Chapitre 6

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Samedi 24 Novembre :

9h32 : Je suis levée depuis peu de temps et je suis actuellement en train d’écrire dans ce journal avec une tasse de café dans ma main gauche. Je sens que d’ici peu de temps, je vais faire une bêtise mais tant pis. Je viens pour résumer les échanges de messages que j’ai eu avec Anthony ce matin.

Lui : « Coucou Jen, ça va ? Pas trop fatiguée de ta journée d’hier ? ».
Moi : « Coucou Antho, ça va et toi ? Non, on a tourné longtemps mais il ne faut pas exagérer quand même ! »
Lui : « Ça va ! Bon tant mieux alors. J’ai eu une idée cette nuit, je voulais te la proposer mais ne te sens surtout pas obligée d’accepter, ok ? »
Moi : « Ok, vas-y explique. »
Lui : « Ce soir la salle d’escalade ferme à 21 heures. Et je voulais te proposer qu’on y aille après si ça te dit d’essayer de monter un peu ? Mais si ça ne t’intéresse pas, tu as le droit de me dire non, ne t’en fais pas. On peut faire autre chose. Ou pas d’ailleurs. C’est toi qui décides. »
Moi : « Ah oui, c’est une bonne idée, je crois que je n’ai jamais fait d’escalade. Mais tu es sûr que tu ne risques pas de te faire virer si tu emmènes des gens après la fermeture ? »
Lui : « Ok, super. Je passe te chercher en sortant du travail à 21 heures ? Et non, ne t’inquiète pas, mon patron est un ami, il nous laisse venir le soir, tant que tout est rangé le lendemain matin, ça ne lui pose pas de problème. »
Moi : « Non, tu ne vas pas faire l’aller-retour juste pour venir me chercher. Je vais prendre un taxi et je te rejoins à 21h à la salle d’escalade, c’est bon ? Et ok, on rangera tout alors. »

Il m’a répondu que l’heure lui convenait et donc, je le retrouve à 21h sur son lieu de travail.
 
1h11 : Je viens de rentrer. La soirée était vraiment super. Comme d’habitude je vais la rédiger.

        Je suis arrivée à 21 heures à la salle d’escalade. Anthony était occupé avec un couple alors je me suis mise sur le côté et je l’ai attendu. En me voyant il a souri et quand il a eu fini il est venu me rejoindre. Il m’a fait la bise et il m’a pris la main pour me parler un peu à l’écart.

-        Les derniers sont en train de partir. Dans quelques minutes, je suis tout à toi, a-t-il souri.
-        J’ai hâte alors.

Il a accompagné les derniers jusqu’à la porte et il a fini par tout fermer avant de revenir vers moi.
-        Tu viens poser ton manteau peut-être ? a-t-il ri.
-        Si on n’en a pas besoin pour monter, oui.
-        Non, non, il vaut mieux que tu l’enlèves. Mais si tu as froid je peux augmenter les radiateurs.
-        Merci, mais je n’ai pas froid, ai-je ri.

J’ai donc sorti mon manteau et Anthony est allé poser mes affaires près des siennes. Il a ensuite commencé à m’expliquer quelques trucs de sécurité mais là, j’avoue ne pas avoir été très attentive. Cet homme me perturbe. Je crois d’ailleurs qu’il l’a remarqué parce qu’à la fin de son monologue il a claqué des doigts devant mes yeux.

-        Jen ? Tu m’écoutes ? a-t-il demandé.
-        Oui, oui.
-        Tu es sûre de ça ?
-        Euh… Oui…
-        C’était un petit oui ça. Il y a un problème ?
-        Non, non, tout va bien, ai-je souri.
-        Sûre ? Si tu ne veux plus monter on peut faire autre chose. Les restaurants sont encore ouverts à cette heure-ci.
-        Non, non mais je veux monter ! ai-je dit avec enthousiasme.

Il a souri, probablement content que je m’intéresse à sa passion. Il m’a ensuite fait mettre des chaussures spéciales pour monter et il m’a tendu un baudrier.

-        Euh… Merci, ai-je dit. Mais comment on met ce truc ?

Il a ri un peu et il s’est approché pour m’aider. Il m’a fait passer les jambes dans les bons trous avec une telle douceur, je l’imagine plutôt bien faire pareil avec des enfants.

-        Tu veux que je te le serre aussi ou tu veux essayer ? m’a-t-il demandé.
-        Euh… Je préfère que tu le fasses, je n’ai pas envie de tomber, ai-je ri.
-        Ne t’en fais pas, j’aurais vérifié.

Il s’est donc une fois de plus approché de moi et il m’a serré le baudrier en souriant. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j’ai l’impression qu’il était content ce soir.

