IX - La leçon du jour

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Le lendemain, Marinette eut bien du mal à se lever. Ce fut Adrien qui vint la secouer après que son réveil eut abandonné la partie.

— Marinette, tu es encore au lit ? Tu devrais être partie depuis cinq minutes.

Malgré le café préparé à l'avance par son amoureux qu'elle but au vol et la croix qu'elle fit sur son petit déjeuner, Marinette partit dix minutes plus tard que d'habitude. Comme toujours dans ces cas-là, suite à « une panne de signalisation », son métro se traîna et elle avait un quart d'heure de retard quand elle poussa la porte de l'atelier. Elle alla se présenter à la première d'atelier, madame Bernette, pour savoir où elle serait affectée cette semaine-là. Elle n'eut pas le temps de le demander.

— Vous êtes en retard, lui dit Madame Bernette, en réponse à son salut.

— Oui, Madame, je suis désolée.

— Ma petite, sachez que l'exactitude n'est pas une option dans les ateliers Agreste. Si cela arrive encore, je demanderais à ce que votre stage prenne fin immédiatement.

— Cela n'arrivera plus, Madame, répondit humblement Marinette en se disant qu'elle savait d'où Adrien tenait sa rigueur en ce qui concernait les horaires.

— Je l'espère bien. Vous ne semblez pas vous rendre compte de la chance que vous avez d'avoir décroché un stage ici.

— Je vous assure que si, Madame. Je suis vraiment désolée.

— Vous pouvez. Bon, passons. Nous avons reçu ce matin, comme prévu, de nouvelles esquisses de Monsieur Agreste. Monsieur Joliet, notre patronnier, est venu pour en faire le patronage à plat. Je pensais vous mettre avec lui aujourd'hui. Mais comme vous n'étiez pas là quand il est arrivé, je n'ai pas pu vous présenter. Maintenant qu'il est en plein travail, je crains qu'il n'apprécie pas d'être interrompu. Vous vous mettrez à côté de lui et vous regarderez, sans rien dire.

— Bien, Madame.

Marinette ressortit penaude du bureau et s'empressa d'aller dans la partie de l'atelier dévolue au patronage. Celui qui devait être son mentor pour la journée était sur l'ordinateur. Sur un des écrans, Marinette découvrit l'esquisse d'une veste d'homme. Le patronnier travaillait sur celui d'à côté. Il maniait la souris pour tracer le patron qui permettrait de créer le vêtement en trois dimensions. Quand l'apprentie styliste vint s'asseoir à proximité, il ne fit aucunement attention à elle.

Heureusement, Marinette connaissait cette étape et elle put suivre ce qui était en train de se construire sur l'écran même si cela allait à une vitesse qui rendait la lecture difficile. De nombreuses pièces apparaissaient par magie, sans doute préenregistrées. Encore fallait-il les connaître, bien les choisir, les placer et les redimensionner. C'était ce qui se déroulait sous ses yeux. Marinette ne pouvait que noter l'ordre dans lequel le patronnier plaçait les pièces et les retouchait, et admirer sa dextérité.

Une fois une dizaine de patrons dessinés, l'homme lança l'impression. Il examina avec soin le résultat, puis pris des ciseaux papier pour découper chaque élément. Il ne prêta aucune attention à la stagiaire.

Quand l'heure de déjeuner arriva, l'homme partit, continuant à l'ignorer totalement. Marinette décida d'aller saluer Éliane, la couturière qui lui avait tant appris la semaine précédente.

— Tu es seule pour déjeuner ? lui demanda cette dernière.

— Oui, je suis arrivée en retard, je purge ma peine.

— Nous ne sommes pas sévères à ce point. Joliet est un abruti qui se prend pour Michel-Ange, c'est tout. Tu ne perds rien à ne pas être remarquée par ce monsieur. Tu viens manger avec nous ?

Aussi loin qu'il m'en souvienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant