[Reiner x Historia/Christa]
Crédits fanart : cang-ye-ji
986 mots - TW : mention de sexe et de religion (contenu mature mais pas très explicite !)
***
Reiner Braun n'avait jamais été un homme pieux. Tout ce qui touchait à la foi révulsait sa rationalité. Il avait fait la sourde oreille face aux récits sur la déesse Ymir, mère des titans et de son immonde race. Les croyances du peuple Mahr, quant à elles, n'étaient qu'un déguisement qui lui allait à ravir - priant Dieu devant les hauts-gradés pour avoir une place auprès des guerriers.
S'il y avait bel et bien un être supérieur qui avait façonné sa vie et ce monde, il avait totalement foiré son travail. Les injustices, les trahisons, les monstres qui se glissaient entre les arbres pour dévorer les humains... Comment tout cela pouvait-il être divin ?
Si Dieu était si bon, comment Reiner aurait-il pu, en un éclair, détruire la vie de milliers de personnes ? Si Dieu existait, il l'aurait empêché de détruire le mur. Les titans n'auraient pas massacré tant d'enfants, tant de familles. Et les mains du guerrier n'auraient jamais tremblé, devant tout ce rouge.
Néanmoins, quelque chose le changea. Son éternelle raison ne put rien faire, face aux murmures de son cœur.
Les vipères de la foi avaient commencé à tourner autour de lui, lorsqu'il aperçut ses prunelles cérulées pour la première fois. Peu à peu, sa voix était venue apaiser les murmures de culpabilité. Ses yeux doux repoussaient les fantômes qui riaient dans son ombre. La sensation des pierres sur son dos, des corps sous ses pieds, des mensonges dans sa gorge... Tout disparaissait face à ses sourires.
Christa était le miracle qui avait fait de Reiner un fidèle.
Ainsi, à chaque coucher de soleil, il allait à l'église. Habitué à la paroisse de fortune, le plancher irrégulier n'écorchait plus ses genoux. L'immortelle déesse, devant son visage égaré, l'appelait, l'accueillait, pardonnait ses pêchés. Il vénérait la douceur de sa peau, l'odeur de son corps, le son de ses gémissements. Les draps blancs étaient devenus son lieu de prière quotidien. Utiliser ses doigts et sa langue était son moyen d'obtenir l'absolution.
Devant son corps qui tremblait et se tendait, Reiner murmurait simplement « Amen ».
Malgré ses Hallelujah, l'amour de la nymphe ne parvenait jamais jusqu'à lui. Il avait beau la combler et la faire crier jusqu'à ce que l'aube ne se lève, jamais Christa ne posait ses mains sur lui. Jamais elle ne lui rendait son adoration. Elle se contentait de fermer les yeux en écoutant la messe vespérale. La blonde restait de marbre, sculpture divine refusant de toucher le pauvre croyant qu'il était. Le septième ciel n'était pas suffisant pour la reine séraphique.
Les sacrements semblaient inaccessibles à ceux qui ne savaient que mentir.
Le soldat ne voulait pas arrêter. Il savait que sa passion le tuerait. Annie et Berthold l'avaient déjà mis en garde contre sa croisade pour être aimé. Dévoiler son chemin de croix lui était impossible, tant à sa déité qu'aux païens qui ignoraient tout. Il voulait la clamer sienne, pour repousser les hérétiques qui ne cherchaient que son attention. Il voulait lui avouer qui il était, pour enfin trouver la paix.
En échange de tous ses actes de foi, Reiner souhaitait qu'elle ouvre les yeux. Qu'elle le regarde pendant qu'elle jouisse. Qu'elle le touche à son tour, encore et encore. Il crevait à l'idée qu'elle le désire. Qu'elle se joue de lui. Qu'elle lui ouvre le paradis entre ses jambes.
Mais qui était-il pour fouler pareille terre ?
Chaque prière avait un goût amer, lorsqu'il repartait de l'église sans avoir pu accéder à l'Ascension. Il se rendait dans la forêt, loin, pour imaginer les choses qu'elle pourrait lui faire. Lorsqu'il la visualisait se déhancher au-dessus de lui, les vagues de plaisir le noyaient dans ses fantasmes. Lorsqu'il rêvait de ses doigts courir sur son corps, Reiner avait un aperçu du jardin d'Eden.
Et lorsqu'il gémissait, seul dans les faibles lueurs de l'aube ; et qu'il arrivait enfin à atteindre l'Olympe, Reiner Braun pleurait. Il pleurait à cause de ses iniques profanations. Les serpents de la foi renforçaient leur étreinte, chaque fois qu'il la voyait. La honte et le désespoir du mal-aimé l'étouffaient, dans leur danse avec l'espoir.
L'espoir qu'elle puisse l'aimer à son tour.
Ce soir-là, il avait cru accéder à sa propre consécration. À genoux devant celle qui hantait ses songes et ses nuits, le fidèle s'adonnait à ses actions de grâce. Son odeur était partout sur son visage. Ses oreilles étaient pleines de sa voix. Et pour la première fois depuis son baptême, Christa glissa ses doigts dans ses cheveux.
Le bigot fut foudroyé par ce contact inattendu, et il devint frénétique. Il poussa à bout les muscles de ses doigts et de sa langue, ignorant les crampes et l'inconfort. La prise de la déesse faisait écho à ses soupirs qui s'affolaient.
Jusqu'à ce qu'elle supplie le nom d'Ymir.
Le croyant arrêta d'un coup ses actes de foi. Il ôta son visage des portes du paradis, fixant ce visage gracile aux allures rosées. Christa, pour la première fois, avait les yeux ouverts- et il n'y voyait que de la déception.
« Pardon Reiner, je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça... »
Les yeux d'or du guerrier se remplirent de larmes. Il essuya sa bouche et marcha lentement en dehors du lieu sacré, pendant que l'objet de son culte le rappelait. Il ne se retourna pas. Ne ferma pas les portes. Ne regarda même pas où il allait.
Ymir. Toujours ce maudit prénom.
Reiner renia tout ce en quoi il croyait. Assis dans cette forêt aux allures spectrales, ses larmes se mélangèrent au venin des serpents. Il n'avait été que l'objet des fantaisies de cette pauvre fille. L'illusion de son amour brisa ses dernières hésitations.
Dans les ténèbres de la nuit, deux prunelles d'or fixaient les vipères de la vengeance. Dans leur danse, elles sifflaient éperdument les chants des représailles.
Car si Christa était la déesse de l'amour, Reiner possédait l'ardeur du dieu de la guerre.
VOUS LISEZ
L'abîme 「Recueil Shingeki no Kyojin」
FanficL'abîme qui se creuse en nous peut être ce qui nous abîme le plus. Dans ce recueil, vous plongerez dans les hadales des personnages de Shingeki no Kyojin, dans les fosses qui détiennent leurs cauchemars, leurs songes, leurs maux. Pairing : Mikannie...