Un coup de grisou et un coup de blues

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Première journée de travail pour nos immigrés et premier souvenir mémorable.

Pendant la remise de leur badge à 200 mètres de la mine, une explosion retentissante.

Un boum comme il n'en avait jamais entendu.

Ils restent tous 3 figés, comme paralysés, pendant que tout s'agite autour d'eux.

En moins de 10 minutes, les ambulances sont sur place et ils assistent, avec la foule des mineurs qui étaient en pause, à la valse des corps.

Des corps meurtris par un coup de grisou d'une ampleur rare pour la région.

Le bilan est lourd, il y aura 5 morts et plus de 20 blessés dont certains qui ne pourront pas reprendre le travail.

Rachid a envie de pleurer, il est plus sensible qu'il n'en a l'air. Il se retient, péniblement.

Les sirènes résonnent encore dans les esprits quand nos 3 immigrés sont invités à retourner chez eux. Le travail reprendra cet après-midi, il n'y aura donc aucun répit, même pas de quoi digérer ce choc émotionnel.

Rachid rentre dans sa maison de fortune, une pièce avec le strict nécessaire, et une fois rassuré d'être bien seul, il éclate en sanglot. Sa mère lui manque, ses frères et sœurs aussi.

Et sa femme.

Car Rachid s'est marié un mois avant son départ laissant sa femme derrière lui. Il ne sait pas grand-chose d'elle, elle lui a été proposée diront certains, imposée diront d'autres. Il avait pourtant commencé à l'aimer, un peu. Oui, il commençait à aimer sa cuisine et son sens du devoir.

Un coup de blues pour Rachid.

Mais pas le temps de s'apitoyer sur son sort, il sèche ses larmes, se contente de boire un peu et ressort retrouver ses compagnons de fortune.

D'un coup de grisou à un coup de blues, les mines attendaient impatiemment nos 3 amis pour faire enfin leur connaissance.

L'immigréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant