3.2 Epreuve pratique

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Les diodes rouges des trois simulateurs de niveau trois pointent dans ma direction et je crée une nouvelle sphère. Si son diamètre doit être d'une vingtaine de centimètres, la couleur rouge pâle est devenue opaque. Sans mon gilet, je peux cette fois faire un véritable arc de cercle avec mon bras, une énergie folle se diffuse dans tout mon corps et la sphère quitte ma paume, se dirigeant avec force et vitesse vers les simulateurs. La boule d'énergie traverse les trois simulateurs en une fois, laissant un trou dans leur carcasse, commençant à crépiter. Je saisis le bras de la fille et je la tire vers moi avant de nous cacher derrière un bâtiment. Je me tourne vers la fille et lui ordonne :

"Retourne au début de la zone, sors. Va te mettre en sécurité."

    Elle hoche fébrilement la tête et décide de décamper aussi vite que possible. Je jette un regard à ma montre, six minutes quatorze. Il ne me reste plus beaucoup de temps, neuf points ne me suffisent pas j'en ai bien conscience. Maintenant que j'ai pu attester de la puissance qu'il me faut pour détruire les robots. Je sens l'adrénaline et une force inexplicable se répandre dans tout mon corps, ça me fait du bien. Pendant deux minutes, j'arrive à obtenir vingtaine de points. Les sphères claires me permettent de battre les simulateurs de bas niveaux, mais les sphères opaques peuvent traverser plus d'un robot à la fois.

    J'arrive à atteindre ce qui ressemble au centre de la zone urbaine, étrangement plus de la moitié des candidats se sont rassemblés dans cette zone. Je commence à avoir du mal à respirer, je n'ai pas l'habitude de les utiliser, enfin de les utiliser tout court. Je pose une main sur ma hanche et regarde autour de moi. Je vois le garçon éclair, il a l'air... il a perdu tout sourire, on dirait surtout que son cerveau l'a abandonné. Son air ahuri me fait rire jusqu'à ce que je sente la terre trembler à nouveau. Un vent violent se lève et soudain, le simulateur le plus grand que j'ai jamais vu se manifeste devant nous. Il doit avoir l'équivalent de tous les autres robots posés les uns sur les autres, et je ne parle pas de la puissance qu'il doit avoir. Le nuage de poussière et de débris qu'il soulève est si fort que je préfère me détourner pour éviter d'en prendre plein les yeux.

    En y réfléchissant, il ne porte aucune marque ni aucun point permettant de distinguer sa valeur, il s'agirait donc du fameux simulateur zéro, celui qui ne rapporte aucun point. En revanche pour ce qui est des dégâts il est bien supérieur aux autres. La plupart des candidats ne prennent pas le temps de réfléchir et fuient sans ménagement. Je regarde le garçon éclair qui marche en titubant, droit vers le simulateur géant. Il va se faire réduire en bouillie s'il continue d'avancer droit vers lui ! Je réunis une nouvelle fois une sphère dans ma main mais les muscles de mon bras commencent à se durcir, signe que je commence à puiser dans mes réserves. Je serre les dents et commence à faire quelques pas avant d'entendre une voix féminine derrière moi :

"Attend ! Il ne vaut aucun point ! Ne prend pas de risque inutile !"

    Je me retourne vers une fille aux longs cheveux roux attachés en une haute queue de cheval et dont les grands yeux bleus me regardent avec une certaine détermination. J'annule la sphère pour ne pas gâcher de l'énergie mais une partie de mon esprit est occupée par le garçon éclair qui continue d'avancer bêtement vers le simulateur. Je roule des épaules pour les détendre un peu et je déclare en désignant le garçon :

"Il ne sait pas ce qu'il fait, alors cours, ou aide-moi. Quel est ton alter ?"

    Les yeux de la fille se sont légèrement agrandis de surprise avant qu'elle ne hoche la tête en signe d'accord. Elle me montre ses mains et soudainement, elles prennent une taille quasiment aussi grande que leur propriétaire. J'écarquille les yeux face à un tel alter et elle finit par me demander :

"Tu as une idée ? Je ne peux pas l'approcher de trop près, même avec mes poings je ne pourrai pas le faire reculer.
-Je m'en occupe. Quand tu seras à sa portée, tu le récupères et vous vous mettez à l'abri !
-Tu penses être capable de le détruire à toi seule ? Tu as un alter si puissant ?
-Le détruire non, mais j'ai peut-être une chance de le déstabiliser. Allez il faut y aller."

La fille incline la tête d'un air approbateur et nous nous élançons toutes les deux vers le garçon dont le simulateur se rapproche de plus en plus. Les énormes chenilles du simulateur réduisent tout sur leur passage. Je crée une sphère dans chacune de mes mains, leur couleur n'est pas flamboyante et j'ai l'impression que mes bras vont se disloquer tant que j'ai la sensation que tout se tend. Je dépasse le garçon sans m'arrêter et je finis par planter mes pieds dans le sol qui ne cesse de trembler. Je suis presque en dessous du simulateur qui semble encore préoccupé par le garçon qui s'apparente à une cible parfaite. Je tente de grossir le diamètre des sphères d'une dizaine de centimètres quand je sens que je tremble.

Dans un cri de rage, je laisse mes deux sphères quitter mes paumes. A toute vitesse, elles percutent ce qui pourrait s'apparenter à ce qui relie le "corps" du robot à ses chenilles. Lorsque les sphères percutent leurs cibles, ces dernières explosent et des étincelles commencent à nouveau à jaillir des blessures du robot. Le déplacement d'air et le bruit assourdissant m'ont sonnée quelques secondes avant que je puisse me stabiliser, sentant quelques douleurs par-ci par-là. Un horrible grincement me fait grimacer quand je vois des plaques complètes du simulateur se fissurer. Mes bras me font mal, il va me falloir quelques jours avant de pouvoir retrouver une mobilité complète.

Une première plaque atterrit à mes pieds. Cette fois, je comprends l'urgence de la situation, et un seul mot résonne dans mon esprit. Cours. Ignorant la douleur qui se répand dans mes bras, la fatigue dans mes jambes, je m'enfuie à toute vitesse. Possédant d'ordinaire un pas léger, je sens mes talons s'enfoncer dans le sol, mes pas sont lourds mais je dois m'échapper. La fille aux grandes mains tient le garçon dans l'une d'elle et elle me fait signe de me dépêcher, quand tout à coup je remarque que ses yeux se lèvent et s'écarquillent. D'instinct, je regarde le sol et constate l'ombre du simulateur se dessinant au-dessus de moi. Il ne me reste que quelques mètres si je veux rejoindre la fille et être hors d'atteinte de la chute du robot.

J'entends la structure progressivement heurter le sol dans un fracas indescriptible, sentant mon cœur battre de plus en plus vite. La douleur, la panique et l'adrénaline forment un mélange qui déchire. Je prends conscience d'une chose, je n'aurais pas le temps ni la force de faire plus d'une dizaine de pas. Mon regard cherche, pour une raison que je n'explique pas, celui de la fille. Elle vient de lâcher le garçon sur le sol et fait quelques pas vers moi. En l'espace de quelques secondes, je me sens trébucher, et je profite de mon dernier pas pour bondir dans sa direction. Je sens une masse se refermer autour de mon corps quand je finis par fermer les yeux au moment où la voix de Present Mic annonce la fin du temps imparti.

(SAISON 1) My Hero Academia : ShirudoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant