XVIII - Une très bonne idée

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Le regard en direction du podium désormais vide, Marinette était plongée dans ses pensées, quand on lui demanda :

— Ce sont les modèles ou le mannequin, qui te font sourire comme ça, Marinette ?

Elle sursauta presque et chercha qui l'apostrophait si familièrement. Elle eut la bonne surprise de découvrir Éliane, la couturière qui l'avait prise sous son aile durant son mois de stage à l'atelier Agreste.

— Oh, vous êtes là vous aussi ? fit Marinette en lui faisant spontanément la bise.

— Oui, nous avons parfois la chance de pouvoir assister aux défilés. J'étais en backstage pour le début de la collection, mais ça a été le tour d'Adrien, j'ai eu le droit de filer. Il était magnifique, n'est-ce pas ?

— Oui, convint Marinette. Ce type de vêtement lui va très bien.

— J'avoue que je me demande s'il a quelque chose à voir avec ta présence ici, dit Éliane d'un ton taquin.

Marinette se dit qu'elle pouvait prétendre avoir été invitée par son amie Chloé Bourgeois. Mais elle n'avait pas envie de mentir à Éliane. Et puis, elle se sentait commencer à rougir.

— Mhum, c'est possible, répondit-elle. Mais si on me pose la question, je répondrai que c'est grâce à mon école.

Éliane rit doucement.

— On s'en tiendra à cette version. Alors, que deviens-tu ? Qu'as-tu fait cette année ?

Marinette lui parla du poste qu'elle avait occupé durant six mois et conclut en l'informant qu'elle avait repris ses études.

— Tu as bien fait de faire un autre stage, assura Éliane. L'école, c'est important, mais rien ne remplace l'expérience. Même dans le prêt-à-porter il y a des choses à apprendre.

— Oui, cela m'a permis d'élargir mon horizon. Avant, je ne voyais que la haute couture et des collections à moi, comme objectif, mais maintenant, je vois la richesse d'une création moins élitiste et davantage portée par le grand public. Les contraintes sont différentes, mais tout aussi passionnantes à résoudre. Si je dois faire une partie de ma carrière hors de la haute couture, je pense que je saurais m'en accommoder et m'y épanouir. J'ai envie de créer des vêtements sans contrainte de prix ou de facilité d'assemblage, mais me dire que peut-être personne ne les portera en dehors du mannequin est très frustrant. Je crois que j'ai plutôt envie de penser que des hommes et des femmes le sélectionnent régulièrement dans leur armoire, parce qu'ils s'y sentent bien et que cela leur donne confiance en eux.

— C'est une jolie manière d'appréhender la mode, apprécia Éliane. Je sens que tu y trouveras ta place. Tu as le feu sacré, mais tu es plus intéressée par le vêtement que par la notoriété. C'est une grande qualité pour faire du bon travail.

— Merci, Éliane, fit Marinette un peu intimidée par ce jugement. De votre côté, comment allez-vous ? demanda. Et les autres couturières ? Et madame Bernette ?

— Nous allons toutes bien. Frida est passée dans un autre atelier du groupe, et nous avons une nouvelle brodeuse.

Elle continua à donner des nouvelles de toutes les autres couturières, avant de préciser :

— À propos, nous n'avons plus revu Joliet, depuis ton passage. Un nouveau patronnier, bien plus agréable, l'a remplacé pour cette collection-ci. Mais peut-être en sais-tu plus que moi à ce sujet.

— Pas du tout, assura Marinette tout en se remémorant le pénible moment où le sujet avait été débattu lors du repas de Noël. Ce n'est pas moi qui ai demandé sa tête, je peux vous l'assurer.

Aussi loin qu'il m'en souvienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant