J'ai été voir la sorcière, Naola, et elle m'a remis d'équerre.
La tête du Baron quand je me suis pointé à la bourse. Ce connard m'a foutu sur une mission de merde, encore une, mais dans un registre de pénibilité différent : un sortilège agricole disjonctait dans les parcelles du sud de Stuttgart. Le charme météorologique a déraillé et, à défaut de température clémente et d'un ensoleillement idéal (qui permet de cultiver n'importe quoi à n'importe quelle saison), les hectares de pommiers se sont retrouvés sous des seaux de flotte. Les pommes commençaient à pourrir sur place. Comme il ne fallait surtout pas activer les artefacts de récolte de peur de perturber le travail des enchanteurs météomages, ils ont envoyé des mécartificés. Trois jours de cueillette, à la main, sous une pluie battante. Un plaisir.
Quand j'ai plus pu supporter l'état de mon méca, je me suis résigné et j'ai été au Mordret's Pub, là où bosse Naola. En milieu de nuit, dans un bar à vampire, je n'avais pas trop d'espoir qu'elle puisse m'aider. Elle avait terminé son service plus tôt que prévu, elle était claquée, pourtant elle m'a porté secours. Les gars du Boulon Plein avaient pas menti : elle gère en dépannage de mécartifices. Elle a remarqué, bien sûr, que le mien était spécial.
« Ta prothèse est singulière », qu'elle a dit, en ajoutant qu'elle avait peur de mal s'y prendre pour la réparer.
C'est idiot, mais ça m'a fait plaisir de voir, à la façon dont elle manipulait mon bras, qu'elle le trouvait beau. On m'a souvent dit que mon méca était beau, pourtant dans sa bouche et avec ses yeux, ça ne m'a pas fait le même effet.
Elle n'avait pas tout le matos nécessaire sur place, donc on a dû se donner rendez-vous au foyer, pour qu'elle termine le dépannage. Quel con ! J'ai pas réfléchi : j'ai juste pensé que comme ça je n'aurais pas à descendre une fois de plus les six étages. Une sorcière qui débarque sur le palier, ça a jeté un froid. Louve était prête à la balancer par la fenêtre. J'ai réussi à calmer le jeu, mais ça m'a pas empêché de me suis faire incendier quand elle est partie.
Enfin bon. Au moins, je suis rafistolé, je peux bosser de nouveau. Elle m'a même rechargé mon méca (ça se compte sur les doigts d'une seule main, les enchanteurs qui ont osé le faire pour moi). C'est une fille bien, Nao. Faut que je prévoie un truc sympa pour la remercier.
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Le carnet de Maden
FantasíaMaden mène une vie tranquille, entre son frère, les entraînements à la voile et la pêche, loin des conflits de la Fédération. Mais la paix ne peut pas durer éternellement, et tout bascule quand les sorciers attaquent son petit village breton et enlè...