-        Ça va ? Tu sens qu’il te tient bien ? m’a-t-il demandé.
-        Oui, merci.
-        Ça ne te serre pas trop non plus ?
-        Non, ça va, c’est parfait.

Il a souri une nouvelle fois et il a attaché des cordes un peu partout. Là, j’avoue que je ne sais pas vraiment ce qu’il a fait. Il a essayé de m’expliquer mais il était si proche de moi que je ne suis pas arrivée à rester concentrée assez longtemps pour tout comprendre. Je sais juste qu’une fois qu’il en a eu terminé avec tous ses nœuds, il m’a dit que je pouvais y aller. J’ai donc commencé à monter contre la paroi. Je n’avais jamais fait ça et j’avoue que ça fait un peu peur. Anthony m’a beaucoup aidée, il me disait à quelles prises je devais m’accrocher, quel pied poser, etc. Mais arrivée à mi-hauteur du mur, j’ai commencé un peu à fatiguer. Je ne sais pas si c’était vraiment très haut et je ne crois pas avoir mis beaucoup de temps à y arriver, mais ça commençait à devenir trop sportif pour moi. Anthony a dû le sentir parce qu’il m’a demandé si je voulais faire une pause. J’ai donc voulu le regarder pour lui répondre et c’est là que j’ai vraiment constaté que j’étais beaucoup trop haute à mon goût.

-        Jen ? Ça va ? a demandé Anthony en ne me voyant pas répondre.
-        Je peux descendre s’il te plait ?
-        Bien sûr. Alors, tu lâches la paroi des mains, tu te penches un peu en arrière, comme pour t’asseoir dans le baudrier et tu vas poser tes pieds contre la paroi, ok ?
-        Quoi ? Non mais je ne peux pas lâcher la paroi Antho…
-        Mais si, a-t-il ri.
-        Mais si je la lâche je vais tomber.
-        Je t’assure Jen. Tu ne peux pas tomber. Tu me fais confiance ?
-        Oui mais…
-        Promis, regarde, je tiens la corde et toi tu es juste au bout, tu vois, c’est comme si je te tenais.
-        Mmmh…
-        On va faire étape par étape, ok ? Lâche une main et pose la sur la corde qui est attachée à toi.

Je l’ai écouté et j’ai décidé de lui faire confiance. J’ai donc lâché la paroi d’une main.

-        Super, a-t-il dit. Maintenant, tu vas lâcher la deuxième main en te penchant un peu en arrière. D’accord ? Tes pieds doivent être un peu écartés et toucher la paroi, sinon tu risques de te faire mal.

J’ai pris une longue inspiration et je me suis penchée au-dessus du vide. J’avoue que je n’étais vraiment pas rassurée mais Anthony m’a certifié que je ne risquais rien. J’ai donc tout fait comme il me l’a dit et il était fier de moi.

-        C’est bien Jen. Tu vois, tu ne peux pas tomber là. La corde te tient. Tu es prête ? On descend ?

J’ai acquiescé et il m’a fait descendre tout doucement jusqu’au sol. Une fois en bas, j’ai soupiré, soulagée de ne pas m’être écrasée par terre.

-        Tu peux être fière de toi. Tu es allée haut.
-        Un peu trop haut même, ai-je ri.
-        Je suis content que tu m’aies fait confiance.
-        Merci de ne pas m’avoir lâchée.
-        Mais jamais je ne t’aurais lâchée enfin !

J’ai haussé un peu les épaules et il m’a souri.

-        Tu as faim ? m’a-t-il demandé. J’ai préparé un repas pour ce soir. On peut aller le manger dans ma salle de pause si tu veux.

J’ai acquiescé et il a détaché la corde. Il m’a ensuite aidée à retirer mon baudrier et il a posé sa main dans le bas de mon dos afin de me guider jusqu’à sa salle de pause. Il n’avait pas fait les choses à moitié puisque la table était mise, une bouteille de vin trônait au centre et des bougies étaient dispersées un peu partout.

-        Hum… J’ai tenté de faire un bœuf bourguignon mais en version réchauffée je ne sais pas ce que ça donne.
-        Ce sera parfait, ai-je dit.

Il nous a donc servi, nous avons dîné dans la bonne humeur et il a insisté pour tout ranger seul.

-        Tu veux que je te ramène ? Tu as l’air fatiguée, a-t-il dit.

J’ai acquiescé et il m’a raccompagnée jusque devant ma porte. Il m’a ensuite déposé un baiser sur la joue avant de me laisser rentrer dans mon appartement.

Paradis Secret - Fiction courte [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant