14. La Faute II

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Cinq mois s'étaient écoulés depuis le premier réveil d'Arthur. Alors qu'il passait ses journées entre le sommeil et ses souvenirs qu'il racontait au Père Blaise, Léana était toujours captive de Lancelot.

Le premier mois avait été long, et les suivants le furent tout autant, si ce n'est pire. Parfois, elle et Lancelot discutaient un peu, mais sans plus. L'ancien chevalier finissait toujours par contempler le feu dans une sorte de méditation intérieure, tandis que l'enchanteresse le regardait, se demandant combien de temps encore ce manège allait durer.

Elle essayait d'animer ses journées en essayant de se connecter à quelqu'un, n'importe qui, mais elle n'arrivait jamais à rien. Ses foutues chaînes empêchaient toute utilisation de la magie, même celle des rêves. Il lui était donc impossible de communiquer avec qui que ce soit de l'extérieur.

Lancelot revenait de sa balade journalière pour chercher du bois. La journée se terminait, et l'homme venait raviver le feu, qui s'était révélé nécessaire avec l'arrivée du froid.

Léana l'observa faire silencieusement d'abord, puis elle demanda :

— Vous n'en avez pas marre, Lancelot ?

Surpris, l'ancien chevalier se tourna vers l'enchanteresse.

— Marre de quoi ? demanda-t-il.

— De tout ça, de cette grotte, de la vie cachée... ça fait des mois que ça dure, ça ne vous épuise pas ?

Il sembla réfléchir quelques instants avant de répondre :

— Non, ça m'est complètement égal. Vous allez encore me demander de vous libérer ?

— Non, pas du tout, j'essaie juste de comprendre, c'est tout. Est-ce que c'était ça aussi, le quotidien de Guenièvre ?

— Qu'est-ce que Guenièvre a à voir dans cette histoire ? soupira le chevalier.

— Ben, c'est pas pour elle que vous voulez le pouvoir aussi ? Vous êtes amoureux d'elle, non ?

Lancelot haussa les épaules.

— Pour ce que ça a donné... dit-il.

— Ça se passait si mal que ça, avec elle ? demanda Léana.

Il prit quelques instants, avant de répondre :

— Je vous en avais déjà un peu parlé, mais... Guenièvre attendait de moi quelque chose que je ne pouvais pas lui donner. Je devais gérer mon camp, et je ne passais pas assez de temps avec elle. A la fin, elle doutait de notre amour. C'est pour ça que le jour de cette mission, j'ai dû l'attacher. Je ne pouvais pas prendre le risque qu'elle s'enfuie.

Léana l'écoutait attentivement. Lorsqu'elle fut sûre qu'il avait fini, elle demanda :

— Vous êtes sûr de vraiment aimer Guenièvre ?

— Bien sûr ! s'offusqua Lancelot. Je l'aime de tout mon cœur, je pourrais mourir pour elle !

— Pardonnez-moi, mais je crois que vous ne connaissez absolument rien à l'amour. L'amour, ce n'est pas attacher les gens pour qu'ils ne partent jamais, c'est leur faire confiance pour qu'ils restent de leur plein gré. C'est leur montrer qu'on les aime avec des actes pas seulement des mots. Avez-vous seulement prouvé à Guenièvre que vous l'aimez ?

Il réfléchit, replongeant dans ses souvenirs, avant de faire non de la tête.

— Je ne crois pas... je ne sais pas... comment est-ce qu'on montre à quelqu'un qu'on l'aime ?

Kaamelott : Le voyage dans le temps Livre IVOù les histoires vivent. Découvrez maintenant