She's Mine

15. Dans mon esprit

Il est midi, et Lucy est toujours dans sa chambre, Natsu dans la sienne. Il va falloir du temps à ces deux-là, ça va prendre du temps, comme je l'ais dit. Je raccompagne Juvia chez elle et prends la direction de la gare. Je vais aller passer la journée chez moi, j'ai besoin de prendre un peu de distance, après tout ce qui s'est passé. Voir mon meilleur ami comme ça et lui donner tous ces conseils m'ont fait me remettre moi-même en question.

Une fois le train arrivé en gare de Magnolia, je descends et sors du bâtiment. Il fait chaud, moins qu'à Crocus, mais suffisamment pour me faire regretter d'avoir mis une veste. Je décide de me rendre chez moi à pied, ce n'est pas si loin. Je décide de passer par le parc, et j'en profite pour faire un détour et aller voir une personne en laquelle j'ai confiance. Je toque, je ne sais même pas s'il est là.

La porte s'ouvre et je me retrouve nez à nez avec mon cousin, qui à l'air de sortir du lit.

-Gray ? Qu'est-ce que tu fais là ? T'es pas censé être en cours ?

-On est dimanche. Je peux entrer ou je te dérange ?

-Ouais. Non. Vas-y, entre.

Je pénètre dans la maison et souris doucement. Il y a des cartons partout et c'est encore plus le bordel que dans ma chambre.

-Qu'est-ce qui t'amène, Gray ? Excuses-moi pour le bordel, j'ai reçu mes derniers cartons ce matin.

Je hoche la tête, mon cousin est militaire, mais il a quitté l'armée il y a quelques semaines, et a déménagé à Magnolia.

-Rien de particulier, j'allais chez mes parents et je me suis dit que je pourrais passer te voir, ça ne coûte rien. Tu as l'air de sortir du lit.

-Ouais, j'ai pas beaucoup dormi. Ta mère est passée me voir ce matin avec ta petite sœur. Elles avaient l'air en forme, en tous cas.

-Tant mieux, je vais aller les voir après.

Je détourne le regard, je ne sais pas trop quoi dire... j'ai l'impression que quelque chose ne va pas, mais je n'ose pas trop le contrarier. Déjà parce qu'il fait deux tête de plus que moi, mais aussi parce que son animal de compagnie m'écorcherait vif.

-En fait, je voulais te parler de quelque chose.

-Ah bon ? Eh bien, je t'écoutes.

Il s'assoit et l'horrible chose me fixe du regard en s'installant sur ses genoux. Je le fixe du regard, il faut se méfier de lui, malgré ses beaux yeux, c'est un monstre qui se cache. J'en ai fait les frais.

-Alors ?

-Je...j'ai rencontré une fille.

-Sérieux ? Waouh, tu as su mettre ta fierté de côté pour faire entrer une fille dans ta vie ?

Je soupire, j'ai une sacré réputation, dans ma famille.

-Ouais, je l'apprécie beaucoup. En fait, je sais pas si tu te souviens de Juvia...

-Juvia Lockster ? Tu sors avec Juvia Lockster ? Eh ben, les choses ont bien changées, visiblement ! Je croyais que tu ne la supportais pas.

-Ouais mais...

-Attend Gray. Je te connais. C'est quoi l'idée ?

Je soupire, il me connaît trop bien. Alors je lui explique. Je lui dis tout, même le plan. Elisa, Lyon, tout y passe. En fait, ça fait du bien de se confier à quelqu'un. Je finis mon récit et attends la réaction de mon cousin. Je sens bien qu'il me juge, mais il ne me le diras pas comme ça.

-Bon. C'est con, ce que tu fais. Très con, même. Mais tu es grand, tu sais te gérer tout seul. U vas le réaliser toi-même que ce que tu fais est dégueulasse pour Juvia et sans sens réel.

-Ouais, je le réalise déjà. mais je pense que c'est allé trop loin pour que je stoppe tout d'un coup. Je sais pas, en fait.

-Hm. Ce n'est pas moi qui te ferais la morale, Gray, mais je ne pense pas du tout que ce soit trop tard, pas si tu es honnête avec ceux qui sont concernés.

-Ouais, mais je me vois mal aller lui dire ça, tu comprends ? Elle m'en voudrait beaucoup trop et il n'y aurait plus aucune chance entre elle et moi.

-Il y en aura plus que si c'est elle qui l'apprend.

Je baisse la tête, je sais qu'il a raison, et que je dois prendre une décision. Mais je n'y arrive pas, pour l'instant en tout cas.

Je continu de parler avec lui pendant une heure, avant de partir pour aller voir ma famille. Je marche le long du lac, quand je marque un temps d'arrêt. Elle est là, et mon cœur se serre en la voyant.

-Elisa ?

Elle tourne la tête et un sourire illumine son visage : elle n'a pas changé, elle est comme dans mon souvenir, mais ses cheveux sont plus longs.

-Gray ? Ça alors, ça fait longtemps ! Comment tu vas ?

Elle a l'air d'avoir tout oublier, comme si elle ne m'avait pas fait souffrir, comme si elle ne m'avait pas brisé le cœur, comme si rien ne s'était passé.

-Je...euh...ouais, ça va. Et toi ?

-Mhh, ça va. Tu veux aller prendre un café ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette.

Je hoche la tête et nous nous dirigeons vers un des cafés de Magnolia. Je m'assoie en face d'elle, et la détaille du regard. Non, elle n'a pas changé du tout.

-Alors, quoi de neuf ? Tu vas à la fac de Crocus, non ?

Elle semble si... détachée.

-Ouais, c'est ça. Lyon aussi, y est.

Elle tique, elle voit où je veux en venir.

-Gray. Écoutes, je suis désolée pour ce qu'il s'est passé au collège. Vraiment. N'en veux pas à Lyon, tout est de ma faute.

Je suis abasourdi. Mais qu'est-ce qu'elle me raconte ?

-Pardon ?

-Je... c'était une période difficile pour moi, Gray. J'allais déménager, et je devais rompre avec toi. Mais je t'aimais tellement, je ne voulais pas voir ton visage quand je te l'annoncerai. Alors je me suis servie de Lyon. Ce qui s'est passé ce soir-là, tout est de ma faute, Gray. Je vous ai manipulé tous les deux, et je m'en suis voulu, si tu savais.

Je la regarde, je n'arrive pas à croire à ce qu'elle me raconte. Non, cela voudrait dire que j'en ai voulu à Lyon pour rien, que je me sers de Juvia pour rien, que je la fais souffrir pour rien ? Non, ce n'est pas possible. Je pose un billet sur la table et m'éloigne, direction la gare de Magnolia. Oui, je devais aller chez moi, mais je n'ai pas la force de me battre avec ma famille, pas après ça. Pas après ces révélations qui me font me remettre en question.