Chapitre 14 : « Une fin des plus malheureuses... »

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Thierno et moi étions sur un petit nuage.

Lorsque ma belle-mère apprit ma grossesse, elle ne me lâcha plus. Elle me traina de marabout en marabout, pour soi-disant protéger le bébé.

Belle-maman m'appelait tous les jours pour connaitre mes moindres faits et gestes. Elle voulut même que je prenne mes congés de maternité avant l'heure. Je lui fis comprendre poliment que c'était impossible, même si je travaillais pour mon père, il était hors de question de bénéficier de favoritisme.

Je ne la blâme pas hein, elle pensait juste que je ferai la même chose que toutes ces personnes qui travaillent dans les entreprises familiales. Au lieu de donner le bon exemple, elles font un peu n'importe quoi. Elles viennent au bureau après tous les employés et rentrent avant eux. Ils ont de bons postes et ne font rien. Ils délèguent tout et se contentent de récolter les lauriers après en s'appropriant le travail d'autrui sans le moindre remord. Au lieu de contribuer à la croissance de l'entreprise, leurs mauvaises conduites la tirent vers le bas. C'est là que le père de famille prend conscience qu'il est temps de recruter les bonnes personnes avant de faire faillite.

Bref, je donnai naissance à un magnifique petit garçon, le 31 décembre 20XX. Je suis devenue si superstitieuse que je tairai son année de naissance. Thierno était heureux. Il n'avait de yeux que pour notre fils. J'avais parfois l'impression que je comptais pour du beurre.

Dès qu'il rentrait du travail, il se précipitait vers le berceau de bébé Mohamed pour le prendre dans ses bras. Il devenait triste lorsqu'il le trouvait en train de dormir.

Toutes nos discussions tournaient autour de notre fils. Thierno réfléchissait déjà aux activités qu'ils feraient ensemble. Tout tournait vraiment autour de Mohamed.

C'était un peu comme si Thierno et moi étions en compétition. Il se précipitait pour prendre Mohamed dans ses bras, pour lui changer ses couches, préparer ses biberons etc. La seule que je faisais et qu'il ne pouvait pas faire, c'était donner le sein. Je me sentais tellement seule. Ce que je faisais de mes journées ne l'intéressait plus, à moins que je parle de notre fils. J'étais obligée de raconter des anecdotes sur Mohamed pour pouvoir avoir toute son attention.

Je n'avais plus droit aux mots doux, aux câlins, aux petites attentions. Tout ça c'était fini. Mon fils m'avait volé ma place !

Lorsque j'allais passer la journée chez mes parents et ma belle-famille, c'était pareil. Une fois que j'arrivais, tout le monde voulait porter bébé et le faisait à tour de rôle. Pendant ce temps-là, j'étais aux oubliettes.

Dr Ndoye

Vous parlez de votre fils comme d'un rivale, ne trouvez-vous pas que c'est exagéré ?

Moi

C'est l'impression que j'avais car j'étais devenue invisible aux yeux de tous alors qu'avant sa naissance, tout le monde se préoccupait de moi...

Ce sevrage brutal était des plus douloureux !

Dr Ndoye

J'espère que vous ne le faisiez pas ressentir à votre bébé ?

Moi

Arrêtez de me diaboliser docteur. J'aime mon fils et il est toute ma vie.

Dr Ndoye

Il n'est pas question d'amour ici. Lorsqu'on aime une personne, on ne la considère pas comme une concurrente, comme dans votre cas. Avez-vous fait part de votre frustration à quelqu'un ?

Un lourd fardeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant