12.JAI MAL

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Nous attendons mon père, c'est lui qui vient nous chercher. Je suis contente de le retrouver. Je suis très proche de mes parents, je vais chez eux tous les jours. Même parfois, plusieurs fois par jour. Je suis appuyée contre un poteau devant le dépose minute où mon père doit arriver d'une minute à l'autre. Cloé et Théo sont assis sur un banc pas très loin.

            Je pense à Zak, et mon cœur me fait mal. J'essaie une fois de plus de l'appeler, sans succès. Je décide d'envoyer un message à Sam, il m'avait demandé de le prévenir à mon arrivée.

** LIA : COUCOU SAM, NOUS SOMMES BIEN ARRIVES À PARIS**

Quelques minutes plus tard, j'ai un message.

** SAM : SALUT LIA J'ESPERE QUE TOUT S'EST BIEN PASSE, A BIENTOT**

Je range mon téléphone, j'ai envie de lui demander des nouvelles de Zak mais ce n'est pas une bonne idée : avant d'être mon ami, il est son meilleur ami.

            Mon père arrive, il est tout content. Il sort de la voiture et s'approche de moi.

— Salut mon bébé ! Alors comment c'était ??

Je le regarde et je lui fais un sourire, j'ai du mal à cacher mes émotions. A ce moment-là, je suis heureuse de retrouver mon père mais j'ai le cœur brisé aussi. Mes yeux se remplissent de larmes.

— Oh ça ne va pas ?

J'essaie de me reprendre, je souffle un bon coup avant de lui répondre.

— Si si, c'est la fatigue ne t'inquiète pas.

Il hoche la tête, il me connaît par cœur. Il sait que je vais mal et que je ne veux pas en parler. Il s'avance vers Cloé et Théo pour leur dire bonjour aussi. J'en profite pour monter dans la voiture. Je me place sur le siège arrière, derrière le siège conducteur.

            Une fois sur la route du retour, Cloé parle de ses péripéties avec l'hospitalisation de Théo en Gaspésie. Je n'écoute pas, je colle ma tête sur la vitre de la portière et je m'endors. Quand je me réveille, j'ai un message. Mon cœur s'accélère, et je ressens une boule dans le creux de mon ventre. Je regarde.

** SERVICE ORANGE, BIENVENUE EN FRANCE**

Je soupire. J'y ai cru, encore une fois...

            Nous arrivons à Lille après trois heures de route. Mon père penche sa tête sur le côté du siège pour me parler.

— Lia, je te dépose chez toi ou tu viens voir maman à la maison ?

Même si j'ai hâte de voir ma mère, à cet instant je n'ai qu'une envie, c'est de rentrer chez moi.

— Chez moi s'il te plait Pa'.

            Une fois devant ma maison, mon père sort du véhicule pour me donner ma valise. Il me fait un bisou sur le front et remonte en voiture. Ma sœur et Théo me font signe, je leur fais signe en retour. Je m'avance vers ma porte d'entrée. J'ai le réflexe de regarder au sol quand j'ouvre la porte. Mon petit chien, qui d'habitude m'aurait sauté dessus pour me dire bonjour, n'est pas là. Il est encore chez ma mère : elle l'a gardé pendant les vacances. Il s'appelle Yoshi, c'est un spitz nain.

            Une fois chez moi, je fais le tour de ma maison. Rien n'a bougé : il y a toujours sur la table la tasse de café que j'ai laissée en partant, et le brouillon du planning de voyage que j'avais préparé. Je le lis : - jour 1 vieux Québec, - jour 2 châteaux, - jour 3 calèche, ect.

            Je froisse la feuille et la mets dans la poubelle. Quand je repense à ce voyage, ce n'est pas au pays que j'aime tant que je pense, mais à l'homme que j'aime tant. Je craque, je m'effondre, et je reste assise là au sol face à ma petite table de salle à manger qui est recouverte d'une nappe couleur mint. Je regarde partout dans ma maison. Elle est toute petite, mes murs sont gris et blancs, il y a quelques décorations mint. C'est joli mais sans plus. J'ai un mur avec un grand poster qui prend tout le mur. Ce sont des fleurs roses dessus. Mon canapé d'angle est gris et petit. Ça n'a rien à voir avec tout ce que j'ai eu l'habitude de voir pendants mes vacances.

Why me ? Pourquoi moi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant