L'orage résonnait avec l'humeur de Santana, aussi sombre que le ciel. Le son métallique des couverts résonnait dans ses oreilles tandis que l'odeur de poulet grillé emplissait la pièce. Quatre couverts étaient disposés sur la table, au lieu de trois. Elle détestait ce chiffre. L'idée de ce quatrième couvert la rebutait. Elle détourna les yeux, les reportant à l'extérieur, de l'autre côté de la rue. Les silhouettes avaient disparu. Un éclair jaillit soudain, surprenant Santana. Le ciel était en colère ce soir. Au troisième éclair, les formes réapparurent, à peine perceptibles dans la lumière fugace. Des ombres, indistinctes, se dirigeaient vers sa maison. Puis, trois coups nets frappèrent à la porte.
La mort s'est invitée au dîner ? pensa-t-elle.
- Veux-tu bien aller ouvrir, ma puce ? appela sa mère depuis la cuisine.
Le temps sembla s'arrêter. Devait-elle vraiment ouvrir ? Était-ce la dernière fois qu'elle entendrait la voix de sa mère, la dernière fois qu'elle verrait son père, tranquillement installé avec son journal ? Santana se leva et se dirigea vers la porte, qui paraissait immense, comme si elle avait grandi. La poignée lui picotait la main, une sensation étrange s'étendait de sa paume jusqu'au bout de ses doigts. Est-ce Gill... ou bien la sœur de Louisa... ou le magicien ? songea-t-elle. D'une manière ou d'une autre, aucun de ces choix ne lui plaisait. Elle ouvrit la porte.
- Bonjour, ma chérie ! s'exclama Gill avec un large sourire.
Serait-elle soulagée de le voir ? Son oncle la serra dans ses bras. Ses parents ne tardèrent pas à venir l'accueillir également. Santana, elle, jeta un coup d'œil furtif à la rue avant que la porte ne se referme.
Elle se sentait piégée, comme écrasée entre deux rochers : d'un côté, Gill et ses regards obscènes, et de l'autre, une créature rôdant dans l'ombre, juste à l'extérieur.
Le repas était d'un ennui mortel. Santana jetait des coups d'œil réguliers par la fenêtre du salon, cherchant à travers la pluie battante le moindre mouvement. Mais la tempête volait la scène.
- Merde, j'ai oublié mes clopes... grogna Gill.
Ses parents le regardèrent avec réprobation.
- Oups, je voulais dire... j'ai plus de cigarettes, se rattrapa-t-il maladroitement. T'en aurais, par hasard ? Je te revaudrai ça.
- Comme toujours ! Taquina Mme Dupont.
Elle fouilla dans son sac un instant, mais en ressortit les mains vides.
- Eh bien, on est deux, dit-elle.
- Y a un bar pas loin ? demanda Gill.
- Près de la pharmacie. Avec ce temps, mieux vaut y aller en voiture, répondit M. Dupont.
- Bon, j'y vais. Santana, tu veux venir ? proposa Gill, sans cacher son impatience.
- Oh oui, vas-y avec ton oncle, nous, on va débarrasser avec ton père, ajouta Mme Dupont. Tu pourras lui montrer ton école. Ça fera un petit détour, mais ça ne prendra que cinq minutes.
Santana n'avait aucune envie de se retrouver seule avec Gill, mais elle y vit une occasion de sortir. Peut-être que cela en vaudrait la peine.
Elle s'installa sur le siège passager, silencieuse. Heureusement pour elle, Gill était trop préoccupé par son manque de nicotine pour tenter quoi que ce soit. Ils arrivèrent au bar-tabac. Santana accompagna son oncle, qui attendait dans la file. Pendant ce temps, elle flânait dans les rayons de journaux. Rien ne l'intéressait vraiment, mais elle en prit un au hasard, aimant l'odeur du papier imprimé. C'est alors qu'une ombre passa près d'elle.
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La fête foraine : La pomme d'amour
HorrorBoum ! Nous voilà transportés au cœur de la fête foraine, là où le rire des enfants se mêle aux mélodies des carrousels, où les lumières étincelantes dessinent des ombres mouvantes sur les stands de confiseries. L'air est chargé de l'odeur envoûtant...