Jaynsen, on t'aime.

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Chapitre 49 : 

14 mars 2031

PDV Jessy : 

Ce matin, l'état de Jaynsen ayant empiré, il a été placé sous oxygène afin de l'aider au maximum. Son déplacement vers la maison nous a été refusé, car son état est vraiment inquiétant. Le docteur Wood est venu nous voir avant l'arrivée des enfants pour nous informer que notre fils n'avait plus des semaines à vivre, mais des jours voir des heures. Notre garçon a de moins en moins de force pour se battre. On s'en rend compte à chaque respiration, il peine à inspirer l'air pour remplir ses poumons et depuis le lever du soleil, il n'a ouvert les yeux que par court moment. 

Nous savons, nous le sentons tous les deux que peu à peu notre petit champion s'apprête à rejoindre ma mère et Quentin. C'est pour cette horrible raison que nous avons demandé a tout le monde venir aujourd'hui. Je ne saurais l'expliquer, mais j'ai l'impression qu'en tant que parents, et bien que ça nous effraie, nous savons qu'il est temps de lui dire au revoir. 

Nous nous sommes battus ensemble durant six ans, nous avons tout mis en œuvre pour qu'il ait ne serait-ce qu'une année. Il en a eu six. Nous n'aurions pu rêver mieux. Je ne dis pas que ça atténue notre chagrin, mais ça nous permet de nous réconforter un peu en se disant qu'on a jamais baissé les bras. A présent, il est temps de laisser Jaynsen se reposer. 

Nos enfants se retrouvent tous réunis comme la veille, nous décidons de ne pas leur cacher ce que nous avons appris. Les larmes coulent de nouveau, et nos enfants se rapprochent de notre petit guerrier pour que malgré ses yeux clos, il se sache entouré et aimé. Je sais qu'il ressent l'amour que chacun lui porte, qu'il sent les bisous posés sur son front et les mains sur sa peau. Je sais qu'il entend ce qu'on lui murmure. En tant que maman, je m'octroie le droit de croire que ma mère et mon meilleur ami disparu sont dans cette pièce près à prendre le relai et à s'occuper de mon garçon pour s'assurer qu'on se reverra. 

On peut croire en ce qu'on veut, je pense que dans des moments comme celui ci, plus rien ne compte. Je ne suis pas religieuse, je ne vais jamais à l'église, je ne prie jamais. Mais avons-nous vraiment besoin de croire en une quelconque force supérieure pour s'octroyer le droit de croire qu'on ne meurt jamais vraiment. Au fond de moi, je préfère croire aux fantômes, à une autre vie, plutôt qu'à un être qui nous jugerait et qui prendrait des vies innocentes comme celle de mon garçon et des milliers d'enfants qui disparaissent chaque année.

Les larmes versées pour mon fils sont autant faites de chagrin que d'amour, je peine à les retenir même lorsque nos proches arrivent peu à peu, remplissant la pièce à son maximum. Je décide de leur laisser cet espace dont ils ont besoin, et je trouve refuge dans l'église. Seule dans cette chapelle, je prends le temps d'allumer un cierge pour mon fils avant de m'asseoir sur le banc le plus proche.

Ici, ce n'est pas à un dieu que je tente de m'adresser, mais à cette femme qui m'a tant manqué. Au fond de moi, j'ai l'impression qu'elle est là, à mes côtés pour entendre ce que j'ai à lui dire. C'est donc tout naturellement que je lui parle, comme si elle était à mes côtés.

Moi : Il va bientôt te rejoindre, dis-je les larmes aux yeux. Prends soin de mon bébé, s'il te plaît maman, prends soin de lui, dis-je avant de craquer complétement.

Toutes ses larmes que j'ai retenues, tous ses sanglots étouffés devant mes enfants, sortent enfin, libérant cette boule dans ma gorge. Je pleure comme ça n'a jamais été le cas, le combat de Jaynsen prend fin et mes forces lâchent. J'ai besoin d'extériorisé tout ce que je garde en moi depuis six ans, tant de combat et de peur, tant de force et d'espoir, pour arrivée au jour le plus horrible de ma vie. Le tant redouté, le jour où Jaynsen partira pour de bons. 

Porter l'enfant de Zayn - Tome 6Où les histoires vivent. Découvrez maintenant