura immédiatement Santana, qui se renfrogna un peu sur sa chaise.
- Ma chérie, qu'est ce que tu fabriques ? demanda-t-elle en riant, tout en s'approchant de la coiffeuse.
- Je voulais faire comme toi, répondit Santana.
- Je trouve que tu te débrouille plutôt bien. Relança Mme Dupont avec bienveillance et sincèrité.
- Tu le fais mieux que moi en tous cas. Répondit Santana en baissant les yeux, maussade.
- A mon âge, sûrement, mais quand j'avais ton âge... je ne me maquiller même pasencore. Et quand j'ai commencé, on aurait dit que j'avais un oeil au beurre noir ! plaisanta sa mère en prenant le visage de sa fille entre ses mains pour la démaquiller. - Regarde.Mme Dupont appliqua un maquillage délicat sur sa fille. Santana regarda son reflet, impressionnée. Sa mère, elle aussi, observait le résultat avec satisfaction. Pour une fois, maquiller quelqu'un d'autre qu'elle même avait été un succès, et heureusement que c'était du maquillage pour enfants !
- C'est beaucoup mieux, c'est super jolie maman, s'émerveilla Santana.
- C'est parce que tu est très jolie ma fille, répondit Mme Dupont en souriant tendrement.Santana tourna son regard vers sa mère. Elle pouvait lire l'amour dans ses yeux. Ces mots la mettait toujours un peu mal à l'aise ; elle ne savait pas vraiment comment réagir. Elle se fendit d'un sourire timide en guise de réponse.
- Je voulais te parler de quelque chose, dit Mme Dupont en se relevant.
Elle se mit à marcher dans la chambre tandis que Santana la suivait du regard, attentive, tout en se démaquillant.- Puisque ça fait maintenant un mois qu'on est ici, avec ton père, nous avons pensé à organiser une pendaison de crémaillère, continua Mme Dupont en marquant une pauser. Nous avons donc invité la petite fille blonde du quartier, la voisine, celle dont je t'avais mentionné....
- Oui maman, je me souviens.
- Bien. Alors nous l'avons invitée pour dimanche midi. C'est un jour parfait. Ce serait bien de lui faire visiter la maison et ta chambre par la même occasion d'accord ? Insista Mme Dupont, ça sera une bonne occasion d'en faire une copine.A peine eu-elle prononcé ces mots qu'elle quitta la chambre, sans attendre de réponse, qui semblait déjà acquise. Santana laissa échapper un soupir de contrariété. L'idée de partager son quotidien avec quelqu'un d'autre l'agaçait même pour quelques heures. Cette fille allait pouvoir toucher à tout, même s'asseoir sur son lit... ou pire, vouloir jouer à l apoupée avec sa maison de poupée de collection !
-Argg...Je lui interdirais de toute façon, se rassura Santana, encore agacé par la nouvelle.
Mais pour l'heure, elle rangea ces affaires correctement avant de passer à table.
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La fête foraine : La pomme d'amour
KorkuBoum ! Nous voilà transportés au cœur de la fête foraine, là où le rire des enfants se mêle aux mélodies des carrousels, où les lumières étincelantes dessinent des ombres mouvantes sur les stands de confiseries. L'air est chargé de l'odeur envoûtant...