18. Prise de conscience

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Je suis toujours assis sur les marches de l'université, la tête dans les mains, et je réfléchis. Oui, c'est vrai que je me suis beaucoup remis en question, ces temps-ci, je me suis posé beaucoup de questions. Est-ce que les propos de cette fille ont un rapport avec ça ? Je me souviens que Juvia lui demandais d'arrêter de jouer comme ça avec elle, mais je n'avais pas compris, sur le moment. Mais je crois que je commence à comprendre.

Je décide de rentrer chez moi, j'espère que la pression sera un peu retombée, mais je suis assez réaliste, je sais que ça ne fonctionne pas forcément comme ça. Je passe la porte de l'appartement, il n'y a aucun bruit, je ne sais même pas s'il y a quelqu'un... Je pose mes affaires et me dirige vers la frigo, mon œil me fait mal, quand même.

-Gray ?

Je me retourne, et me retrouve face à Erza. Elle a l'air calme, j'espère qu'elle ne me frappera pas.

-Salut.

Je ne sais pas si je dois entamer la conversation, si je dois m'excuser, je suis un peu perdu.

-Tout le monde est allé en ville, il n'y a que toi et moi. Je ne vais pas te frapper, ne t'inquiètes pas. je pense que tu as compris la leçon, non ?

Je hoche la tête, j'ai l'impression que c'est une leçon de morale qui m'attends. Je crois que c'est pire que de se faire frapper.

-Hmm. Ouais, j'ai bien compris, j'ai merdé. Message passé, pas de soucis.

-Tant mieux. Tu te remets en question, c'est plutôt bien.

-Tu es la deuxième personne à me dire ça, aujourd'hui.

-Ah bon ? Mmh, je vois. Et qu'est-ce que tu as tiré de cette remise en question ?

Je la fixe, j'ai l'impression de me retrouver face à face avec ma mère. Ou pire, avec ma sœur.

-Ecoutes, c'est super sympa de t'inquiéter pour moi, Erza, mais je ne suis pas sûr de vouloir en parler maintenant, tu vois ? J'ai juste envie de me coucher et de ne pas sortir de mon lit pendant trois jours.

Je me lève et m'éloigne, avant de m'enfermer dans ma chambre. Erza est très gentille, mais j'ai appris trop de choses aujourd'hui pour avoir envie de parler encore.

Je rallume mon téléphone, et je suis surpris de voir que j'ai plusieurs appels en absence de Juvia. Cinq, pour être exact, et le dernier date d'il y a vingt minutes. Je ne devrais pas la rappeler, mais je ne peut pas l'empêcher d'appuyer sur le petit symbole. Ça sonne pendant quelques secondes, mais je tombe sur sa messagerie. Elle a dû m'appeler en étant un peu... ailleurs, je pense.

Je repose mon téléphone et soupire, je me sens vraiment mal, et ce n'est pas uniquement dû à mon œil, même si je sais qu'il va virer au violet d'ici peu. Je mettrai des lunettes de soleil, tant pis. Je me couche sur mon lit et continu à réfléchir. Ouais, j'ai merdé, et tout m'est retombé dessus, c'est ce que ma petite sœur appelle le karma. Ouais, foutu karma.

En même temps, c'était couru d'avance, je savais que les conséquences seraient terribles, mais j'avais déjà les pieds dedans, j'y étais jusqu'au cou, donc je ne savais que ça se terminerai mal. Franchement, quand je regarde bien, ce plan de vengeance était une connerie pure et simple. Ça ne m'a rien apporté, au fond, à part une certaine rancœur envers moi-même et un dégoût profond face à mon attitude, je ne me sens même pas satisfait d'avoir séparé Juvia et Lyon. Je ne suis même pas heureux.

Je l'étais, avec Juvia. Quand elle était avec moi, je me sentais bien, j'étais heureux, à ses côtés. J'oubliais que j'avais des problèmes avec elle, j'oubliais même aussi le plan, parfois. En fait, j'étais bien quand j'étais avec elle. Si j'avais su mettre mon égo de côté, si j'avais su écouter, j'aurais pu arrêter cette connerie et être heureux avec Juvia, parce qu'au fond, ils avaient tous raison : je l'aime bien, en fait. Je l'aime beaucoup, même.

Au fond, cette fille avait raison. Peut-être que tout ça, c'était pour me faire comprendre les sentiments que j'ai envers Juvia. Oui, ma conscience a bien agi, pour une fois, même si la façon dont elle s'y est prise est discutable. Oui, tout ça m'a au moins permis de prendre conscience d'une chose : malgré tout ce que j'ai pu dire, tout ce que j'ai essayé de faire paraître, l'idée que Juvia soit avec un autre que moi me fait mal. Parce que, au plus profond de moi, je le sais, je suis amoureux d'elle. Si je pouvais, je ne la laissera pas, mais les choses sont ce qu'elles sont, et Juvia ne veut plus de moi. Parce que j'ai été le pire des connards.

Je me relève et sors de ma chambre, une idée derrière la tête. Je retrouve Erza, assise dans le canapé, un livre à la main. Je pensais qu'elle serait partie, je n'est pas non plus était très cool avec elle, je l'ai envoyé paître, quand même. Mais Erza c'est Erza.

-Ça y est, tu es calmé ?

Je la fixe, elle est restée juste pour être sûre que j'allais bien ? C'est une vraie amie, et je suis surpris qu'elle ne se jette pas à mon cou, alors que je viens de briser le cœur de sa meilleure amie.

-Ouais, ça va mieux. Désolé pour tout à l'heure.

-Pas de soucis. Au fait, Juvia m'a envoyé un message. Elle m'a demandé comment tu allais. Je pense qu'elle voudrait te parler, seul à seul. Je lui ai dis que tu dormais, elle m'a dit qu'elle t'appellerait.

Je ne comprends plus. Pourquoi elle n'a pas répondu, alors ?

-Très bien. Tu sais où elle était ?

-En ville, avec les autres. Pourquoi ?

-Je...non rien. Je peux te pose une question ?

-Je t'en prie.

Je m'assois à côté d'elle et la regarde :

-Comment tu as su que tu étais amoureuse de Jellal ?

Elle écarquille les yeux, ma question doit la surprendre.

-Eh bien, euh, je ne sais pas trop quoi te dire. En fait, j'aime être avec lui, je me sens mal quand je le vois avec d'autres filles, et je suis bien quand je suis à ses côtés. Après, l'amour dépend de chacun, on a tous notre propre vision de l'amour, tu sais ? Pourquoi ?

-Je... je crois que je suis amoureux de Juvia.

Elle sourit et je me demande si lui dire était une bonne idée...

-C'est vrai ? Tu t'en es enfin rendu compte ? C'est pas trop tôt !

Je soupire, non, je n'aurais pas dû lui dire, mauvaise idée.

-Ouais, c'est vrai. Je vais tout faire pour qu'elle me pardonne. Je suis prêt à tout.

-Mais c'est génial ! Je suis contente pour toi ! J'espère que tu y arriveras, Juvia est une fille géniale, elle mérite quelqu'un qui la respecte et qui l'aime comme elle est. Ne fais pas deux fois la même connerie, Gray, ou tu auras affaire à moi.

J'avale ma salive et m'apprête à lui répondre, quand on toque à la porte.

-Gray ?

C'est la voix de Juvia. Ce n'est plus le moment de fuir, je vais tout faire pour qu'elle me pardonne et pour qu'elle soit avec moi.

She's MineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant