XIV - Poser des questions

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Le lendemain, Adrien et Marinette se levèrent tard et se préparèrent un repas léger, suite aux agapes de la veille et en prévision du dîner prévu chez les Dupain-Cheng le soir.

En mâchonnant sa salade, Marinette demanda :

— On peut reparler du repas d'hier soir ?

— Oui, si tu veux.

— C'est moi qui me fais des idées ou on m'a fait passer un examen ?

— Pas tout le temps. Enfin, à la base, c'était un premier contact. Il y a toujours une part de test. De part et d'autre.

— Et à ton avis, j'ai obtenu quelle note ?

— Largement la moyenne, lui décerna Adrien. Tu n'es pas de notre monde, mais tu possèdes les codes de base et suffisamment d'intuition pour ne pas faire d'impairs.

— Et pour l'examen spécial ?

— Tu t'en es plutôt bien sortie. Tu es restée calme, pas vindicative, mais tu as quand même bien balancé. Mon père n'aime pas qu'on lui résiste, mais il méprise les faibles. Tu lui as laissé la main sans t'écraser, c'était très bien. Mieux que moi.

— Tu veux dire que je t'ai fait perdre des points ?

— Rien de grave.

— Quand tu perds des points, ça baisse ma note, revendiqua Marinette.

— Mais pas du tout.

— Je croyais qu'on la jouait collectif !

— Dans ce cas, tu m'en as fait gagner au moins autant. Bien joué, ma Lady !

— À ton service, Chaton.

Les yeux d'Adrien s'illuminèrent.

— J'adore trop quand tu m'appelles Chaton, dit-il avec un sourire à la Chat Noir.

— J'aime bien t'appeler comme ça. Dis, je pense prendre un bain. Tu as besoin de la salle de bains ?

— Je me rase avant, si cela ne t'ennuie pas.

— Au contraire, répondit Marinette qui n'appréciait pas spécialement le menton de son petit ami quand il était trop rugueux.

Elle commença à faire couler l'eau pendant qu'il maniait son rasoir. Puis elle le contempla à l'œuvre. Elle aimait le regarder dans ses gestes familiers, ceux qu'on ne montre qu'à ceux qui partagent votre vie. Des milliers de fans collectionnaient des photos représentant son petit ami, rêvaient ou fantasmaient dessus, mais elle seule le voyait pendre le linge ou se raser vêtu uniquement d'un caleçon qui avait tendance à lui descendre sur les hanches.

Marinette croisa le regard de son amoureux dans la glace et ils échangèrent un message silencieux. Elle avait déjà expérimenté un langage corporel poussé avec Chat Noir : Attention ! J'y vais ! Je te le laisse. Tiens-toi prêt. Maintenant ! Elle découvrait maintenant une nouvelle partition avec Adrien : Je t'aime. Je suis là pour toi. Câlin ? Je te désire. Là, sans paroles, ils venaient d'échanger : Je suis heureux d'être dans la même pièce que toi.

Doucement, Marinette s'avança et, comme le jour où elle avait voulu se faire pardonner son recul instinctif, elle colla son corps et sa joue contre le dos de son amoureux. Elle savait qu'il avait souri en réponse et sentait ses muscles dorsaux bouger sous sa peau alors qu'il terminait son rasage. Quand il eut fini, il amorça un tour sur lui-même pour lui faire face. Alors qu'elle levait le visage vers lui, il proposa d'une voix malicieuse :

— Contrôle de peau lisse ?

Elle sourit en faisant courir ses lèvres sur les joues encore humides et maintenant glabres d'Adrien. Il en profita pour plonger sa figure dans le creux du cou de sa compagne et piquer des petits baisers sur la peau tendre de Marinette. Elle sourit sous la caresse (infiniment plus agréable après la séance de rasage) et fit courir ses mains dans ses cheveux.

Aussi loin qu'il m'en souvienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant