Chapitre 2

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        Mardi 20 Novembre :

23h45 : Je viens juste de rentrer du cinéma et je vais tenter de réécrire cette soirée pour ne rien oublier.

        Je suis arrivée légèrement en avance devant le cinéma pour éviter qu’il ne m’attende trop longtemps. J’avais déjà remarqué qu’Anthony est souvent là avant moi alors cette fois je voulais arriver avant lui, ou au moins en même temps. Mais c’était raté parce qu’il était déjà là quand je suis arrivée devant le cinéma. Il m’attendait debout, vêtu d’un magnifique costume gris. Il avait une rose à la main et il m’a lancé un magnifique sourire quand il m’a vue arriver.

-        Tiens, c’est pour toi, m’a-t-il dit en me tendant la rose.
-        Oh ! Merci, il ne fallait pas, ai-je répondu.
Il m’a souri et c’est là qu’il a réellement posé son regard sur moi. Je voyais qu’il voulait parler mais il semblait hésiter.
-        Hum… Tu es vraiment belle, a-t-il fini par dire.
-        Merci.

Je pense que j’ai rougi parce qu’il a ri un peu. D’ailleurs, j’aime vraiment son rire.

-        Toi aussi tu es beau. J’aime beaucoup ton costume, ai-je ajouté.
-        Oh merci. Je suis content qu’il te plaise, j’ai mis plus d’une heure à me décider sur ma tenue.

Là, c’est moi qui ai ri. J’ai fait exactement pareil que lui, moi aussi il m’a fallu une heure pour me décider à mettre ma robe bleue marine.

-        On rentre ? a-t-il fini par demander après m’avoir observée pendant quelques secondes.

J’ai acquiescé et il s’est emparé de ma main pour m’entraîner à l’intérieur du cinéma. Là, il a payé nos places et nous avons rejoint la salle de projection. Il n’y avait pas grand monde, nous étions seuls sur notre rangée de fauteuils. Comme nous étions en avance, nous avons discuté un peu avant que le film ne démarre.

-        Tu m’as attendue longtemps ? ai-je demandé.
-        Non, quelques minutes seulement. Finalement, j’ai bien fait d’arriver en avance. Sinon c’est toi qui aurais attendu.
-        C’est toujours toi qui m’attends, ai-je soupiré.
-        Je préfère, a-t-il souri.
-        Pourquoi ? Tu aimes bien attendre ? Tu t’exerces à la patience ?
-        Exactement, c’est une passion chez moi, a-t-il ri.
-        Mais plus sérieusement, pourquoi tu préfères m’attendre ?
-        Jen… Une jolie fille comme toi qui attend seule sur un trottoir… C’est plutôt risqué, tu ne crois pas ?
-        Risqué ?
-        Oui… Je sais parfaitement de quoi certains hommes sont capables. Donc je préfère t’attendre, comme ça tu as moins de risques de te faire agresser.
-        Mmmh… Merci, ai-je souri. C’est pour ça que tu attends toujours avec moi que mon taxi arrive ?
-        Oui, entre autres.
-        Entre autres ? Il y a d’autres raisons ?
-        Hum… Peut-être…, a-t-il souri.
-        Tu ne veux pas me les dire ?
-        Quand tu les sauras, tu vas me prendre pour un fou, a-t-il ri.
-        Jamais, promis.
-        Mmmh… Déjà, si j’attends ton taxi avec toi c’est parce que j’avoue que j’aime beaucoup passer du temps à tes côtés, alors je profite de chaque seconde que tu m’offres. Et puis… Hum… J’aime bien voir la tête du chauffeur. Je n’aimerais pas que tu montes dans la voiture d’un gars qui me semble louche.
-        Et si un jour il te semble trop louche ? Tu comptes faire quoi ? ai-je ri.
-        Hum… Je n’y ai pas vraiment réfléchi, mais soit j’en appelle un autre, soit j’essaie de te convaincre de monter en voiture avec moi pour que je te ramène.
-        Tu sais que ce n’est pas le fait de monter en voiture avec toi qui me pose problème ?
-        Je sais. Enfin, je suppose surtout. J’ai cru comprendre que tu ne voulais pas que je sache où tu habites.
-        Tu es malin, ai-je souri.
-        D’ailleurs, je ne voudrais pas que tu me trouves insistant. Je sais que je te propose toujours de venir te chercher ou de te raccompagner. J’ai bien compris que tu refusais toujours, mais je ne propose pas pour que tu te sentes obligée de me donner ton adresse. Je comprends totalement que tu ne la donnes pas. Ça ne doit pas être facile tous les jours d’être célèbre et on ne se connait pas encore bien, c’est normal que tu n’aies pas confiance en moi au point de me révéler ton adresse, tu ne sais pas ce que je pourrais en faire. Enfin, je te rassure, si tu venais à me la donner je la garderais pour moi mais… Euh… Je m’enfonce là, pas vrai ?

À ce moment-là, j’ai vraiment ri. Je voyais qu’il essayait de s’expliquer mais qu’il était gêné. J’avoue que ça le rendait vraiment adorable. En me voyant rire il m’a pris la main et il a commencé à la caresser doucement avec son pouce avant de baisser un peu le regard pour se ressaisir.

-        Hum… Ce que je voulais dire c’est que j’imagine que tu ne me demanderas pas de venir te chercher ou de te ramener. Et si jamais un jour, pour une quelconque raison tu ne voulais pas prendre un taxi ou ta voiture, ou juste simplement que tu préférais que je vienne te chercher, au moins je te l’aurais proposé. Tu n’aurais qu’à accepter. Tu vois ? C’est au cas où…
-        J’avais compris, ne t’en fais pas, ai-je ri.

Et c’est là qu’il m’a fait le plus beau sourire que je n’ai jamais vu. Cela semblait être un mélange de soulagement, de tendresse et d’autre chose. Je ne saurais dire quoi mais il m’a littéralement fait craquer. Je lui ai donc déposé un baiser sur la joue avant que le film ne démarre. Il avait l’air plutôt content de mon geste puisqu’il m’a souri à nouveau. Mais c’est à ce moment-là que tout s’est compliqué pour moi. Je dirais qu’au bout des 10 premières minutes du film, j’étais déjà morte de trouille. Ce qui a particulièrement fait rire Anthony d’ailleurs. Je crois même que je l’ai frappé un peu pendant qu’il se moquait de moi. Mais l’atmosphère de ce film était bien trop angoissante pour que je n’ai pas peur. J’ai sursauté pas mal de fois et j’ai aussi fermé les yeux à plusieurs reprises. Seulement, au bout d’un moment, ça ne suffisait plus. Alors quand une scène que je qualifierais d’horrible est passée à l’écran, j’ai attrapé brusquement le bras d’Anthony et il a sursauté. Il s’est ensuite tourné vers moi en riant un peu et il a dû voir la peur dans mon regard parce qu’il a passé son bras derrière moi pour me rassurer. Je crois que ça n’a pas tellement fonctionné parce que l’angoisse n’est pas partie. Mais ne pouvant plus me cramponner à son bras puisqu’il l’avait passé derrière moi, j’ai fini par m’accrocher à lui. Il me semble que j’ai même mis ma tête dans son cou à un moment pour ne pas voir une scène. Et c’est là que je l’ai senti sourire. Il aurait pu me repousser, mais non ! Il a doucement passé sa main dans mes cheveux. Et il a été vraiment adorable pendant tout le reste du film. Quand cette horreur a été terminée, on a quitté le cinéma et j’ai appelé mon taxi. Comme d’habitude il a attendu avec moi et on a eu le temps de discuter un peu.

-        Je ne pense pas que ce soit la peine de te demander si tu as aimé le film ? a-t-il ri. Tu as passé tellement de temps les yeux fermés que je suis sûr que tu ne sais même pas de quoi il parlait.
-        Si… Je… C’était… Enfin tu vois…

Il s’est mis à rire et il m’a pris par les épaules pour marcher un peu jusqu’au parking.

-        Ton fils revient quand chez toi ? m’a-t-il demandé.
-        Dimanche.
-        Ah, vous ne faites plus une semaine sur deux ?
-        Si, pourquoi ?
-        Il n’est pas parti chez son père samedi ?
-        Si, mais c’est juste qu’il y avait ses cousins ce week-end chez son père. Alors, comme il ne les voit pas souvent, exceptionnellement je l’ai laissé y aller un jour plus tôt.
-        Ah d’accord. Je comprends mieux maintenant. Il doit te tarder de le revoir alors.
-        Oh oui ! Il me manque toujours quand il n’est pas avec moi.
-        J’imagine…
-        Mmmh… Mon taxi est arrivé, ai-je dit en désignant le véhicule qui venait de se garer devant nous.

Anthony s’est donc penché discrètement afin de voir la tête du chauffeur. J’ai souri en le voyant faire.

-        Ça va ? Il te plait celui-là ? Je peux monter avec lui ? ai-je ri.
-        Oui, il n’a pas l’air louche, a-t-il souri.

Il m’a ensuite prise dans ses bras pour me faire la bise.

-        Bonne nuit Jen. Rentre bien.
-        Bonne nuit à toi aussi. Et fais attention sur la route.
-        Je suis venu en métro. Tu m’envoies un message quand tu es rentrée ?
-        Toi aussi ?
-        Si tu veux, a-t-il souri.

Je lui ai ensuite déposé un baiser sur la joue avant de monter dans le taxi. Nous sommes arrivés quasiment en même temps chez nous et nous nous sommes donc envoyé les messages, comme convenu. Il m’a d’abord dit : « Je suis bien rentré, j’espère que tu ne vas pas tarder non plus. Merci pour cette soirée. Passe une bonne nuit. ». J’ai donc répondu : « Je viens d’arriver aussi. Merci à toi, c’était ton idée et en plus c’est toi qui as payé ! Bonne nuit à toi aussi. À bientôt. ».
 
0h40 : Je repense à cette soirée et, vraiment, j’aime beaucoup Anthony.

Paradis Secret - Fiction courte [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant