ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝓢𝕖𝕡𝕥

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Ses larmes coulaient sur ses joues rougies. Allongée sur son lit, tremblante, Santana peinait à croire ce qu'elle venait de vivre. Était-ce seulement un rêve ? Un cauchemar qui avait pris forme dans son esprit ? Comment n'avait-elle pas vu les signes ? Tout était pourtant sous ses yeux : la nourriture, les sourires étranges des enfants, le magicien, et cette maudite porte. Évidemment, elle n'aurait jamais dû la franchir. Mais la sensation qu'elle avait ressentie en entrant... C'était une expérience bouleversante, une sorte de plaisir coupable, un état de frisson inconnu. Et même si la peur l'avait envahie, il y avait quelque chose de différent cette fois. Ce n'était pas la même terreur ordinaire. C'était... poignant, déroutant.

Jamais auparavant elle ne s'était sentie aussi vivante. Ce monde étrange, aussi dangereux qu'il soit, l'avait arrachée à la banalité. Le magicien l'avait trahie, c'était évident. Mais alors, pourquoi pleurait-elle vraiment ? Était-ce parce qu'elle avait échappé à la mort de justesse ? Ou parce qu'elle se sentait abandonnée par celui qu'elle considérait comme un ami ? Les réponses lui échappaient.

Elle renifla, essuya ses larmes et se força à fermer les yeux. Pleurer lui avait fait du bien, mais à cet instant, elle se sentait vidée. N'était-elle pas déjà morte à l'intérieur ? Enveloppée dans la douce chaleur de ses draps, Santana laissa enfin le sommeil l'emporter. Le monde des rêves l'attendait, cette fois monochrome, en noir et blanc.

Quelques jours plus tard, Santana guettait toujours le retour de Louisa. Elle était rentrée de chez ses grands-parents, mais depuis, elle semblait avoir disparu. Plus de rires dans le jardin, plus d'apparitions dans le quartier. Auparavant, la présence de Louisa l'irritait. Aujourd'hui, Santana espérait la revoir, ne serait-ce que pour comprendre ce qu'il se passait réellement. Quel était ce secret qu'elle cachait si bien ? Qui était-elle, vraiment ?

Quant au magicien, la colère de Santana ne s'était pas complètement dissipée. Bien que l'homme l'ait laissée face au danger, elle ne pouvait s'empêcher de penser à lui. Il lui permettait de s'évader, de fuir la réalité, d'entrer dans un monde où la magie régnait. Mais pourquoi ne l'avait-il pas aidée lorsqu'elle en avait eu le plus besoin ? Pourquoi était-il resté impassible alors que Dougly menaçait de la dévorer ? Ces questions la hantaient. Elle se sentait trahie, déconcertée. Suis-je vraiment son amie ? se demandait-elle. Avait-elle seulement compté pour lui ?

Son père frappa doucement à la porte, interrompant le fil de ses pensées.

- Santana ? Tu es là ?

- Oui, papa.

Il entra avec une certaine maladresse, prenant place sur la petite chaise en bois devant sa dinette. Ses gestes étaient hésitants, comme s'il cherchait les bons mots.

- Comment tu vas, ma chérie ?

Santana le regarda sans trop savoir quoi répondre. Elle se contenta de hocher la tête.

- Bien... Et toi ?

- Etretat te plaît ? continua-t-il, d'un ton qui trahissait un malaise sous-jacent.

- Oui, beaucoup.

Elle devinait qu'il avait quelque chose en tête, mais il semblait avoir du mal à l'exprimer. Il esquivait son regard, ses mains trahissaient son nervosisme, froissant le bas de son pantalon. Cet échange était inhabituel, presque gênant. Ils n'avaient jamais eu de conversation aussi intime.

- Bon, d'accord. Tu nous dirais si quelque chose n'allait pas, n'est-ce pas ?

Santana hocha de nouveau la tête, le malaise la gagnant elle aussi. Elle aurait voulu lui parler, lui dire ce qu'elle avait vécu. Mais par où commencer ? Comment expliquer l'inexplicable ? Son père se leva, visiblement soulagé de cette réponse. Il s'apprêtait à quitter la chambre quand Santana se décida enfin à parler.

La fête foraine : La pomme d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant