VII - Devenir plus consistante

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Une fois tous les récits déroulés, Alya obligea toutes les participantes à piocher dans un nouveau tas de papier. Elles devaient toutes raconter une anecdote en fonction du thème qu'elles avaient récupéré : « le moment le plus drôle », « la réplique qui tue », « le repas le plus mémorable », « le truc qu'on ne pourrait pas avouer si les garçons étaient là », etc. Marinette fut également sollicitée. Les souvenirs encore frais de leur année de troisième furent vivement appréciés.

Rose avait récolté un « Marinette et Adrien ». Elle témoigna avec lyrisme de l'attachement évident des deux amoureux.

— Mes petits copains ne sont pas à la hauteur, la plupart du temps, conclut-elle finalement. Si je ne vous avais pas comme exemple, je pourrais croire que je cherche en vain celui qui sera l'homme idéal pour moi. Quand on me dit que je suis trop sentimentale, je pense à vous et je sais que j'ai le droit d'espérer.

— C'est vrai, des fois, tu me fais presque envie d'essayer avec un mec, remarqua Alix. Mais je vous rassure, cela ne dure pas, précisa-t-elle faisant rire ses amies.

— C'est la première soirée depuis longtemps où tu viens seule, sans regarder régulièrement ton téléphone et sourire en lisant ce qu'il t'a posté, ajouta Mylène. Ça fait bizarre.

— On voit qu'il te manque quelque chose, affirma Sabrina.

— Il t'a raconté votre anniversaire de rencontre ? demanda Alya.

— Non, cela ne me dit rien.

— En septembre de l'année dernière, cela faisait cinq ans que vous vous connaissiez. Vous avez décidé de marquer le coup. Quand tu m'as dit que tu avais décidé de lui offrir un paquet de chewing-gums, je n'ai pas compris, mais tu me l'as expliqué. Tu vois à quoi je fais allusion ?

— Oui, le sale tour de Chloé.

— Et sans que vous vous soyez concertés, il t'a offert un parapluie.

Marinette sourit béatement. Bien sûr, elle avait dû confier à Adrien les circonstances dans lesquelles elle était tombée amoureuse de lui.

— Et en plus, tu avais prévu un week-end d'escalade pour deux, continua Alya. Je ne sais pas ce que cela évoquais pour vous et tu ne me l'as pas expliquée. Mais comme il a eu la même idée et t'en a offert un, lui aussi, je suppose que cela avait un sens pour vous deux.

Marinette hocha la tête. Oh que oui, ça avait un sens !

— Je suis rassurée, vous avez toujours des choses en commun, commenta Alya en interprétant l'expression de son amie.

Les autres embrayèrent sur ce dont elles se souvenaient du couple. Chaque témoignage donnait un coup au cœur à Marinette. Elle sentait son cœur battre pour l'Adrien que ses amies lui racontaient et elle était profondément touchée par les attentions qu'il avait eues à son égard. Elle aimait aussi l'image d'elle-même que lui renvoyaient ces récits. La Marinette amoureuse de seize à dix-neuf ans que ses amies lui faisaient découvrir était bien elle, même si elle ne s'en souvenait pas.

Ensuite, la conversation dériva vers son autre passion, la couture. Elles racontèrent les succès et ratages dont Marinette leur avait fait part. À partir de minuit, une bouteille d'alcool commença à tourner entre les filles et les souvenirs devinrent de plus en plus débridés. Marinette déclina quand vint son tour. Elle avait encore des secrets à conserver et ne pouvait se permettre de divulguer.

— Pff, c'est nul, tu es aussi pète-sec qu'avant, râla Alix. Tu ne pouvais pas oublier tes vœux d'abstinence, aussi ?

— Impossible, ils sont tatoués sur ma peau, prétendit l'interpellée.

Aussi loin qu'il m'en souvienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant