La zoufritude est l'art d'être heureux tout seul.
Ou d'être heureux avec des gens qui sont dans le même bateau.
C'était le cas de Rachid, il se forçait à être heureux tout seul, mais lui n'aimait pas beaucoup la compagnie des autres. C'était plutôt un solitaire.
Il ne savait ni cuisiner, ni s'occuper d'une maison. Heureusement pour lui, sa maison n'était constituée que d'une pièce et d'accessoires minimes. Il apprit à vivre simplement, à manger simplement, à s'habiller simplement et à parler ... péniblement.
Oui, c'était bien cela le fond du problème. Comment vivre pleinement dans un pays sans en maîtriser la langue ?
Et comment maîtriser une langue que personne ne vous a appris clairement et que vous avez à faire à des moqueries. Car ici, personne ne s'apitoyait sur le sort des immigrés.
« Qu'ils soient bien contents ces immigrés de venir travailler dans notre pays et vivre décemment. »
La colonisation des terres avait certes disparu mais la colonisation des esprits restait bel et bien présente. Nous étions encore dans les années 70.
Notre zoufri Rachid souffrait en silence mais comme tout bon zoufri, il restait positif, il faisait bonne figure. Toutefois une figure noire en fin de journée marquée par des heures passées au charbon.
La solitude n'est pas une bonne chose pour un homme, quel qu'il soit.
Rachid en faisait la triste expérience.
Sa famille lui manquait terriblement.
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L'immigré
Historical FictionRachid quitte son Rif natale et s'apprête à vivre un changement qui marquera à jamais les siens.