1. Dans le train

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Aller à l'université ne faisait pas vraiment parti de mes plans. Honnêtement, je pensais plutôt continuer à dessiner et ensuite ouvrir une galerie d'art ou quelque chose comme ça. Je pensais rester à Magnolia et continuer de travailler au salon de tatouage de mon cousin, mais non. Mes parents m'ont posé un ultimatum : ou j'allais à l'université, ou je travaillais avec mon père. franchement, l'option de passer ma journée derrière un bureau sans vrai contact avec le monde extérieur ne me tentais pas plus que ça. Donc me voilà dans le train, accompagné par mes meilleurs amis, direction la faculté de Crocus, la capitale. Le seul avantage, c'est que je peux me foutre de la gueule de Natsu, qui a le mal des transports, la tête sur les genoux de Lucy.

-Alors, qu'est-ce que tu comptes faire ? me demande Lucy, la main dans les cheveux de Natsu.

-Je ne sais pas, je lui réponds, je vais voir avec ma sœur, si j'arrive à lui téléphoner avant le début des cours.

-Tu es inscrit en quoi, pour l'instant ? En art, non ? Tu sais, je penses que tes parents ont eu raison, de te pousser à aller à la fac. Ça ne peut être que bénéfique pour toi, tu sais.

-Ouais, mais je n'aime pas qu'on me force à faire les choses. Mais bon, mes parents n'étaient pas tentés par mes projets d'avenir, visiblement. Et je ne peux pas foirer mon année, ou ils me couperont les vivres.

Elle se pince les lèvres, je vois bien qu'elle se retient de me dire ce qu'elle pense. Oui, elle doit avoir le même avis que mes parents, personne n'a vraiment été enthousiaste quand je leur ai fait part de mes projets d'avenir. A part ma sœur, personne n'a essayé de me soutenir...

-Sinon, continue Lucy, tu sais où est passée Erza ?

Je tourne la tête, je n'avais même pas remarqué qu'elle était partie. Dans un train, il n'y a pas non plus de quoi faire un jogging, où est-ce qu'elle est passée, encore ?

-Je vais voir, je la rassures. Je vais me dégourdir les jambes, comme ça.

-Merci !

Je lui souris et pars chercher notre amie. J'avance dans le train, mais je ne la vois pas, elle a dû se perdre, pour changer. J'arrive au dernier wagon, quand j'aperçois ses cheveux écarlates. Eh ben, elle a parcouru une sacrée trotte, elle a traversé tout le train. Je m'approche d'elle, je vois qu'elle est en pleine discussion avec plusieurs personnes.

-Erza ! C'est donc ici que tu te cachais ? Comment tu as fait pour arriver jusque-là ?

Elle lève la tête et sourit en m'apercevant :

-Gray ! Viens !

Je m'approche d'elle et de ces amis, mais je m'arrête en voyant avec qui elle discute. Mais elle ne voit pas ma gêne, elle sourit comme jamais.

-Tu te souviens de Jellal et Juvia, pas vrai ?

Oh oui, je m'en souviens. Très bien même, peut-être même un peu trop, en fait.

-Gray, me salut Jellal, ça fait longtemps !

-Ouais. Salut Jellal. Juvia.

-Bonjour.

Sa voix est basse, elle n'ose pas vraiment me regarder. Elle a bien changé, depuis le collège. Elle est devenue très belle, une jeune femme magnifique, c'est indéniable. Mais je n'arriverai jamais à la séparer de la fille qui me courrait après et qui mettait en place les plans les plus tordus pour essayer de m'atteindre. Bref, un cauchemar. Son frère et elle ont déménagés, quand on était au lycée, donc mon cauchemar a pris fin. J'ai enfin pu sortir avec d'autres filles et prendre du temps pour moi sans avoir à surveiller mes arrières en permanence. La voir ici ravive ces souvenirs et me fait un peu peur.

-Ils vont à la fac de Crocus, eux aussi, continue Erza, insensible à mon malaise. Jellal est en histoire avec moi, et Juvia est en art, comme toi ! Ce sera comme au collège, on sera ensemble !

Elle a l'ait très heureuse, mais cette idée m'effraie plus qu'autre chose. Je ne veux pas retrouver Juvia la sangsue à la fac, très peu pour moi.

-Je suis là aussi, moi !

Je me retourne, presque au ralenti. Non, je ne peux pas avoir à me coller Juvia ET ce type !

-Tiens, Lyon ! Je ne savais pas que tu étais aussi dans le train pour la fac !

Mon Dieu, j'ai envie d'arracher à Erza son air aussi joyeux ! Comment elle peut être aussi heureuse de voir mes pires cauchemars se raviver ?

-Oui, bien sûr, je suis avec ma petite-amie.

Il s'assoie et embrasse Juvia. Depuis quand ils sont ensembles, ces deux-là ? C'est le monde à l'envers ! L'avantage, c'est qu'elle ne me collera plus, comme ça ! Mais au fond de moi, et je ne sais pas pourquoi, cette idée m'énerve. Oui, il y a quelques secondes, je me plaignais qu'elle soit là et maintenant l'idée qu'elle puisse être avec un autre mec m'énerve. Qu'est-ce qui me prend de penser une telle chose, je devrais plutôt être ravi par cette nouvelle ! Cette fille ne m'a jamais fait d'effet, je ne vois pas pourquoi ce serait le cas aujourd'hui.

-Bon, je retourne avec Lucy er Natsu, j'annonce à Erza. N'oublie pas que tes affaires sont là-bas, j'ajoute, un brin moqueur.

Ouais, si Erza croise Jellal, elle n'est pas prête de le lâcher. Donc je sais bien que si elle n'a pas de vraie raison pour revenir avec nous, elle ne le fera pas.

Je lui fais un signe de la main et rebrousse chemin, jusqu'à ma place. Ils n'ont pas bougés, Natsu est toujours la tête sur les genoux de Lucy, sur le point de vomir. Irrécupérable.

-Alors, me demande Lucy, tu l'as trouvée ? Je lui ai envoyé un message mais elle n'a pas répondu.

Je m'assoie et lâche un gros soupir. Je ne suis même pas encore arrivé à l'université que je suis déjà épuisé.

-Ouais, t'inquiètes. En fait, elle n'est pas toute seule.

-C'est-à-dire ?

-Elle a croisé de vieux amis et elle est restée avec eux.

-De vieux amis ? Est-ce qu'on les connait ?

Je soupire à nouveau, j'aurais préféré le contraire.

-Ouais, on les connait. Tu te souviens de Jellal et Juvia ? Bah voilà, ce sont eux les vieux amis. Ah oui, sans oublier Lyon ! J'ai cru que j'allais m'évanouir.

-Tu m'étonnes, intervient Natsu, soudain rétabli, Juvia va encore être collée à toi.

-Je pense pas, non.

-Ne sois pas méchant avec elle, c'est une gentille fille, me prévient Lucy, mais ça me fait juste sourire.

-Non, elle ne me collera pas parce qu'elle sort avec Lyon, figures-toi.

Ils n'ajoutent rien, mais je sens bien qu'ils essaient de me dire quelque chose.

-Ouais, quoi ?

-Pourquoi il y a autant de colère dans ta voix, quand tu dis ça ?

Je fixe mon amie, ma voix me semblait tout à fait normale.

-Ne racontes pas n'importe quoi, Lucy.

Je coupe court à la conversation en tournant la tête, regardant le paysage. Non, je ne suis pas énervé, juste un peu... je ne comprends pas vraiment ce que je ressens...

She's MineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant