3. A la recherche de Perceval

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Léana crut dans un premier temps que La Réponse se moquait d'elle. Mais quand elle vit que son air sérieux et grave ne quittait pas son visage, elle comprit qu'il comptait réellement faire d'elle le bras droit de Lancelot. Comment était-ce seulement envisageable ?

— Donc vous pensez sérieusement que je vais accepter ?

— Vous n'allez pas accepter, Léana. Vous n'avez pas le choix.

— Détachez-moi.

— Vous en avez déjà assez d'être ici ? Dommage, ça sera votre demeure pendant un bon moment !

La jeune femme tira sur ses chaînes, qui tintèrent bruyamment.

— Ce n'est pas comme ça que vous vous libèrerez, pauvre idiote.

Elle le fusilla du regard.


Karadoc avait pris le chemin de la chambre de Perceval. Arrivé devant la porte de celle-ci, il frappa. Personne ne lui répondit. Il frappa à nouveau, en disant cette fois :

— Allez, ouvrez ! C'est Karadoc, je dois vous parler !

Mais personne ne lui ouvrit.

Ce fut à ce moment-là que Nessa, une des servantes du château, passa dans le couloir où Karadoc se trouvait.

— Si c'est votre ami que vous cherchez, Sire, il n'est pas là, intervint-elle, surprenant le régent.

— Euh... ah bon ? Mais il est où, alors ?

— Il est sorti, je crois. En tout cas, sa chambre était vide quand je suis venue récupérer son plateau.

— D'accord, merci beaucoup, Nessa. D'ailleurs, est-ce que vous pouvez demander aux cuisines de préparer du pain, du pâté et du fromage pour moi ? Ils sont habitués, ils savent exactement ce que je veux.

— Oui, je vais tout de suite les prévenir, Sire, répondit Nessa en souriant, avant de repartir.


Perceval regardait au fond de l'eau comme s'il allait y trouver une quelconque réponse. Il regardait sa canne à pêche sans hameçon, sans vraiment la voir. Ses pensées étaient ailleurs. Ses pensées étaient auprès du roi Arthur.

Que feraient-ils s'il ne se remettait pas ? Non, c'était le roi Arthur, il allait forcément se remettre, il ne pouvait pas mourir.

Mais quand même... c'était lui qui avait décidé de mourir, c'est qu'il avait abandonné, non ? Et si Arthur lui-même abandonnait, comment eux pouvaient-ils continuer ? C'était lui le moteur de la Table Ronde, c'était sur lui que le royaume se reposait, c'était lui qui donnait un sens à la quête du Graal. Sans Arthur... tout était gâché.

— Ah, bah vous êtes là, vous ! fit la voix de Karadoc au loin, sortant le chevalier de ses pensées.

Perceval se retourna, et vit Karadoc marcher vers lui.

— Qu'est-ce que vous faites là, vous, vous êtes pas à la réunion de la Table Ronde ? s'étonna Perceval.

— Non, je viens vous chercher, répondit Karadoc, s'arrêtant enfin devant son ami.

— Me chercher ? Mais pour aller où ?

— A la réunion de la Table Ronde !

— Mais je vous ai dit, je me sens pas d'y aller...

— Je sais, mais le problème, c'est que si vous ne venez pas, bah... vous pourrez plus jamais revenir à la Table Ronde, parce que les réunions sont devenues obligatoires.

— Quoi ? s'étonna Perceval.

— Bon, vous venez alors ? insista Karadoc.

— Non ! Je reste ici.

Karadoc observa l'endroit où ils se trouvaient. Il jeta un coup d'œil au lac, qui s'étendait derrière Perceval, avant de reporter son attention sur son ami.

— D'ailleurs, vous foutez quoi, ici ?

— Je réfléchis.

— A quoi ?

— A Arthur.

— Vous savez, faut pas vous biler comme ça pour lui, il va s'en sortir.

— Je sais, mais... quand même, là, c'est pas comme d'habitude. Et j'aime pas savoir le château sans le roi, ça me donne l'impression qu'on est plus fragiles, plus... c'est pas pareil, quoi.

— Je comprends, mais vous feriez mieux de rentrer, maintenant, vous pourrez réfléchir après la réunion de la Table Ronde, j'ai même amené à bouffer pour pas crever de faim sur le chemin du retour.

— Non, j'irai pas. Je peux pas aller faire comme si tout était normal alors que le roi est en train de se vider de son sang à l'autre bout du pays !

Karadoc eut un temps d'arrêt, et dévisagea son ami, choqué.

— Mais... et votre place à la Table Ronde ? Si vous venez pas, les autres viendront plus non plus.

— Eh bah trouvez une autre solution ! Vous êtes roi, vous pouvez faire ce que vous voulez, non ? En tout cas, je veux qu'on me laisse tranquille pour l'instant, je reviendrai quand je serai prêt, pas avant ! s'écria Perceval.

— Très bien, répondit Karadoc calmement, toujours sous le choc. Je vais voir ce que je peux faire, mais vous, reprenez-vous vite, vous êtes mon bras droit, dans ce royaume. 

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Voilà pour le chapitre 3 ! 

J'ai choisi la chanson L'absinthe pour l'absent de Stanislas pour accompagner ce chapitre, parce que je trouve que l'ambiance de cette chanson correspond bien à comment se sent Perceval, ce côté très triste et mélancolique.

Il y a cette phrase : "A ton retour, ou pas, je serai là, à user ton banc" mais aussi la phrase : "Sans toi, y a-t-il autre chose à faire ?" Et je trouve que ces phrases retranscrivent bien ce que Perceval ressent pour Arthur. Quoi qu'il arrive, il sera toujours présent pour lui, et il l'attendra, et sans lui, il est complètement perdu, plus rien n'a de sens.

Merci d'avoir lu jusqu'au bout, j'espère que ce chapitre vous a plu, on se retrouve bientôt pour un nouveau chapitre ! 

Kaamelott : Le voyage dans le temps Livre IVOù les histoires vivent. Découvrez maintenant