Chapitre 5 : « Un homme surprenant... »

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Je n'avais jamais aussi bien dormi. Mon réveil fut difficile le lendemain car j'avais passé la nuit à me remémorer cette soirée.

Une fois au bureau, je fus distraite et rêveuse. Thierno ne cessait d'occuper mon esprit. J'étais de très bonne humeur. Tous mes collègues remarquèrent mon changement si brusque et me demandèrent ce qui m'arrivait mais je ne répondis guère.

J'étais dans mon bureau à m'occuper des salaires, lorsque ma collègue de l'accueil m'appela sur mon téléphone fixe pour me dire qu'un livreur me réclamait.

Je me rappelle lui avoir répondu :

Moi

Un livreur ? mais je n'ai rien commandé du tout !

Elle

Il a un bouquet de fleur pour vous.

Moi

Un quoi ? bon dites lui de monter svp. Je vais tirer tout ça au clair.

Elle

Bien madame !

A aucun moment donné, il ne m'était venue à l'esprit qu'elles pouvaient être de Thierno. Je me disais que c'était une erreur ou qu'elles étaient pour Mintou. Lorsque le livreur frappa à ma porte, je lui demandai immédiatement pour qui étaient ces roses rouges. Il me montra un bout de papier où il y avait marqué mon nom et mon prénom, mon numéro de téléphone ainsi que la banque comme adresse de livraison. Il n'avait pas l'air d'en savoir plus. Je le remerciai en attendant que l'expéditeur se manifeste.

Dr Ndoye

Qu'avez-vous ressenti en recevant ce bouquet de fleur ?

Moi

Un bonheur infini, une sensation unique. J'avais l'impression de renaître de mes cendres. Je me sentais importante. Ce genre de choses n'arrivait qu'à Mintou d'habitude. Même mes collègues me regardaient différemment.

Dr Ndoye

Que s'est-il passé ensuite ?

Moi

En plein meeting avec mon équipe, mon téléphone sonna. C'était Thierno...

Je sortis en panique du bureau pour décrocher :

Thierno

Alors, j'espère que tu as aimé les fleurs ?

Moi

C'était donc toi ?

Thierno

Oui, c'est ma manière de te remercier pour avoir accepté mon invitation.

Moi

Et tu me remercies avec des fleurs ?

Thierno

Oui, je suis très romantique.

Moi

Merci en tout cas. Je dois te laisser, sinon mes collègues risquent de ne pas percevoir leurs salaires rapidement.

Thierno

Ça marche, on se reprend plus tard dans ce cas. Bisous ma Absa.

Moi

Bisous.

« Ma Absa » avait-il dit. Ces mots ne faisaient que raisonner dans ma tête.

Tout cela était tout nouveau pour moi : les fleurs, le fait qu'un homme s'intéresse à moi, les mots doux...

Oh mon Dieu !

C'était trop beau pour être vrai.

Au bureau, mes collègues ne parlaient plus que de ça. Le fait que l'on m'avait envoyé des fleurs était même arrivé jusqu'aux oreilles de mon père. C'est fou ce que les gens parlent, et le plus souvent derrière notre dos.

Mon existence était jusque là fade, mais ma rencontre avec Thierno était en train de la rendre si agréable.

A la fin du boulot, papa m'interpella à son bureau :

Papa

Assieds-toi ma chérie. J'ai essayé de te joindre mais Maty m'a fait savoir que tu étais en réunion.

Moi

Oui en effet.

Papa

Parait-il que tu aurais reçu des fleurs ce matin. Viennent-elles de ce fameux Thierno ?

Moi

Euh oui papa. Pourquoi ?

Papa

Il n'a vraiment pas l'air de badiner, même si les livrer au bureau n'était pas une très bonne chose à mon avis.

Moi

Il croyait bien faire papa, tu ne peux pas le blâmer pour ça.

Papa

Si jamais tu comptes le revoir, j'aimerai bien le rencontrer ! tu n'es pas comme Mintou, tu es si innocente et je n'aimerai pas que quelqu'un en abuse.

Moi

Papa je ne suis plus une petite fille. Je sais ce que je fais !

Papa

Je n'en disconviens pas mais je veux quand même le rencontrer !

Moi

Parfait, tu le rencontreras ! je vais ranger mes affaires et rentrer.

Papa

Ok je suis encore là. J'ai des dossiers à traiter !

Je sortis du bureau de papa un peu énervée. Maman et lui me considéraient comme une femme trop naïve. Ils remettaient toujours en doute tous mes choix, toutes mes décisions comme si j'étais un bébé. J'occupais un poste à responsabilité quand même mais cela ne signifiait rien pour eux. Mintou avait beaucoup de prétendants à l'époque et pourtant mes parents ne lui ont jamais imposés de les leur présenter. Je me sentais frustrée et traquée.

Dr Ndoye

Vous définiriez-vous comme naïve comme le pense vos parents ?

Moi

Non pas du tout. En tout cas pas à ce moment-là !

Dr Ndoye

Je trouve que c'est plutôt une bonne chose que vos parents s'intéressent à votre vie privée, et puis c'est une manière de vous protéger étant donné qu'ils ont, en général, beaucoup de flair. Je pense que le vrai problème n'était pas le fait qu'ils veuillent le rencontrer alors qu'est ce qui vous tracassait vraiment ?

Je pris une forte inspiration avant de répondre. Cette femme savait lire en moi comme dans un livre ouvert.

Moi

J'avais peur qu'ils ne l'apprécient pas...

Mes parents sont très difficiles, surtout lorsqu'il s'agit du choix de l'homme qu'il faut à leurs filles !

Dr Ndoye

Tous les parents sont protecteurs, c'est tout à fait normal et cela prouve qu'ils tiennent à vous. Le fait que vous n'ayez jamais eu de petits amis avant Thierno y était surement pour beaucoup.

« La naïveté et l'ignorance font courir à l'être humain de grands dangers dans un monde matérialiste qui sait parfaitement les exploiter », Patrick Louis Richard.

-------------- FIN DU CHAPITRE ---------------

Un lourd fardeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant