21 novembre 1910

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Le Baron fait exprès d'être con. Juste pour me voir m'énerver et asseoir un peu plus sa supériorité, histoire de bien me signifier qui commande. Et moi, stupide, je tombe dedans.

Là, c'était pas que con, c'était vicelard, aussi. Il savait que je réagirais, que je ne me laisserais pas faire. Me positionner sur une mission qui consiste en la mise à sac d'un village d'humain, forcément que j'allais disjoncter. Me l'apprendre la veille de l'opération, pour s'assurer que je n'avais personne pour prendre ma place, forcément que j'allais l'insulter. Même en breton, il a très bien compris.

Il m'a pété le méca et foutu une droite en plein visage. Je dirai bien que je me suis battu, mais c'est pas vrai : je ne pouvais rien faire. Il a arrêté mon poing et son méca a détruit le mien comme si c'était de la paille. J'ai des plaques tordues, des pistons désaxés, du liquide qui a fui Même si j'ai tout déconnecté très vite, j'ai eu le temps de douiller sévère. J'ai mis plusieurs heures à rentrer au foyer.

Kay a balisé quand elle m'a récupéré en bas. Ils s'y sont mis à trois pour me monter au sixième. Si Igniire avait encore été de ce monde, ils l'auraient amenée pour qu'elle soigne mon visage, mais elle n'aurait de toute façon rien pu pour mon bras. Faut dire que mon mécartifice, comme il n'est pas comme ceux des autres (trop fin, trop complexe), personne ne pige vraiment comment il fonctionne. Et, même avec toutes mes économies, j'ai pas de quoi payer un sorcier qui pourrait, s'il acceptait, me le réparer. Je ne sais pas comment je vais faire.

Point positif : avec ma prothèse défoncée, j'ai eu une très bonne excuse pour ne pas partir sur la mission. En attendant, je ne peux plus bosser et je suis de nouveau un poids pour le foyer.

J'ai pas envie de me retrouver dans la même situation que quand on m'a pris ma jambe. Les autres ne devraient pas avoir à me nourrir, je n'aurais pas dû m'emporter comme un con. Je n'ai plus quatorze ans.

J'hésite à aller voir Naola (la barmaid du gala de l'autre soir qu'a fait le service avec Kímon et à qui j'ai été porter sa paie). Paraît qu'elle a déjà réparé des mécas, au bar du Boulon Plein, l'été dernier. J'suis pas encore assez au fond du trou pour aller quémander de l'aide à une sorcière. Je ne veux pas de sa pitié. J'ai ma fierté.

Par contre, qu'est-ce que je regrette de lui avoir rendu son fric !

Par contre, qu'est-ce que je regrette de lui avoir rendu son fric !

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Le carnet de MadenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant