XVI - Se trouver d'autres buts

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La seconde semaine de janvier, Marinette fut engagée pour un stage de six mois. Elle remplaçait une personne qui avait dû abandonner son poste pour des raisons de santé. Elle allait assister une équipe de stylistes qui créaient des modèles pour une marque de vêtements pour enfants. La paye n'était pas mirobolante, mais ses tâches diverses et intéressantes. Son travail consistait à assister une équipe de stylistes dans l'élaboration des dossiers techniques, à faire le suivi des approbations couleurs, matières et accessoires et à garantir le respect du planning. Elle assurait dans ce cadre les relations de l'équipe avec un gestionnaire achats et un chef de marché. Très vite, son niveau d'anglais se révéla problématique. Elle avait eu un bon niveau pour une élève de troisième, mais avait perdu six ans d'enseignement. Heureusement, une grande partie des contacts étaient par écrit et on trouvait sur internet des outils de traduction suffisamment élaborés pour la tirer d'affaire. Au bout d'un moment, elle constata que, comme ses autres acquis, sa mémoire consentait à lui restituer ses anciens apprentissages, au fur et à mesure de sa pratique. Pour accélérer cette réappropriation, elle prit l'habitude de lire des articles sur la mode en anglais et s'abonna à une chaîne vidéo anglophone qui s'intéressait à son milieu professionnel.

En parallèle, Adrien et elle suivaient avec passion les articles du Ladyblog qui retraçait les combats auxquels se trouvaient confrontés leurs homologues coréens.

— Ils sont nettement plus âgés que nous l'étions quand nous avons endossé ce costume, remarqua rapidement Marinette à Adrien alors qu'ils visionnaient les premières vidéos des batailles menées.

— Tu dis ça parce qu'ils ont une carrure plus impressionnante que la nôtre ?

— Pas seulement. Ils ont une manière de gérer les combats qui est bien plus aboutie que celle que nous avions au début.

— Ils pratiquaient sans doute des arts martiaux avant d'être choisis.

— Y'a des chances, vu leur manière de se mouvoir, convint-elle. C'est beaucoup plus posé que nous. L'économie de leurs mouvements est impressionnante. Mais c'est plutôt leur stratégie qui me fait dire ça. À nos débuts, on mettait du temps à trouver l'akuma et mettre au point une manière de l'atteindre. Eux, ils n'ont pas d'akuma à purifier, mais un point faible à trouver, et ils s'en tirent drôlement bien. Tu as vu comment ils se coordonnent ?

— Je pense qu'ils se connaissent, tous les deux, estima Adrien.

— Peut-être, admit Marinette.

— Ils partent toujours ensemble, dans la même direction, une fois le combat terminé, lui fit-il remarquer. Nous, on se séparait pour ne pas risquer de se voir sans costume.

— Ah, oui, c'est vrai. Tu veux dire qu'une fois qu'on a su qui on était, on repartait ensemble ?

— Pas du tout. Déjà, on n'était pas toujours au même endroit quand il fallait y aller, et on revenait le plus vite possible là où on était supposés être. Et surtout, tu ne voulais pas que le Papillon sache qu'on connaissait nos identités. Donc on continuait à faire comme si on était toujours des étrangers l'un pour l'autre. Je peux te dire que je n'avais pas intérêt à me montrer trop entreprenant quand on était en costume. C'était le râteau assuré !

— J'étais si méchante que ça ?

— Oui, tu es cruelle avec les chats, affirma Adrien d'un ton piteux, mais l'œil pétillant.

— Tu es en train de te plaindre pour avoir un câlin ?

— Mais pas du tout ! Par contre, si tu y tiens, moi je ne suis jamais contre un petit bisou.

Aussi loin qu'il m'en souvienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant