II - Comme dans un rêve

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Marinette avait encore les pensées confuses quand elle reconnut son immeuble. Elle ne savait pas comment elle était arrivée là mais, au moins, elle était chez elle. Elle ressentit le besoin d'aller dans sa chambre pour faire le point.

Elle entra dans la boulangerie et sourit à sa mère au passage. Celle-ci parut étonnée de la voir :

— Je ne savais pas que tu venais aujourd'hui, ma chérie, dit-elle.

Marinette fut un peu désarçonnée par cet accueil, mais elle ne se sentait pas très bien et se hocher la tête et de passer par la porte qui donnait sur le hall de l'immeuble. Elle monta les deux étages, de plus en plus consciente que quelque chose n'allait pas, mais sans arriver à mettre le doigt dessus.

Quand elle voulut ouvrir son sac pour prendre ses clés, elle réalisa que ce n'était pas sa musette habituelle... Mais où était Tikki ? Inquiète, elle porta la main à ses oreilles et sentit qu'elle ne portait pas les boucles rondes familières. Luttant contre la panique, elle se débattit avec le trousseau qu'elle avait trouvé – mais depuis quand avait-elle autant de clés ? – et ouvrit la porte de l'appartement. Elle se précipita dans sa chambre, dans l'espoir insensé d'y trouver Tikki et son Miraculous.

Elle s'arrêta, effarée, dès que la trappe fut assez levée pour lui permettre de jeter un œil dans la mansarde. Les lieux semblaient avoir été vidés : le bureau était dégagé, son mannequin de couturière et sa machine à coudre avaient disparu, rien ne traînait. Elle avança vers sa coiffeuse, où ne se trouvaient plus ni ses bijoux ni sa brosse à cheveux. Elle voulut examiner ce qu'elle portait sur ses lobes d'oreille. En découvrant son image dans le miroir, elle ne put retenir un cri. Ce n'était pas elle qui se reflétait dans la glace ! Ou plus exactement, elle voyait une jeune femme, qui lui ressemblait terriblement, mais qui avait plusieurs années de plus qu'elle.

Sa première pensée cohérente fut que c'était un rêve. Un rêve où rien n'était normal et où elle était désormais plus âgée. Parce que, maintenant, elle comprenait le sentiment d'étrangeté qu'elle avait ressenti dans l'escalier. Son corps avait changé. Elle avait davantage de poitrine et de hanches, elle était plus grande et portait des vêtements qu'elle n'avait jamais vus – une assez jolie robe, d'ailleurs. Son équilibre en était modifié et elle se sentait empruntée avec ces rondeurs et ces centimètres en plus.

Elle se demandait si c'était normal d'avoir un rêve aussi quand elle entendit la porte de l'appartement s'ouvrir et se refermer.

— Marinette ? fit la voix de sa mère.

— Je suis là, répondit-elle machinalement.

Sabine vint la rejoindre.

— Ça va, ma chérie ? demanda-t-elle. Tu sembles bizarre, aujourd'hui. Tu ne t'es pas disputée avec Adrien, au moins ?

Marinette ressentit un coup au cœur en pensant à Adrien. Adrien, qui semblait sensible aux avances de Kagami. Le voilà qui la poursuivait jusque dans ses rêves.

— Tu veux rester dîner avec nous ? continua sa mère. Adrien peut venir aussi, bien entendu.

— Je ne pense pas que son père sera d'accord, répondit-elle un peu rêveuse à l'idée d'un dîner en compagnie de son camarade – même si c'était un rêve, c'était toujours bon à prendre.

— Pourquoi ça ? s'étonna sa mère. Il y a eu un problème avec monsieur Agreste ?

— Tu sais bien qu'il n'a pas le droit de sortir le soir, rappela Marinette tout en se demandant pourquoi elle se donnait la peine d'argumenter – mais bon, pourquoi tenter d'être logique dans un songe ?

Aussi loin qu'il m'en souvienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant